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Centre de formation de la Chambre de commerce : la petite erreur et la grosse colère

21 octobre 2012, 00:00

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Centre de formation de la Chambre de commerce : la petite erreur et la grosse colère

Un malencontreux échange de copies d’examen a remonté quelques étudiants contre la direction du Centre d’études supérieures de la Chambre de commerce.

« Nous n’avons plus aucune confiance en l’administration. » Cette phrase résume le ressentiment que nourrissent quelques étudiants du Centre d’études supérieures (CES) de la Chambre de commerce et d’Industrie de Maurice (CCIM), à l’égard de la direction de l’établissement. Ils s’estiment victimes d’un « manque de professionnalisme » qui les pénalise au niveau de leurs études. « Aujourd’hui, beaucoup de mes amis et moi-même sommes très méfiants vis-à-vis des résultats de nos examens, poursuit l’un d’eux. Nous avons des raisons de croire que certaines notes ne reflètent pas la valeur réelle des étudiants. »

Le feu aux poudres a été allumé en juin dernier, lorsqu’un étudiant a eu la surprise de recevoir une très mauvaise note à l’un de ses examens. « J’étais pourtant certain de l’avoir réussi », confie-t-il. Il a donc demandé à consulter sa copie. « Le directeur s’est montré réticent, préférant attendre le résultat des épreuves de rattrapage avant de transmettre cette requête à l’Université de Poitiers, relate-t-il. Après trois semaines, j’ai finalement décidé de contacter moi-même cette université. J’ai pu consulter ma copie et je me suis rendu compte que ce n’était pas mon écriture… »

L’Institut d’administration des entreprises (IAE) de l’Université de Poitiers, en France, a signé une convention avec le CES, afin d’offrir une formation à distance aux étudiants mauriciens. C’est donc cette institution qui envoie les sujets d’examen et corrige ensuite les copies, comme l’explique Jacques Boucher, responsable de la licence de gestion en formation à distance à l’Université de Poitiers : « En premier lieu, les sujets sont envoyés par courrier express (Chronopost) à un seul destinataire, le directeur du CES, Asraf Joonum. Les étudiants composent sur des copies de l''''IAE qu''ils ‘‘anonyment’’ personnellement.

La surveillance des épreuves est assurée par le personnel du CES et un membre de l''IAE. Les copies sont ensuite envoyées à Poitiers par transporteur, dans des enveloppes cachetées et ficelées. A l''arrivée, toujours anonymes, elles sont réparties aux enseignants pour correction. Puis l''IAE procède à la saisie des notes après avoir levé l’anonymat des copies. »

Malgré cette procédure stricte, un dysfonctionnement s’est produit. Deux copies ont été échangées. Résultat : un étudiant ayant raté l’épreuve s’est retrouvé avec une note excellente, qui aurait dû revenir à un autre, qui lui s’est vu attribuer la note médiocre de son camarade. Depuis, le problème a été réglé. Le premier a gardé sa bonne note non méritée, pas mécontent d’avoir bénéficié d’une erreur de l’administration en sa faveur. Tandis que le second a récupéré les points qu’il méritait.

Ashraf Joomun, le directeur du CES, explique l’erreur de l’Université de Poitiers par le fait que les noms des deux étudiants sont « proches orthographiquement », et que les Français n’ont pas « l’habitude des noms mauriciens ». Jacques Boucher confirme que « la proximité des orthographes pourrait expliquer l’erreur de l’IAE », bien que « nous tentions au maximum de sécuriser la procédure d’examens ».  

Du côté des étudiants, on n’est pas rassuré, d’autant plus que certains disent avoir constaté des irrégularités, comme l’explique celui-ci : « Cette histoire a rendu beaucoup d’étudiants inquiets, et nous avons remarqué des pratiques pas nettes, comme par exemple le fait que les feuilles d’examen n’arrivent pas cachetées devant nous au moment des épreuves. Elles sont ouvertes avant. » De là à soupçonner des fuites concernant le contenu des sujets, il n’y a qu’un pas.

Ashraf Joomun confirme que son équipe décachette les feuillets juste avant les épreuves, afin de s’assurer que « tous les sujets soient lisibles ». « Nous avons déjà eu des problèmes de lisibilité sur des sujets par le passé, explique-t-il. C’est pourquoi nous ouvrons les enveloppes. Mais je vous assure qu’entre le moment où je reçois les feuilles et la tenue des épreuves, elles restent cachetées, à l’abri dans une armoire de mon bureau. »

Le directeur du CES affirme être extrêmement dépité par ce mouvement de grogne chez certains étudiants, surtout qu’ils ne lui auraient pas fait part de leurs doléances. « Cela fait vingt-cinq ans que nous formons des cadres, et c’est la première fois qu’une telle erreur se produit, assure-t-il. Le CES est une institution des plus respectables, c’est vraiment regrettable que l’on ternisse son image de la sorte. Etre diplômé chez nous est une garantie de trouver immédiatement un bon travail, et nous mettons tout en œuvre pour que les étudiants puissent réussir. »

Les étudiants concernés répliquent qu’ils se sont plusieurs fois adressés au directeur, sans résultat. Une chose est certaine, l’ambiance risque d’être tendue au sein de l’établissement pendant quelque temps…