Le président sénégalais Macky Sall a présenté des excuses pour les incidents ayant provoqué samedi soir à Dakar l’arrêt d’un match contre la Côte d’Ivoire qui, selon lui, a été "meilleure" que son pays, exposé à des sanctions de la Confédération africaine de football (CAF).

"Je regrette profondément ce qui s’est passé. (...) Je présente nos excuses à la Côte d’Ivoire, à la CAF, à la Fifa et au monde entier. Je regrette et j’invite les uns et les autres à se ressaisir", a affirmé le président Sall dans une déclaration diffusée dimanche soir par la télévision publique sénégalaise RTS1.

Il a salué le jeu des Ivoiriens et estimé qu’ils avaient mérité la victoire. "L’équipe de Côte d’Ivoire a été meilleure que nous. Le meilleur a gagné", a-t-il dit, en "condamnant fermement" les débordements survenus. "Ce n’est pas un esprit sportif."

Le match, joué au stade Léopold Sédar Senghor de Dakar, mais la situation a dégénéré après l’allumage de feux dans une tribune alors que la Côte d’Ivoire avait inscrit un deuxième but sur penalty par son capitaine Didier Drogba à la 73e minute et se dirigeait vers la qualification (les Ivoiriens l’avaient emporté 4-2 à l’aller à Abidjan).

Il s’en est suivi des mouvements de foule. Des projectiles ont également été lancés sur l’aire de jeu : pierres, bouteilles, sachets d’eau ou canettes vides, et même quelques chaises.

La rencontre a été interrompue à un quart d’heure du terme à cause des incidents. Après une quarantaine de minutes d’interruption, il a été définitivement arrêté.

"Regrettable"

Dès samedi soir, le ministre sénégalais de l’Intérieur Mbaye Ndiaye avait exprimé les regrets de son pays pour les incidents et salué également les Ivoiriens pour leur comportement.

"C’est dommage, c’est regrettable. Mais nous disons bravo à l’équipe ivoirienne, qui a eu un grand comportement à cause de sa sagesse, de son expérience" lors des incidents, a affirmé le ministre. "J’ai discuté avec elle pour la féliciter de son exploit, de son comportement et de son fair-play".

Il a également souligné l’intervention d’un dispositif sécuritaire et de secours déployé à l’intérieur du stade - où, selon les organisateurs du match, quelque 53.000 personnes avaient pris place dans les gradins - ainsi que dans les environs.

Lorsque les incidents ont éclaté, les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser les supporters à l’aide de gaz lacrymogènes. Les supporteurs ivoiriens ont été évacués vers la pelouse, où étaient déjà regroupés joueurs sénégalais et ivoiriens dans un périmètre de sécurité. Tous sont ensuite évacués du terrain.

Bilan : "des dizaines de blessés", généralement "légers", selon une source au ministère de l’Intérieur jointe dimanche. Dès samedi soir, un médecin avait affirmé à l’AFP que son équipe avait soigné dans l’enceinte du stade une dizaine de blessés. Selon lui, le ministre sénégalais des Sports, El Hadji Malick Gakou, a aussi été "blessé par une pierre" et évacué du stade.D’après le ministre de l’Intérieur, M. Gakou se porte "mieux".

"Traumatisme"

Au stade, la piste d’athlétisme ceinturant la pelouse était jonchée dimanche après-midi de pierres, canettes vides, témoins des débordements de la veille.

Le Sénégal perdra sans doute le match sur tapis vert et encourt des sanctions de la CAF : amende, interdiction de recevoir dans un stade, obligation de jouer à huis clos ou sur terrain neutre, a indiqué l’Agence de presse sénégalaise (APS, officielle), en citant des textes de la CAF.

"Je ressens beaucoup de tristesse, car ce genre d’image n’a pas sa place sur un terrain de foot ou n’importe où ailleurs", a déclaré à l’AFP l’ex-international Ferdinand Coly, manageur général des "Lions".

"Pour les joueurs, c’est un traumatisme, surtout pour les plus jeunes. Le travail psychologique pour les remobiliser sous le maillot national sera extrêmement difficile", a-t-il dit.