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Développement durable : Où en est La Réunion ?

23 juin 2012, 00:00

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En matière de développement durable, la Réunion, malgré une croissance dynamique, a encore des efforts à faire pour la préservation de l’environnement, le progrès économique et la justice sociale. C’est ce qui ressort d’un premier état des lieux réalisé par la DEAL et l’INSEE.


ENQUÊTE."La photographie de l’état du développement durable à la Réunion est contrastée. La croissance économique soutenue reste fragile. L’insularité et le contexte tropical nécessitent de trouver des solutions alternatives spécifiques"… : c’est une série de constats qu’ont dressée conjointement l’INSEE et la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) dans un numéro spécial. "On est les seuls à avoir fait ce travail", clame fièrement Hervé Legrand, chef de service INSEE. Le numéro intitulé "Les indicateurs du développement durable à la Réunion" a été rendu public hier, jour de la clôture de Rio+20. Il tire plusieurs enseignements qui sont les suivants :

La Réunion a un patrimoine naturel exceptionnel à valoriser et préserver. En effet, si notre biodiversité est reconnue et protégée, elle reste menacée. "22% des espèces indigènes de la faune et 30% des espèces indigènes de la flore sont menacées de disparition", annonce Maryline Cailleux, adjointe au chef du service connaissance é ?valuation développement durable de la DEAL. Elle précise aussi que "la stratégie de lutte contre les espèces envahissantes est la première cause de perte de biodiversité".

Même tendance sous l’eau… : les ressources naturelles marines s’appauvrissent, au regard des observations menées sur six sites. Le recouvrement corallien est en régression -jusqu’à 50%- sur la majorité d’entre elles. Un espoir cependant : sur deux sites, le recouvrement progresse…

Les contraintes et limites de l’espace, des défis à relever pour l’aménagement durable du territoire. "Avec 28 600 hectares déjà construits, le département atteint un taux d’artificialisation de 11,4 %, double de celui de la France". Le Schéma d’aménagement régional en vigueur depuis le 22 novembre 2011 fixe entre autre comme objectif de contenir cette tendance.
Le transport routier, et notamment les déplacements en voiture, s’amplifie. "Les déplacements domicile-travail s’effectuent à 77% en voiture individuelle". Outre les embouteillages quotidiens, la consommation de carburants pour les transports routiers augmente. Des déplacements en hausse et qui contribuent aux émissions de gaz à effet de serre par habitant à hauteur de 29%.

Une sensibilisation et une responsabilisation des consommateurs sont nécessaires. "Les prélèvements en eau par habitant, tout usage confondu, sont le double de ceux de métropole. Ils peuvent être réduits". Actuellement, la consommation est de 251 l/jour/hab à la Réunion. Autre urgence à traiter : la réduction des déchets à la source, pour faire face à la saturation des centres de stockage en 2014. "La consommation d’énergie augmente plus rapidement que la population (2,5 % par an sur la dernière décennie). Le développement des énergies renouvelables ne suffit pas à compenser cette croissance de la consommation", note la DEAL.

Un développement économique en marche et à consolider. La Réunion peut se réjouir de sa croissance économique dynamique. "Ainsi, entre 2000 et 2010, la croissance s’élève à ? 3,5 % par an en moyenne (en éliminant les effets dus à l’inflation), contre 1,3 % en France. Pour autant, l’économie locale reste fragile et en retard par rapport à la métropole : le PIB par habitant n’atteint que 60 % du PIB français". Malgré cette forte croissance de l’emploi (4 500 postes créés par an), la part des personnes qui travaillent (44 %) n’augmente quasiment pas depuis dix ans.

Les conditions de vie s’améliorent. "Santé, éducation, logement se rapprochent des normes européennes. Toutefois, ce rattrapage doit se poursuivre. Pour l’instant, la santé des Réunionnais reste plus fragile qu’en métropole : mortalité infantile plus élevée, risques accrus de décès avant 65 ans et personnes âgées plus dépendantes".

En matière d’éducation, le niveau de qualification augmente. Mais le chômage qui frappe plus d’un jeune sur deux alimente la pauvreté. A la Réunion, "le revenu minimum des 10% des personnes les plus riches est 5,2% fois plus important que le revenu maximum des 10% des personnes les plus pauvres. Ce rapport est de 3,3 en France métropolitaine". Ces indicateurs sont désormais un bon outil d’aide à la décision pour les dirigeants de notre île, "afin de construire des réponses appropriées aux problématiques réunionnaises de développement durable"


Juliane Ponin-Ballom – Le Journal de l’île de la Réunion