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Coupe du monde de rugby : il faudrait un miracle aux Bleus...

21 octobre 2011, 00:00

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Coupe du monde de rugby : il faudrait un miracle aux Bleus...

Le XV de France s''''apprête à rencontrer les All Blacks, la meilleure équipe du monde. Reste la glorieuse incertitude du sport...


Le temps change sur Auckland. Avant la finale de la Coupe du monde 2011, il vire au bleu. Un bleu encore pâle, certes, mais qui ne trompe pas. Jeudi matin, Dan Carter a rencontré la presse, dans un hôtel proche de l''Eden Park. L''ouvreur néo-zélandais, certifié plus beau phénomène du rugby mondial, mais écarté du tournoi par une blessure aux ischios-jambiers, a parlé de l''équipe de France. En bien. Avec respect et méfiance. "Morgan Parra est un super joueur. Malgré son gabarit, il s''en sort très bien en défense", a attaqué Dan Carter. Avant de poursuivre : "La première ligne française (Poux, Servat, Mas) est de classe mondiale. Ces trois joueurs sont à la fois forts en mêlée et très bons balle en mains." Pour finalement conclure : "Il doit y avoir quelque chose de particulier dans la mentalité française. Cette capacité à se mobiliser pour un évènement, au jour J."

Ali Williams, le deuxième ligne des All Blacks, un trentenaire qui semble avoir été taillé dans le rocher d''une falaise (2,01 m, 112 kilos), se montre encore moins nuancé. Après avoir avoué, dans un éclat de rire à faire trembler les fondations de l''Eden Park, ne "pas avoir eu à payer un seul petit déjeuner au café du coin" depuis le début du Mondial, preuve de l''engouement du pays pour la compétition, il annonce : "Notre performance de la semaine dernière ne suffira pas. Je me moque de la façon dont les Français ont joué ces dernières semaines, ce sera une tout autre équipe en finale. Ils seront possédés. Si on ne s''améliore pas, on repartira les mains vides."

"Les All Blacks ont un temps d''avance"

Au même moment, mais dans un autre cadre, les joueurs australiens étaient invités, aux aussi, par les médias à avancer un pronostic sur la finale de dimanche. Pour avoir été spectateurs de la demi-finale France-Galles, le week-end dernier, puis acteurs de second rôle de leur rencontre perdue sans nuance face aux All Blacks (20-6), il aurait été logique de les entendre miser leurs primes sur un triomphe des All Blacks. Mais James Horwill, le capitaine des Wallabies, prévient : "Si les Français font une bonne entame et qu''ils ont le vent en poupe, ils auront la possibilité de créer quelque chose à partir de rien." David Pocock, le troisième ligne, confirme : "S''il y a bien une équipe qui peut battre les All Blacks, c''est la France. Elle peut réaliser des performances exceptionnelles quand il le faut."

Il n''empêche, tout désigne la Nouvelle-Zélande. Son parcours (six matchs, six victoires), ses statistiques (39 essais marqués, 7 encaissés), sa confiance, son public... Et, plus encore, son jeu. Pierre Villepreux, l''ancien sélectionneur du XV de France, en parle avec des trémolos dans la voix : "Ils mobilisent joueurs et entraîneurs autour d''un rugby novateur et créatif, toujours en mouvement. Ils jouent vite, ils créent du jeu, ils savent profiter des brèches pour engager leur soutien. Une fois lancé, leur mouvement devient très difficile à arrêter." À la veille du début de la Coupe du monde, Pierre Villepreux avançait : "Je ne vois pas comment les All Blacks pourraient être battus." Aujourd''hui, il insiste : "Cette équipe a un temps d''avance. Leur rugby préfigure l''évolution du jeu au cours de ces prochaines années."

"On est venus ici pour être champions du monde"

Il faudrait un miracle aux Bleus pour ramener au pays un trophée dont ils se sont approchés deux fois, en 1987 et 1999, mais sans jamais poser leurs mains sur son métal. Les bookmakers ne s''y trompent pas. Sur le site de paris en ligne bwin, la Nouvelle-Zélande est donnée gagnante à 1,14 contre 1. La France, elle, hérite d''une cote moins flatteuse : 5 contre 1. Ses joueurs croient pourtant à l''impossible. Vincent Clerc, l''ailier français, martèle : "On a toujours dit qu''on était venus ici pour être champions du monde. On a la possibilité de réussir. Aujourd''hui, je ne me sens pas du tout dans la peau d''un futur perdant."

Pierre Villepreux a beau fouiller avec des manières d''archéologue entre les touffes du gazon de l''Eden Park, il ne trouve pas une seule raison d''imaginer les All Blacks mordre la poussière. Mais lui aussi veut croire au miracle. "En restant très concentrés en défense, dès le début de la partie, les Français peuvent gêner leurs adversaires, explique-t-il. Mais ils devront être patients. Et, surtout, éviter de renvoyer le ballon, comme ils l''ont fait face aux Gallois. Contre les All Blacks, il est préférable d''avoir la possession de la balle." Puis le technicien toulousain résume en fermant d''un geste énergique son vieux livre d''histoire : "Les Français ont toujours réussi, en Coupe du monde, un match référence. Cette année, ils n''y sont pas encore parvenus. Espérons qu''ils le fassent en finale."


Alain MERCIER - LePoint.fr