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Aux Etats-Unis : premier joueur de NBA à dévoiler son homosexualité

30 avril 2013, 07:19

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Aux Etats-Unis : premier joueur de NBA à dévoiler son homosexualité

Le basketteur américain Jason Collins a dévoilé lundi son homosexualité, devenant le premier athlète en activité dans un sport majeur aux Etats-Unis à faire son "coming out".

A 34 ans, celui qui fut le pivot des Boston Celtics puis des Washington Wizards cette saison en NBA a choisi un entretien au prestigieux magazine Sports Illustrated pour faire son annonce.

"Je suis un pivot âgé de 34 ans. Je suis noir. Et je suis homosexuel", dit-il dans cette interview publiée lundi.

"Je n'ai pas décidé d'être le premier athlète ouvertement homosexuel évoluant dans un sport majeur aux Etats-Unis. Mais puisque je le suis, je suis heureux d'engager cette conversation", poursuit-il.

Jason Collins, qui a évolué en douze saisons dans six franchises différentes et a atteint deux fois les play-offs de la NBA, est aujourd'hui sans club mais précise vouloir poursuivre dans son sport.

"J'aurais aimé ne pas être cet enfant dans une salle de classe qui lève la main et dit 'Je suis différent'. S'il n'en avait tenu qu'à moi, quelqu'un d'autre l'aurait déjà fait. Mais personne ne l'a fait, c'est pourquoi je lève la main", explique-t-il.

 

NAVRATILOVA: "TU DORMIRAS DÉSORMAIS BIEN MIEUX !"

Dans le monde ultramédiatisé du sport professionnel américain, il est arrivé que des athlètes de haut niveau dévoilent leur orientation sexuelle après la fin de leur carrière.

Mais ce n'était jamais arrivé pour un sportif en activité, faisant du sport l'ultime frontière de l'affirmation de l'homosexualité alors que la politique, le spectacle et même l'armée ont largement évolué sur cette question.

Son "coming out" a par conséquent suscité un flot de réactions, positives pour la plupart.

Kobe Bryant, la star des Los Angeles Lakers, cinq fois titré en NBA, s'est dit fier. "N'étouffez pas votre identité à cause de l'ignorance des autres", a-t-il dit aux quelque 2,4 millions de personnes qui le suivent sur Twitter.

Tony Parker, le meneur français des San Antonio Spurs, s'est lui aussi servi du site de micro-blogging pour espérer que "les gens respecteront le coming out de Jason Collins" et se dire "heureux qu'il puisse à présent se détendre et qu'il n'ait plus peur de qui il est".

David Stern, le commissaire de la NBA, a lui aussi salué la décision de Jason Collins, qu'il voit comme un motif de fierté pour le basket professionnel. "Depuis le début de sa carrière, Jason est un joueur et un équipier respecté et nous sommes fiers qu'il assume le rôle leader sur cette question très importante", note-t-il dans un communiqué.

D'autres personnalités, extérieures au basket-ball, ont salué le geste du joueur.

"L'annonce de Jason aujourd'hui est un moment important pour les sports professionnels et pour l'histoire de la communauté LGBT (le mouvement lesbien, gay, bi- et transsexuel", écrit dans un communiqué l'ancien président Bill Clinton, dont la fille Chelsea était en classe avec Jason Collins à l'université de Stanford.

"J'espère que chacun, en particulier les collègues de Jason en NBA, la presse et ses nombreux admirateurs lui exprimeront le soutien et le respect qu'il mérite", ajoute-t-il.

Martina Navratilova, ancienne numéro un du tennis mondial qui avait elle aussi dévoilé son homosexualité, en 1981, a affectueusement interpellé Collins, l'informant qu'il était "désormais un militant !" "Et, fais-moi confiance, tu dormiras désormais bien mieux. La liberté est une douce sensation", ajoute-t-elle.

 

"J'AI TOUJOURS SU QUE LE CIEL ÉTAIT BLEU"

Le footballeur américain Mike Wallace, des Miami Dolphins, a d'abord exprimé son incompréhension alors, écrivait-il sur Twitter, qu'"il y a tant de jolies filles dans le monde". Mais il a ensuite effacé ses premiers commentaires et tweeté des excuses. "Je n'ai jamais dit que c'était bien ou mal, j'ai juste dit que je ne comprenais pas. Profondément désolé si j'ai blessé quelqu'un."

Dans l'interview qu'il a accordée à Sports Illustrated, Jason Collins explique qu'il a amorcé sa réflexion en 2011, lorsque le conflit entre joueurs et propriétaires des équipes engagées dans la NBA a conduit à un "lock out" du championnat.

L'extrayant de sa routine habituelle - préparation d'avant-saison, entraînements, matches -, cette pause l'a conduit à s'interroger sur "qui (il) é(tait) vraiment et ce qu'(il) souhait(ait) vraiment".

Plus récemment, le double attentat sur la ligne d'arrivée du marathon de Boston lui a fait prendre conscience que "les choses peuvent changer en une seconde". "Pourquoi dès lors ne pas vivre de manière sincère ?"

"Lorsque j'étais plus jeune, dit-il encore, je suis sorti avec des femmes. J'ai même été fiancé. Je pensais que je devais vivre d'une certaine manière, je pensais que je devais épouser une femme et avoir des enfants avec elle. Je ne cessais de me dire que le ciel était rouge, mais j'ai toujours su qu'il était bleu."