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Afrique du Sud : Oscar Pistorius de nouveau devant la justice

4 juin 2013, 12:17

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Afrique du Sud : Oscar Pistorius de nouveau devant la justice

Oscar Pistorius, le champion sud-africain handisport soupçonné du meurtre de sa petite amie Reeva Steenkamp le jour de la Saint-Valentin, a comparu mardi devant un tribunal de Pretoria, pour une audience qui a été rapidement ajournée à la demande de l’accusation.

 

Vêtu d’une veste grise sur chemise bleue et cravate, le visage fermé, Pistorius a pénétré dans la salle du tribunal. Le juge a ouvert les débats peu après 9h00 (07h00 GMT), alors que des dizaines de journalistes et de caméras s’étaient massées dans et hors de la salle.

 

Oscar Pistorius était accompagné de son oncle Arnold, avec qui il a échangé quelques mots. Sa sœur lui a donné des tapes d’encouragement dans le dos.

 

Le juge a comme prévu ajourné l’audience et fixé une prochaine date au 19 août. Il s’agira de nouveau d’une audience de procédure préalable à l’ouverture d’un procès. Le magistrat a précisé à Oscar Pistorius qu’il demeurait en liberté sous caution jusqu’à cette date.

 

Le multiple champion olympique handisport, qui avait fait sensation en devenant le premier double amputé à participer aux JO des valides à Londres-2012, n’a jamais nié avoir abattu le mannequin Reeva Steenkamp de plusieurs coups de feu, dans la nuit du 13 au 14 février.

 

Mais il affirme depuis le premier jour qu’il s’agit d’une horrible méprise. Qu’il a cru entendre des cambrioleurs dans sa villa en pleine nuit et qu’il a fait feu à travers la porte des toilettes fermée, dans l’affolement. Il assure qu’il ne savait pas que Reeva Steenkamp s’était levée pour aller aux toilettes.

 

L’accusation, au cours des audiences préliminaires de février, a au contraire tenté de démontrer que Pistorius savait parfaitement qui était sa victime. Et que les coups de feu ont fait suite à une dispute du couple dans la soirée.

 

Vendredi, une télévision a diffusé des images de la scène du crime: on y voit les toilettes ensanglantées et la porte, criblée des impacts des balles meurtrières.

 

La famille s’est dite «choquée» par la diffusion de «ces images explicites qui ont fait l’objet d’une fuite dans le domaine public».

 

Le meurtre de Reeva Steenkamp en février avait passionné le monde entier. Pendant des jours, Pistorius avait été malgré lui le héros des chaînes d’informations continues. Après avoir été l’un des héros des JO de Londres 2012.

 

Sur les rives de la Tamise, il était devenu le premier athlète masculin à s’aligner avec les valides, alors qu’il est handicapé de naissance et court avec des lames en carbone en forme de pattes de félin, qui lui ont valu son surnom de «Blade Runner».

 

Le drame a stoppé net sa carrière. Pistorius a renoncé à toute compétition cette année, ses sponsors l’ont lâché,Nike ou Clarins, et l’affaire a aussi révélé des facettes cachées de sa personnalité  au public qui l’admirait pour sa ténacité et la touche glamour qu’il a apportée au handisport. On a ainsi découvert qu’Oscar Pistorius était macho, caractériel et obsédé par les armes à feu.

 

Pistorius est défendu par quelques des plus grands noms du barreau sud-africain, dont les vieux briscards des prétoires Kenny Oldwage et Barry Roux.

 

La semaine qui a suivi le meurtre, sa défense a réduit en miettes le dossier de l’accusation, pointant des manques de preuves ou fragilisant le témoignage d’un voisin ayant entendu une dispute du couple venant de l’appartement de Pistorius avant le meurtre.

 

L’enquêteur en chef Hilton Botha a dû être dessaisi et forcé d’admettre des négligences sous l’œil médusé des caméras de télévision du monde entier.

 

En mars, Barry Roux a en outre brillamment obtenu un assouplissement notoire des conditions de la libération sous caution : Pistorius a en fait recouvré une quasi-liberté de mouvements, obtenant la permission de voyager hors du pays ou de consommer de l’alcool normalement.

 

Parallèlement, ses défenseurs ont diffusé maints communiqués évoquant un Oscar Pistorius brisé par le deuil.

 

«Oscar dort mal. Il va mal», a déclaré son manager Peet van Zyl, cité par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel: «Certains jours, ça va, et d’autres jours, c’est terrible. Quand je lui parle, il m’écoute plus ou moins, mais je ne le mets pas sous pression. Il n’est pas là. Il pleure souvent».

 

Certes l’athlète devra répondre d’homicide quoi qu’il arrive, mais si ses défenseurs parviennent à démontrer qu’il s’agit effectivement d’une méprise, la peine encourue et la sentence pourraient être beaucoup plus légères que s’il s’agit de l’assassinat de sa compagne.