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Analyse : Les tirs de drones américains peuvent-ils modifier la donne au Pakistan ?

8 octobre 2010, 09:00

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L''''augmentation des tirs de drones sur le nord-ouest du Pakistan  risque de se retourner contre les Etats-Unis en leur aliénant des habitants et certains officiers de l''armée du pays, écrit l’agence Reuters dans jeudi. 

Les attaques opérées par des drones viseraient des  chefs rebelles ou chercheraient à perturber des projets d''attaques anti-occidentales. Mais des  opérations de ce type pourraient compromettre les intérêts stratégiques de Washington dans ce qui est considéré comme une plaque tournante du radicalisme islamique. "Les Américains semblent vouloir des résultats rapides et ne pas s''attacher aux actions de longue haleine qui peuvent marginaliser les activistes en retournant l''opinion contre eux", commente Rahimullah Yousafzai, spécialiste pakistanais de l''extrémisme.

Selon une enquête d''opinion menée en juillet par la New American Foundation dans les zones tribales pachtounes du Pakistan, les tirs de drones américains suscitent une profonde hostilité dans la population, sans doute encore plus "remontée" après l''intensification des raids ces dernières semaines. "La véhémence de l''opposition à l''armée américaine est très forte. Là où un seul habitant (des zones tribales) estime justifiés les attentats suicide contre l''armée et la police pakistanaises, près de six sur dix les croient légitimes contre l''armée américaine", dit l''enquête.

Plus de 75% des habitants des régions tribales s''opposent aux tirs de drones qui se sont multipliés sous l''administration Obama. "Seuls 16% (des sondés) pensent que ces tirs atteignent des activistes 48% estiment qu''ils tuent à la fois des civils et des activistes", précise l''étude.

Selon l''enquête effectuée auprès de mille habitants de 18 ans ou plus, l''hostilité aux drones n''est pas liée à un antiaméricanisme plus général. Les personnes interrogées ont seulement exprimé une aversion pour l''armée américaine, ce qui n''implique pas qu''ils soutiennent Al Qaïda ou les talibans, indiquent ses auteurs.

De son côté, Islamabad craint que ces tirs ne sapent ses efforts pour mater l''insurrection en ralliant l''opinion à celle-ci. Si le général Ashfaq Kayani, chef de l''armée, passe pour être en bonnes relations avec les Etats-Unis, d''autres dirigeants militaires pourraient se lasser des doutes qu''exprime Washington quant à leur détermination à combattre l''extrémisme.

Des éléments "durs" de l''armée pourraient faire valoir que le Pakistan a perdu des milliers de soldats en soutenant les opérations américaines contre les islamistes sans y gagner grand-chose, sinon des pressions pour qu''il en fasse davantage. "A un moment donné, ils pourraient prévaloir ou du moins se trouver en position d''influer sur la politique pakistanaise. On ne peut pas les ignorer complètement", estime Imtiaz Gul, auteur d''un livre consacré aux zones tribales échappant au contrôle du gouvernement.

(Source : Reuters)