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André Didier : «Le fauteuil et les pantoufles de la retraite ne sont pas faits pour moi»

6 février 2011, 00:00

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André Didier : «Le fauteuil et les pantoufles de la retraite ne sont pas faits pour moi»

A 77 ans, il complète sa maîtrise en fiscalité. Notre compatriote établi en Australie est la preuve vivante que l’on apprend à tout âge…

Il avait toujours envie d’aller plus loin. André Didier est un septuagénaire qui servira d’exemple à tous ceux qui pensent qu’ils sont trop vieux pour étudier. En effet, ce Mauricien établi en Australie depuis 1984, à commencer  une maîtrise en fiscalité à l’Université de Curtin, à l’âge de 74 ans…

André Didier a commencé à travailler à la fin de ses études secondaires au collège New Eton à Rose-Hill, car ses parents n’avaient pas suffisamment de moyens pour financer ses études universitaires.

A 19 ans, il prend de l’emploi au service de comptabilité chez Blyth Brothers, aujourd’hui Ireland Blyth Limited. Pendant les huit ans qu’il y travaille comme assistant comptable, il finance ses cours de comptabilité conduits par le London Chamber of Commerce. Plus tard, il entreprendra des cours d’ACCA à l’Université de Maurice.

«Je me suis lancé dans la comptabilité parce que je savais qu’il y avait une grande demande d’emploi dans ce domaine. Mais au fil du temps, j’ai commencé à aimer cette profession», déclare André Didier.

Quand il quitte Blyth Brothers, c’est pour continuer sa carrière chez Blanche Birger. Et c’est grâce à cette compagnie qu’André Didier pourra se rendre en Angleterre pour compléter ses cours d’ACCA.

«C’est la compagnie qui a financé mes cours en l’Angleterre. Et pendant les trois années d’études, j’ai également reçu mes salaires. Je suis rentré à nouveau à Maurice et j’ai travaillé au sein de ce cabinet pendant 20 ans», poursuit André Didier. Il était alors devenu un expert comptable.

C’est en janvier 1984, à l’âge de 51 ans, qu’il quitte Maurice pour l’Australie parce qu’il a «toujours aimé les grands pays». Il doit suivre des cours de recyclage parce que les législations anglaises et australiennes en matière de fiscalité sont différentes.

Après un cours d’adaptation au système légal australien, André Didier travaille dans une petite firme de comptabilité et y passe un an. Il rejoint ensuite Fenwick-Linde, une compagnie internationale.

«J’ai occupé le poste de Senior Financial Accountant. Je suis resté dix ans dans ce cabinet. Jusqu’au moment où il a fallu que je prenne ma retraite. Mais après six mois, j’ai compris que le fauteuil et la paire de pantoufles n’étaient pas faits pour moi», lâche le septuagénaire en éclatant de rire.

Il devient alors consultant à temps partiel pour cette compagnie pendant deux ans.

Et en 2006, à 74 ans, il se rend à l’Université de Curtin et veut connaître les frais requis pour la maîtrise de fiscalité. «On m’a informé que cela coûterait 25 000 dollars australiens pour m’inscrire à ces cours. J’ai dit que je n’avais pas les moyens de payer cette somme et c’est là, à mon grand étonnement, qu’on m’a dit que les cours seraient entièrement financés par le gouvernement australien parce que je suis un retraité.»

André Didier ajoute qu’au départ, il avait planifié d’atteindre les 50% de points. Il finit par décrocher brillamment sa maîtrise en 2010, à Sydney. Et l’an dernier, il décide de poursuivre ses études pour concourir pour un doctorat en fiscalité.
Cependant, la vie en décidera autrement. «Ma femme, Giliane, est subitement tombé malade et j’ai été contraint d’abandonner mes études pour prendre soin d’elle. Le doctorat demande énormément de recherches et de temps libre. Mais je ne peux pas me le permettre, pour le moment», dit-il.

Il estime avoir déjà un tiers de son doctorat en poche et qu’il compte bien compléter ses études dès que son épouse irait mieux.

Pourquoi étudier alors qu’il aurait pu jouir tranquillement de sa retraite ? C’est pour encourager ses enfants et ses petits-enfants, répond-il. «Je veux leur dire que si moi j’y suis arrivé à 77 ans, ils sont capables de briller eux aussi.»

Deux de ses quatre enfants ont suivi le chemin de la comptabilité. Il n’hésite pas à dire qu’il est très fier du parcours de ses quatre enfants et de ses petits-enfants. «J’ai eu beaucoup de chance avec mes enfants, mes deux filles sont dans l’administratif et deux de mes petits-enfants se marient cette année.»

Les yeux brillants, André Didier affirme qu’il n’y aurait que son amour pour son épouse, Giliane, qui a pu le ralentir dans sa poursuite de la connaissance.