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Egypte : Des dizaines de milliers de manifestants à la Place Tahrir au Caire

9 février 2011, 00:00

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Egypte : Des dizaines de milliers de manifestants à la Place Tahrir au Caire

L''''opposition égyptienne a démontré une nouvelle fois le mardi 8 février, sa capacité à mobiliser les foules alors que le mouvement pour exiger le départ du président Hosni Moubarak entrait dans sa troisième semaine.

Des dizaines de milliers de manifestants continuaient en fin d''après-midi à affluer vers la place Tahrir du Caire, où campent depuis 15 jours un noyau d''irréductibles exigeant que le chef de l''Etat égyptien quitte le pouvoir sur-le-champ.
Parmi ce flot de protestataires ralliant la grande place du centre de la capitale, coeur d''une révolte populaire entamée le 25 janvier, figurent de nouveaux venus, comme l''ex-ministre du Transport Essam Charaf ou Afaf Naged, une administratrice à la retraite de la Banque nationale d''Egypte.

"Moubarak rencontre toujours les mêmes visages répugnants. Il n''arrive pas à croire que c''est terminé. C''est un homme très borné", confie cette septuagénaire. Amr Fatouh, un jeune chirurgien, lui aussi nouveau venu, assure: "Les gens ne croyaient pas à la chute du régime, mais c''est en train de changer."

Dans le même temps, Omar Souleimane, le chef des services de renseignement nommé vice-président par Moubarak aux premiers jours de la crise, a fait état, après un entretien avec le chef de l''Etat, d''un plan et d''un calendrier pour un transfert pacifique du pouvoir en Egypte.

"Nous sommes sur le bon chemin pour sortir de la crise actuelle", aurait confié Moubarak à Souleimane, qui a promis un tel transfert ainsi que des réformes politiques lors de ses consultations ces dernières 48 heures avec des personnalités indépendantes et des représentants de l''opposition, dont les Frères musulmans.

"Une feuille de route claire a été mise en place avec un calendrier pour un transfert pacifique et ordonné du pouvoir", a précisé Omar Souleimane, dont les propos ont été diffusés par la télévision nationale.

TEST POUR LA "DEMI-RÉVOLUTION" VENDREDI

Le premier vice-président en 30 ans de pouvoir sans partage de Moubarak a assuré que, selon celui-ci, les jeunes qui manifestent "méritent l''estime de la nation" et que le chef de l''Etat avait "donné des instructions pour qu''il ne soient pas poursuivis, harcelés ou privés de leur droit à s''exprimer librement".

Sur la place Tahrir, toutefois, les contestataires accusent les autorités de chercher simplement à gagner du temps et jurent de continuer le mouvement jusqu''à ce que leur "demi-révolution", déjà baptisée "Révolution du Nil", soit menée à son terme.

"Je n''ai pas beaucoup d''espoir dans le dialogue parce que nous avons perdu confiance dans ces gens. Durant 30 ans, ils ont fait des promesses qu''ils n''ont jamais tenues", confie Saïd Gharib, membre du parti d''opposition Ghad.

Jusque-là, le dialogue engagé par Omar Souleimane avec les opposants n''a conduit qu''à des promesses, celles d''étudier des réformes constitutionnelles, de libérer les détenus politiques, de cesser de museler la presse et de lever l''état d''urgence en vigueur depuis que Hosni Moubarak à succédé à Anouar Sadate, assassiné en 1981.

Ces mesures répondent au souhait réaffirmé lundi par le puissant allié américain de voir l''Egypte "entamer un processus qui conduira à une transition ordonnée avec ses étapes et ses mesures concrètes qui mènent à des élections libres et équitables".

Hosni Moubarak lui-même, qui est censé superviser le processus de sa propre succession, a salué ce qu''il a présenté comme un "consensus national", a déclaré Omar Souleimane après avoir rendu compte de ses consultations avec l''opposition et les experts d''un "comité de sages" qui lui ont soufflé un scénario de transition.

Au terme de deux semaines d''un soulèvement populaire qui a paralysé le pays et fait 300 morts ainsi que des milliers de blessés, selon l''Onu, de nombreux Egyptiens, y compris parmi les protestataires, aspirent au retour à une vie normale.

Au dehors de la place Tahrir, où l''armée peine à rétablir au moins un flux de circulation, les activités semblent reprendre. Les embouteillages traditionnels ont fait leur réapparition dans les rues de la mégalopole et des files d''attente se forment devant les agences bancaires, qui ont rouvert dimanche.

Le rassemblement de mardi, test de la capacité des opposants à maintenir la pression sur le régime, a réuni, selon une correspondante de Reuters plus de monde que celui de vendredi, qui avait semblé marquer une apogée du mouvement.

Celui de vendredi prochain, jour de la grande prière hebdomadaire, plus propice aux démonstrations de force sur une place qui peut accueillir 250.000 personnes, devrait constituer un test encore plus significatif.

(Source: Reuters )