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Découverte : Quand Rodrigues dévoile ses charmes…

6 septembre 2010, 00:00

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Découverte : Quand Rodrigues dévoile ses charmes…

D’origine volcanique, l’île Rodrigues se trouve à 560 km à l’est de Maurice. Au rythme de vie nonchalant, elle invite au repos mais aussi à l’exploration.

«ISI PA BIZIN PRESE…» Il est environ 9h30 en ce dimanche matin et cette mauricienne qui parle à son époux, récupérant leurs bagages à l’aéroport sir Gaëtan Duval de Plaine Corail, ne croit pas si bien dire. A Rodrigues, l’«île antistress», on ne se presse pas. Après tout, comme le soulignent les Rodriguais, «le matin, ça va doucement, l’après-midi, assez lentement et le soir, c’est le mort».

Ce rythme nonchalant, ils l’ont adopté au quotidien au restaurant, dans les boutiques et même sur la route… La limitation de vitesse ? 40 km/h, 50 tout au plus. Les routes sinueuses y sont certainement pour quelque chose. On a l’impression de se retrouver à Chamarel. Les estomacs sensibles sont prévenus… Gare aux 52 contours… Sur le «coaltar», les nombreux véhicules 4x4 témoignent du temps où les routes étaient dans un sale état. Certaines le sont toujours. Et là où il n’a pas été possible pour une raison ou une autre d’asphalter les routes, il existe les fameux «track roads», ces blocs de béton enfoncés dans le sol qui permettent aux véhicules de circuler plus ou moins facilement en terrain difficile.

Si une soixantaine d’autobus dessert la plupart des régions de l’île, ils sont encore nombreux les Rodriguais à se déplacer à pied surtout. Le Rodriguais est marcheur. Il n’y a pas forcément de trottoirs mais il y a toujours des gens qui marchent le long de la route, d’un bon pas. Sur la côte ou dans les hauteurs… Si marcher de Jantacq à Port Mathurin peut prendre une quarantaine de minutes aux «touristes », le Rodriguais vous dira que c’est parce que vous n’avez pas l’habitude de marcher, vous, le Mauricien.

Et pourtant, leur rapport à la distance est particulier. Pour eux, 30 minutes de trajet en voiture, c’est presque le bout du monde… Rodrigues a quelque chose de familier. Si certains paysages ressemblent fort au Sud de Maurice et les rues de Port Mathurin rappellent étrangement celles de Port- Louis, la comparaison s’arrête toutefois là. En effet, Rodrigues a quelque chose d’apaisant. Est-ce le rythme «trankil» ? Est-ce le fait de voir la mer où que vous soyez ou presque ?

Est-ce la gentillesse des Rodriguais ? Est-ce dans le confort que procure un bon bouillon de poisson et patate douce ? Nul ne le sait. Mais une chose est certaine, Rodrigues apaise. Si bien que des gens venus pour un an y sont encore cinq ans plus tard. Rodrigues, c’est un tout autre mode de vie, un lieu où la part belle est faite à la débrouille.

A Rodrigues, ne vous étonnez pas de voir un député se déplacer à moto ou le chef commissaire venir chercher les journaux en short le dimanche matin avec de l’herbe dans le caisson de son 4x4 pour ses animaux… Des dizaines et des dizaines de villages sont disséminés à travers l’île. Chacun compte une centaine de familles. Certains plus, certains moins. Dans chaque cour ou presque, un cochon ou deux, des cabris et un petit lopin de terre bien entretenu où poussent quelques légumes qui rempliront le ventre des familles. Lorsque l’on dit qu’à Rodrigues, tout le monde connaît tout le monde, l’on exagère à peine. Il suffi t d’un enterrement pour s’en rendre compte. Un cortège impressionnant de voitures et de motocyclettes, voire d’autobus accompagne le mort jusqu’à sa dernière demeure. Les cimetières, tout comme les cours des Rodriguais, sont très bien entretenus. Toujours fleuris…

Passé 16 heures, il n’y a plus âme qui vive dans Port Mathurin. Toutefois, le samedi matin, dès 6 heures, la capitale s’anime. C’est jour de marché. Lieu de toutes les rencontres entre les autochtones, lieu des bonnes affaires pour les touristes. Là où l’on remplit son panier de raphia de piments, d’ourites, de haricots rouges et de limons… Là aussi où l’on rencontre ces Rodriguais qui innovent proposent des tourtes au chocolat au lieu de la traditionnelle papaye ou encore du fromage, à l’instar de Patrick et Medgée Nanette.

Si Rodrigues est toujours aussi authentique que son traditionnel «Scotis» (danse), petit à petit, elle amorce un certain changement. Si les anciens se donnent encore rendez- vous «en ba pie mason» sur les quais pour une partie de cartes, les jeunes Rodriguais, eux, y sont assis, leur ordinateur portable sur les genoux…

Valérie OLLA


La réserve de tortues géantes François Leguat

Pas loin d’Anse Quitor, c’est l’île Rodrigues d’antan que vous pourrez découvrir. Dans cette réserve naturelle de 19 hectares, vous pourrez apprécier la faune et la flore endémiques de Rodrigues qui avaient pratiquement disparu. Cette réserve tend à recréer l’île idyllique et luxuriante que François Leguat colonisa au XVIIème siècle. Jusqu’à présent, ce ne sont pas moins de 110 000 arbustes et arbres qui ont été plantés. Et comme autrefois, l’île était l’abri de quelque 300 000 tortues et qu’elles ont presque toutes été tuées pour être mangées ou pour en faire de l’huile, des tortues ont également été réintroduites dans l’île. L’Aldabra des Seychelles et la Radiata, tortue bombée de Madagascar, sont venues remplacer la tortue géante de Rodrigues. Vous pourrez déambuler au milieu des 1 157 tortues réintroduites. Vous pourrez également visiter la Grande Caverne, la plus grande des 11 cavernes que compte la réserve. Longue de 500m, ses imposantes stalactites et stalagmites sont illuminées.

Dans le tréfonds de Caverne Patate

L’on considère sa visite comme un must ! La Caverne Patate, la plus longue caverne de l’île, fait 1 057m de long. On marche généralement 600m à l’intérieur et 600m à l’extérieur. Claustrophobes s’abstenir. S’il y a également une direction vers la mer, elle est plus difficile d’accès. Les guides la décrivent comme la direction vers le paradis. L’enfer est plus facile d’accès, disent-ils. A l’intérieur de la caverne, vous pourrez admirer les stalactites et les stalagmites. Les guides donnent un moyen mnémotechnique très simple pour se souvenir de quelles sont celles qui «tombent» et quelles sont celles qui montent : «Le T de stalactites pour ‘tomber’ et le M de stalagmites pour ‘monter’». Une fois dans la caverne, place à l’imagination vous y verrez, entre autres, la salle de bal ou la grande muraille de Chine.

Une virée à l’île aux Cocos

15 hectares 200m de large, 1.5 km de long. Décrétée réserve naturelle en 1986 et gérée par Discovery Rodrigues, l’île aux Cocos est le refuge de pas moins de 45 000 oiseaux. Ceux-ci ne sont pas farouches du tout. Vous pouvez vous en approcher de très près sans qu’ils ne bougent. Comptez plus ou moins une heure de bateau de Baie du Nord pour rallier l’île aux Cocos, dépendant de la marée. Il faut demander un permis auprès de Discovery. Il coûte Rs 100 plus la TVA pour les adultes et Rs 50 plus la TVA pour les enfants. Avec un batelier, comptez Rs 1 000 environ pour le permis, la traversée, la visite guidée et le déjeuner sur l’île.

Trou d’Argent, Anse Bouteille et autres…

Prenez l’autobus de Port Mathurin jusqu’à Graviers. A Graviers, prenez une profonde inspiration et lancez-vous dans une marche de plus de deux heures qui vous mènera jusqu’à Saint François. Vous découvrirez la côte nord-est de l’île qui est à couper le souffle. Anse Bouteille, Anse Rémi, Trou d’Argent n’auront plus de secret pour vous. Dans le temps, les anciens racontaient comment un trésor avait été caché à Trou d’Argent. Ceux qui rêvaient du trésor s’y rendaient dans l’espoir de le trouver. Selon la légende, une grosse chaîne est accrochée au trésor qui est enfoui dans la mer. Mais ce n’est qu’une légende. A défaut d’un trésor, vous découvrirez un lieu magique…

Valrie OLLA