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Dissolution automatique de l’Assemblée régionale de Rodrigues le 16 décembre prochain

5 décembre 2011, 00:00

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Dissolution automatique de l’Assemblée régionale de Rodrigues le 16 décembre prochain

L’Assemblée régionale de Rodrigues (ARR) sera automatiquement dissoute à partir du 16 décembre soit cinq ans après la première réunion de cette assemblée. Les acteurs de la société civile rejettent l’idée d’un éventuel renvoi des élections régionales.

La législation est claire : le mandat de l’actuelle assemblée régionale prend fin le 16 décembre prochain. Si l’ARR n’est pas dissoute avant, elle le sera automatiquement à partir de cette date, selon la section 3 (5) du Rodrigues Regional Assembly Act. A quinze jours de l’échéance, les intentions du gouvernement central ne sont toujours pas connues quant au respect de la démocratie.

Cette situation ne manque pas de faire monter la tension à Rodrigues, déjà secoué par une succession de crises politiques depuis les élections régionales de 2006, après celles de 2002 marquant le début de l’ère de l’autonomie. Cette situation d’incertitude est accentuée par les déclarations du ministre de Rodrigues, Nicolas Von Mally, sur le sujet.

En effet, le ministre a souvent laissé entendre que ces consultations populaires n’auront pas lieu avant que des amendements ne soient apportés au Rodrigues Regional Assembly Act. Il s’agit d’éliminer la représentation proportionnelle considérée par le leader du Mouvement Rodriguais comme un facteur de déstabilisation politique.

Cette situation suscite des nombreuses réactions tant au niveau de la classe politique que de la société civile à Rodrigues. Presque tous les interlocuteurs s’accordent à dire que le peuple rodriguais n’acceptera pas un renvoi des élections décidé à Port-Louis.

Alain Tolbize, animateur de la Plateforme Sov nou sosyeté, qui regroupe plusieurs associations citoyennes rodriguaises, soutient qu’un renvoi des consultations régionales constituerait un manque de respect envers le peuple rodriguais.

« Il n’est pas normal qu’un peuple autonome soit suspendu aux déclarations d’un gouvernement central pour savoir ce qu’il adviendra de la démocratie régionale. Cela frise la mentalité coloniale », s’insurge-t-il.

Le député de Rodrigues, Francisco François, ne souhaite pas, pour sa part, jouer la carte de la polémique. Il affirme que l’ARR est toujours dans la légalité jusqu’au 16 décembre. Toutefois, il souligne en forme de boutade les déclarations contradictoires des dirigeants politiques au pouvoir. Il rappelle que Nicolas Von-Mally a déclaré, il y a quelques semaines, qu’il n’y aura pas d’élections avant 2013 alors que le chef commissaire a conseillé, plus récemment, à ses partisans « d’aiguiser leurs crayons car le grand jour approche ».

« Le peuple rodriguais n’acceptera pas le renvoi des élections. Leurs réactions risquent de surprendre les Mauriciens. Et si le Mouvement Rodriguais de Nicolas Von Mally contribue à ce renvoi, ce sera considéré comme une trahison envers l’autonomie », soutient Alain Tolbize.

« C’est la population dans son ensemble qui attend ces élections. C’est sûr qu’il y aura une grande effervescence le jour de la dissolution. Mais ce sera inacceptable si les élections sont renvoyées. Il y aura des répercussions très graves », prévient, pour sa part, le député de l’OPR.

Arlette Perrine-Begué, membre indépendant de l’ARR, est, elle, plus modérée dans ses propos. Mais tout aussi attachée aux principes de la démocratie.

« L’engagement de cinq ans pris envers le peuple rodriguais arrive invariablement à échéance dans deux semaines. Toute autre considération dépasse l’assemblée régionale elle-même », lâche-t-elle.

Une seule solution s’offre au gouvernement central : l’organisation des élections, selon les provisions du Representation of the People Act avec la publication du writ of elections avant le 9 février 2012.

Tout renvoi des élections à Rodrigues devra se faire à travers une motion votée à la majorité simple par l’ARR avant le 16 décembre 2011 et approuvée par deux tiers des élus de l’Assemblée nationale.

Le député Francisco François a, lui, déjà fait le choix du non dans cette éventualité.