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Commission Justice et Vérité : L’Evêque de Port-Louis se dit prêt à demander pardon

8 décembre 2011, 12:00

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Commission Justice et Vérité : L’Evêque de Port-Louis se dit prêt à demander pardon

L’évêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat, se dit disposé à participer à la démarche nationale de demande de pardon après les injustices subies par les esclaves et les travailleurs engagés, comme le conseille la Commission Justice et Vérité.

Entre 1722 et 1835, et même après, l’Eglise catholique  n’a pas protesté contre le Code Noir qui faisait partie de la législation en vigueur à Maurice à l’époque.  Ce Code Noir considérait les esclaves comme des meubles, et les obligeait à adopter la religion d’Etat, le catholicisme. Sans oublier qu’à cette époque, des membres de l’Eglise étaient propriétaires d’esclaves. 

Ce sont les erreurs que reconnaît l’Eglise dans un communiqué émis ce jeudi 8 décembre par l’Evêché, à la suite du rapport soumis par la Commission Justice et Vérité. L’Evêque de Port-Louis, Mgr Maurice Piat, se dit ainsi disposé à présenter des excuses officielles, comme le recommande la Commission, de la part de la République de Maurice et d’autres institutions, comme l’Eglise catholique, « à la lumière des injustices subies par les esclaves et les  travailleurs engagés ».

 Maurice Piat salue le travail de la Commission Justice et Vérité, notamment  pour son évaluation des  conséquences de l’esclavage et de l’engagisme durant la période coloniale à ce jour, déclarant qu’elle « ouvre un nouveau chapitre de notre histoire, sur fond de réconciliation nationale ».

 L’Evêque de Port-Louis avance que c’est dans la tradition de l’Eglise de reconnaître les erreurs qu’elle a pu faire dans l’histoire, de demander pardon et de chercher un chemin de réparation. Il reprend également une déclaration de feu Cardinal Jean Margéot, lors du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en 1985 : « zordi kot nou pe fet labolision lesclavaz, legliz rekonet avek imilite ki sertin so bann mam, dan listwar, pa finn reazir kouma bizin pou kass lasenn bann dimoun ki ti ape gagn kraze ».  En outre, Maurice Piat revient sur sa participation à une demande de pardon  par rapport à l’esclavage à l’île de Gorée en octobre 2003.

L’Evêque de Port-Louis  a également souligné  qu’à la suite de l’abolition de l’esclavage, le Père Laval a ouvert les portes de l’Eglise aux Créoles descendants d’esclaves.  Le Cardinal Jean Margéot a alors suivi les pas du Père Laval en introduisant un travail de réparation envers les Créoles descendants d’esclaves , cela à travers des institutions telles Caritas, les écoles et les paroisses. De plus,  les travaux de recherches et diverses initiatives sur l’identité créole, l’inculturation, la traduction de la Bible en créole, la liturgie en créole, la lutte contre l’exclusion et la pauvreté entrepris par les descendants d’esclaves eux-mêmes.

« Un chemin de libération et d’espérance s’est ouvert, mais la route de la réparation est encore longue », a soutenu Maurice Piat.