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APEIM : éducateurs et parents réagissent face à la fermeture des écoles de l'association

5 juillet 2013, 22:49

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APEIM : éducateurs et parents réagissent face à la fermeture des écoles de l'association
Face au manque d’empressement du ministère de l’Education à annoncer officiellement sa position par rapport à la fermeture des neuf écoles de l’Association des Parents d’Enfants Inadaptés de l’Ile Maurice (APEIM) en janvier prochain, des éducateurs et des parents d’enfants fréquentant ces écoles sont montés au créneau ce vendredi 5 juillet pour faire part du traitement différentiel dont les enfants handicapés ont toujours fait l’objet à Maurice. Ils  réclament la mise sur pied d’un organisme calqué sur celui de la Private Secondary School Authority afin de régir l’éducation spécialisée et faire part de la tenue d’une marche pacifique le mercredi 10 juillet à 10h du Jardin de la Compagnie au Champ de Mars.
 
 
Paul Virassamy, Manager de trois écoles de l’APEIM, a déclaré que les éducateurs de cette école pionnière dans l’encadrement des enfants inadaptés à Maurice, se trouvent dans «une situation difficile et embarrassante car à chaque fois qu’une question concernant l’APEIM est soulevée à l’Assemblée nationale, le ministre réplique sur tout hormis sur le devenir des éducateurs. Nou bann oubliés alor ki nou  tou pe travay. Nos emplois sont menacés. L’APEIM a eu la gentillesse de nous donner un préavis depuis mars afin que nous nous préparions et fassions des démarches mais nous ne voyons rien venir du côté du ministère de l’Education», a-t-il dit en faisant l’historique de l’APEIM et en rappelant que malgré la gratuité du système éducatif, l’éducation est restée payante pour les enfants handicapés jusqu’à 2005, année où les éducateurs ont protesté. «Mais malgré cela, l’APEIM ne perçoit pas le même grant que les autres écoles».
 
Jocelyne Beesoon, chef de service de l’école de Beau-Bassin/Rose-Hill, a eu beau dire que le combat de l’APEIM ne se résume pas à une question d’argent mais «d’éducation pour tous et d’égalité des chances» en rappelant que le pays a signé deux Conventions internationales en ce sens. Les chiffres cités par les animateurs de la conférence de presse sont éloquents.
 
Ainsi, un manager de l’APEIM à l’instar de Paul Virassamy qui compte 36 ans de service et qui gère trois écoles, gagne Rs 17,500 par mois alors qu’un manager d’une école dite normale perçoit un salaire qui démarre à Rs 30,000 par mois. Un éducateur de l’APEIM qui a pourtant reçu de multiples formations que ce soit à l’interne qu’auprès du Mauritius Institute of Education ou d’Inclusion Internationale pour ne citer que ces organismes là, gagne Rs 7000 mensuellement alors qu’un instituteur d’une école dite normale reçoit un salaire mensuel allant jusqu’à Rs 28,000 et un enseignant du secondaire un salaire allant jusqu’à Rs 45,000 et même Rs 55,000 lorsque l’on ajoute certaines allocations. L’allocation alimentaire pour un enfant fréquentant une école dite de Zone d’Education Prioritaire est de Rs 75 par jour alors qu’un enfant à besoins spéciaux ne reçoit que Rs 15 par jour. Et quand il s’absente, cette allocation est coupée.
 
Les finances de l’APEIM n’auraient pas été autant dans le rouge si le ministère des Finances remboursait les Rs 5 millions de taxe sur la valeur ajoutée payée lors de la construction du bâtiment de l’association à Trianon. Or, la direction de l’APEIM est toujours en attente. Elle demande aux parents de s’acquitter de Rs 200 l’an comme frais de participation mais plusieurs d’entre eux sont de conditions modestes et incapables de payer cette allocation. L’APEIM doit alors trouver un parrain pour les parents dans ce cas.
 
Depuis que la direction de l’APEIM a annoncé la fermeture de ses neuf écoles en janvier prochain, le ministère de l’Education a fait un des deux fonctionnaires constituant le Special Education Needs Unit prendre contact avec l’association à deux reprises pour obtenir des informations sur le niveau de déficiences intellectuelles de ses élèves et le niveau de qualifications des éducateurs. «Mais il n’y a rien eu de concret,» a précisé Jocelyne Beesoon qui estime qu’il faudrait que le ministère mette sur pied une autorité calquée sur la PSSA et qui prendrait à sa charge toute l’éducation spécialisée à Maurice.
 
Sahera Curumthallee, éducatrice à Beau-Bassin, est révoltée que la situation en soit arrivée là alors que les éducateurs ne font rien au petit bonheur et Eric Marcelin, éducateur à l’école de Port-Louis, a expliqué dans le détail l’encadrement taillé sur mesure dispensé à chaque enfant en fonction de ses besoins spéciaux. «Tous nos enfants ont le potentiel et malgré le stress et l’inquiétude de la fermeture, nous continuons à leur donner tout ce dont ils ont besoin.»
 
Découragé d’avoir à supplier pour que le ministère de l’Education accorde un traitement égalitaire aux enfants handicapés, Yvan Ducasse, un parent dont l’enfant fréquente l’APEIM, a invité tous ceux qui croient en la justesse du combat de l’association à rejoindre les parents à la marche pacifique le 10 juillet à 10h du Jardin de la Compagnie au Champs de Mars. «Je n’ai pas envie de me battre, ni de contester quoi que ce soit. Je supplie le ministère pour qu’il empêche la fermeture des écoles de l’APEIM. Je suis né en 1968 avec l’indépendance. J’ai toujours cru en mon pays mais aujourd’hui, je suis bien découragé. Mon cœur fait mal. Je ne sais plus quoi faire. Si bisin menot moi divan Parlement, mo pou fer li. Si bisin mor de fin, mo pou fer li ».