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Condamné, Silvio Berlusconi perd son siège de sénateur

28 novembre 2013, 06:10

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Condamné, Silvio Berlusconi perd son siège de sénateur

 

Le Sénat italien a décidé mercredi l'éviction de Silvio Berlusconi de son siège au palais Madame, à la suite de sa condamnation en août pour fraude fiscale dans l'affaire de son empire médiatique Mediaset.
 
Cette décision était attendue, les élus du Parti démocrate (PD) d'Enrico Letta et ceux du Mouvement 5 Etoiles (M5S) de Beppe Grillo ayant fait savoir qu'ils se prononceraient pour la déchéance du "Cavaliere", qui est au coeur de la vie politique italienne depuis près de vingt ans.
 
Les élus de la Chambre haute ont rejeté neuf textes déposés par les partisans de Berlusconi pour tenter d'empêcher sa déchéance et le président du Sénat a en conséquence annoncé que l'ancien président du Conseil ne pouvait plus occuper son siège.
 
A 77 ans, l'ex-chef du gouvernement n'a rien perdu de sa combativité et, dénonçant un "coup d'Etat" dont il serait victime, a promis de mobiliser tous ses moyens contre le gouvernement de "large entente" réunissant le PD et des dissidents du courant berlusconien, qui ont fondé le Nouveau Centre Droit (NCD) sous la direction du ministre de l'Intérieur, Angelino Alfano.
 
Alors que les sénateurs votaient sur son exclusion, Silvio Berlusconi s'est adressé à plusieurs milliers de ses partisans rassemblés devant sa résidence romaine du palais Grazioli.
 
"C'est un triste jour, un jour de deuil pour la démocratie italienne", a-t-il lancé, accusant les magistrats qui l'ont condamné de vouloir l'éliminer politiquement pour instaurer le "socialisme" dans le pays.
 
Il a promis de continuer le combat politique même sans mandat parlementaire, comme le fait Beppe Grillo. "Je ne vais pas me retirer dans un couvent!", a-t-il dit.
 
Cette manifestation devant le palais Grazioli, non loin du Sénat, "n'est que le début" d'un grand mouvement de "défense de la démocratie", avait auparavant prévenu celui qui se dit victime de "juges rouges" et d'un complot politique.
 
PAS DE MANDAT PUBLIC PENDANT DEUX ANS
 
Sur les ruines du Peuple de la liberté (PDL), Silvio Berlusconi a officiellement relancé ce mois-ci son parti Forza Italia, qu'il avait créé en 1994 en entrant en politique.
 
Mardi, Forza Italia a refusé de voter la confiance au gouvernement sur le projet de budget pour 2014 mais l'équipe d'Enrico Letta l'a tout de même emporté au Sénat par 171 voix contre 135, grâce aux élus du NCD.
 
Après avoir obtenu la confiance, Enrio Letta a affirmé que son gouvernement avait gagné "en force et en cohésion" grâce à la clarification apportée par l'entrée de Forza Italia dans l'opposition ouverte.
 
Le parti de Berlusconi a accusé mercredi les autorités de tout faire pour empêcher ses partisans de venir manifester leur soutien au "Cavaliere" devant son palais romain. Des cars auraient été bloqués par les forces de l'ordre à l'entrée de la ville et des banderoles confisquées.
 
"Berlusconi est victime de manoeuvres injustes et anti-démocratiques", a déclaré Annagrazia Calabria, députée de Forza Italia. "Personne ne peut nier le soutien de millions et de millions d'Italiens, de tous ses partisans qui croient encore en lui et sont restés à ses côtés."
 
Dimanche, le président de la République, Giorgio Napolitano, a déclaré qu'il ne pouvait gracier Silvio Berlusconi et l'a exhorté à maintenir ses protestations dans les limites de la loi.
 
Dans un communiqué, le Quirinal a précisé que l'ancien chef du gouvernement s'est conduit d'une telle manière que le président ne peut pas lui accorder sa grâce, d'autant que le chef de file du centre droit a exprimé en plusieurs occasions "des jugements et des intentions d'une extrême gravité".
 
Dans ce contexte, le président Napolitano a demandé à Silvio Berlusconi "de ne pas mener de contestation au-delà des limites qu'impose le respect des institutions et de la loi".
 
Le chef du centre droit a été condamné à quatre années de prison dans l'affaire Mediaset. En raison de son âge, cette peine a été ramenée à un an et l'homme d'affaires a choisi de la purger sous la forme de travaux d'intérêt général. Cette condamnation est assortie d'une interdiction d'exercer tout mandat public pendant deux ans.