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Défense des animaux: Campagne et pétition contre Maurice, exportatrice de macaques

24 septembre 2010, 00:00

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Défense des animaux: Campagne et pétition contre Maurice, exportatrice de macaques

Maurice est à nouveau dans la ligne de mire des associations de défense des animaux, et plus particulièrement des militants contre la recherche sur les animaux, dont les singes.

La British Union for the Abolition of Vivisection (BUAV)  a démarré récemment une virulente campagne contre la capture et l’exportation des singes à partir de l’île Maurice. Elle invite ses membres et sympathisants à envoyer une pétition sous forme d’e-mail au Premier ministre, Navin Ramgoolam, pour dénoncer cette pratique et lui demander d’y mettre fin.

La BUAV publie sur son site une série de reportages et de vidéos réalisés à Maurice, dit-elle, qui démontre que les singes sont capturés, élevés et reproduits dans des conditions brutales avant de terminer leur vie cruellement dans des laboratoires de recherche médicale qui pratiquent la vivisection, entre autres.

Cette campagne, au nom choc de « Trading in Cruelty » (le commerce de la souffrance) a eu un  certain écho international et a même été repris notamment par l’agence de presse américaine, Associated Press sous le titre « Les singes maltraités par les trappeurs à Maurice ».

Les singes sont souvent blessés ou ont les membres (bras et jambes) fracturés au cours de leur capture. Se référant aux photos prises par la BUAV, Associated Press écrit que les trappeurs « balancent les singes par la queue avant de les enfermer dans de petites cages rouillées ».

AP déclare avoir tenté d’appeler un officiel du ministère de l’Agriculture qui lui aurait raccroché à la figure tandis qu’un autre a répondu que les fonctionnaires n’ont pas le droit de parler à la presse.

Lexpress.mu n’a pas eu plus de chance. L’officier responsable des services vétérinaires à Réduit qui est en charge du dossier n’était « pas là », le ministère de l’Agriculture n’a pas d’attaché de presse, et pas de « secrétaire permanent » non plus. Le « acting » secrétaire permanent était « en réunion ». Et pour lui parler, il faut au préalable lui envoyer une lettre, ou un fax.

Toujours est-il que la BUAV ou l’Associated Press ne se sont pas préoccupées des procédures du 9ème étage du Renganaden Seeneevassen Builiding pour lancer leur campagne mondiale contre Maurice et contre l’exportation de singes.

Les singes capturés sont emprisonnés à vie comme des « machines à reproduction » et en dernier lieu, ils sont exportés vers des laboratoires où ils meurent à la suite « de cruelles expériences », décrit la BUAV sur son site. Maurice est l’un des plus importants fournisseurs de singes sauvages attrapés ou de singes élevés en captivité au monde. Le pays est décrit comme le premier fournisseur en macaque de la Grande Bretagne, avance la société contre la vivisection.

Chaque année Maurice exporte environ 10 000 singes dont 7 000 environ aux Etats-Unis. Chaque singe rapporte entre $ 3 000 et $ 4 000 dollars (Rs 90 000 à Rs 120 000), selon certaines sources sur Internet.

Un opérateur voulant garder l’anonymat relativise ces informations. C’était peut être vrai il y a quelques années, mais tels n’est plus le cas. « Maurice n’exporte plus 10 000 singes par an. Avec la concurrence, il n’y a plus un tel marché. Quant au prix, il faut le revoir à la baisse de moitié environ, soit $ 1 200 à $ 1 500 dollars », dit-il.

Maurice a de tout temps défendu l’exportation de macaques en arguant que ce n’est pas une espèce endémique mais importée, probablement introduite par des marins de passage au cours des siècles précédents. C’est ce qui mettrait le pays à l’abri des conventions internationales sur le sujet.

Le singe dont on estime la population à 40 000 ou 60 000 environ est considéré comme une nuisance par les associations écologiques liées à la conservation de l’écologie endémique de Maurice.

Elles se plaignent que les singes mangent les œufs ou même les petits oiseaux endémiques comme le pigeon rose, la crécerelle ou « l’Echo Parakeet ». Les plantes indigènes aussi ne sont pas épargnées.

Même les planteurs de cannes ou de légumes se plaignent que les singes attaquent leurs récoltes, leur causant des pertes significatives, surtout dans les plantations en bordure de forêts. D’ailleurs, un appât de premier choix dans les pièges pour capturer des singes, ce sont des bouts de cannes à sucre.

Les opérateurs font, eux, ressortir que la recherche médicale sur les animaux concerne principalement les souris et les rats à 99,9%, et qu’un infime pourcentage nécessite des rats qui sont biologiquement le plus proche des hommes. Ils font ressortir que la recherche impliquant les singes concerne des maladies comme le Sida, la malaria, le chikungunya, la fièvre dengue, le cancer, le diabète ou le Parkinson. Sans les singes, les recherches ne seraient plus possibles.

Impassible, la BUAV rétorque que les recherches sur ces primates durent depuis des années et que ce sont précisément des maladies pour lesquelles il n’y a pas de remède efficace, à ce jour. Le débat est ouvert.

A Maurice, il y a plusieurs sociétés engagées dans la capture, l’élevage et l’exportation de singes. Parmi les plus importants figurent Bioculture, un des pionniers, Noveprim, rejoint récemment par Biodia, « Les Campêches », le Centre de Recherches Primatologiques, les Tamariniers.  Une nouvelle venue tente d’obtenir les permis nécessaires, il s’agit de Prima Cyno.

En 2006, le ministre de l’Agriculture d’alors, Arvin Boolell, estimait que ce business avait généré $ 20 millions (Rs 600) millions. En 2009, une seule compagnie, Biodia, avait réalisé un bénéfice de Rs 55 millions, selon les comptes publiés par SODIA, du groupe Médine.