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Altaf Dossa : L’univers d’un Mauricien expert en investigation informatique de la fraude

4 septembre 2011, 00:00

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Altaf Dossa : L’univers d’un Mauricien expert en investigation informatique de la fraude

Altaf Dossa est directeur, chef des services Forensic chez la firme internationale KPMG à Riyad en Arabie Saoudite. Parcours d’un jeune Mauricien passionné de l’informatique en investigation de la fraude, crime financier et en corruption.

L’informatique, c’est son univers. Depuis le début de cette année, Altaf Dossa est directeur, chef de service Forensic pour le compte d’une des plus grandes firmes internationales de services professionnels, KPMG, à Riyad en Arabie Saoudite, représentant également le Kuwait et la Jordanie.

En vacances à Maurice, ce jeune professionnel originaire de Rose Hill raconte que son modèle de toujours demeure son père, ingénieur mécanique de profession.

C’est là où tout se déclenche pour Altaf. Ce dernier opte pour le génie civil à l’université de Maurice pour ses études tertiaires. Entre-temps, il se passionne pour l’informatique. Ce qui lui permet de lancer en collaboration avec deux amis la première société de service de courrier électronique à Maurice en utilisant le réseau FidoNet.

« La société AGA ConneXion avait le statut de ‘Pioneer Status’du ministère de l’Industrie », indique Altaf. Cette initiative mènera le Mauricien à opter pour un BTS en Informatique de Gestion à la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Maurice.

Avec le bagage académique en main et la connaissance informatique de la région Afrique sub-saharienne, il décroche un contrat auprès de la United States Agency for International Development (USAID) à Washington aux Etats-Unis.

« J’ai ainsi pu participer à l’évaluation des projets de connexion à Internet des institutions africaines financées par l’USAID. J’étais aussi chargé de développer une base de données en ligne pour faciliter le partage de connaissances sud-sud », raconte Altaf.

Après l’USAID, notre compatriote travaille comme consultant pour le compte des organisations internationales telles que l’International Labour Organisation (ILO), la United Nations Development Programme (UNDP) ainsi que la United Nations Educational, Scientific and Cultural Organisation (UNESCO). Il y a notamment animé des sessions de formation pour la mise en place des systèmes d’information sécurisés en utilisant le réseau Internet et la mise en place des systèmes de détection de piratage informatique.

Avec de telles connaissances en poche, Altaf rentre au pays pour occuper le poste de responsable du Centre Syfed de l’Agence Universitaire de la Francophonie pour la promotion de la langue française au sein du monde scientifique.
« Le siège était basé au sein de la bibliothèque de l’université de Maurice et j’ai travaillé pendant trois ans avec plusieurs organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux à Maurice et dans la région », explique Altaf.

Entre-temps, sa carrière l’amène à côtoyer le monde diplomatique et politique de l’île. Il quitte Maurice après cette expérience et met le cap sur le Luxembourg, où il occupera le poste de Manager chez KPMG.

« Au Luxembourg, j’ai aussi été le responsable du service de Forensic Technology dans le département de l’Advisory Services de KPMG. J’ai passé trois ans dans le domaine de l’utilisation de l’outil informatique à des fins de recherches d’indices dans les investigations d’allégations de fraude, de blanchiment d’argent et de la corruption », confie-t-il.

Durant ce temps, il suivra également des cours de formation en collaboration avec la force policière britannique pour la récupération de données informatiques, les interrogatoires de victimes et de suspects allégués, ainsi que la gestion des preuves. Ce travail lui permettra d’effectuer des missions dans les pays voisins tels que l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays Bas.

L’étape suivante de sa carrière, toujours au sein de KPMG, le conduit à Londres où il restera huit ans. Altaf compte aujourd’hui à son actif des projets pour le compte des régulateurs financiers en Europe, le US Department of Justice et le ministère de la Défense du Royaume-Uni.

Aujourd’hui à Riyad, où il est basé depuis le début de l’année, il s’occupe principalement des résolutions de conflits au niveau des investisseurs dans le domaine immobilier. Un secteur en pleine expansion au Moyen Orient, selon Altaf Dossa.

« Je pense qu’il y a ici pas mal de possibilités pour les jeunes mauriciens diplômés en Business Administration ou en Finances, ou même ceux détenant un ACCA. Ils peuvent me contacter à l’adresse suivante adossa@kpmg.com afin d’établir un contact et aussi de voir si l’aventure et le challenge de travailler dans un environnement différent les intéressent », souligne le jeune professionnel.

Altaf Dossa est d’avis que Maurice connaît une évolution ces temps-ci. Notamment avec une plateforme financière bien enclenchée. Ce qui aide à la promotion de l’île à travers le monde.

Toutefois, il note que la culture mauricienne est en perte de valeurs.

« Sans entrer dans un débat axé sur la politique, j’ai l’humble impression que nous sommes devenus beaucoup plus ethnocentriques, perdant ainsi cette touche « mauricienne » qui nous a permis de nous intégrer dans des environnements différents. Cette culture nous a aidés à développer et à référencer notre île au niveau mondial. J’ai aussi remarqué une arrogance chez les nouveaux diplômés et si on les compare à la main-d’œuvre des pays moins développés que Maurice, je dirai que ces derniers sont plus dynamiques et importants pour les entreprises et sont aussi moins chers à employer », fait-il ressortir.

Il note, en outre, un manque de vision et de stratégie. « Nous avons fait un bon investissement dans le domaine de l’informatique et de l’outsourcing. Mais j’ai l’impression qu’il manque toujours cette démarche pour un service de qualité, ainsi qu’un manque de formation du personnel dans quelques-uns de nos hôtels, restaurants et services. Avec la migration économique des sociétés, il est primordial que Maurice garde son titre de service d’excellence », soutient-il.

Avec ses acquis, l’objectif principal d’Altaf reste de briller en tant que Mauricien dans le monde professionnel et social.
« Nous représentons une très petite superficie sur la carte géographique mondiale mais nous avons la volonté continue de nous améliorer », estime-t-il.