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Affaire MITD : les aveux d’une jeune fille…

25 mai 2013, 09:15

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Affaire MITD : les aveux  d’une jeune fille…

Les «preuves» soumises par l’ex-enseignante du MITD, Sudha Singh, s’accumulent. Elle a déjà déposé plusieurs enregistrements audio de conversations au cours desquelles la mineure aurait avoué avoir eu des relations sexuelles avec son instructeur. Mercredi 22 mai, elle a remis encore une autre bande audio au CCID.

 

Elle a été arrêtée il y a une semaine pour son implication dans une affaire de pédophilie alléguée au Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Mais Sudha Singh, une ex-enseignante de cet institut, ne cesse de vouloir prouver ses dires. Sa dernière «preuve» : un enregistrement audio dans lequel la jeune fille impliquée dans l’histoire aurait avoué à Joseph Lesjongard, l’Assistant Manager du centre, qu’elle a eu des relations sexuelles avec son instructeur à huit reprises. Elle parle de ses appréhensions que ses parents soient informés de cette «liaison».

 

Dans une déposition faite le même jour, la jeune fille soutient, elle, que ce n’est pas sa voix que l’on entend sur la bande. En compagnie de son avocat Me Rama Valayden, elle a affirmé aux enquêteurs du Central Criminal Investigation Department qu’elle n’entretenait aucune relation avec l’ex-instructeur.

 

Trois autres enregistrements

 

Sauf que Sudha Singh ne cesse de mettre en avant les preuves dont elle dispose pour affirmer le contraire. D’ailleurs, sur un CD remis au Fact-Finding Committee institué pour faire la lumière sur cette affaire, elle avait compilé trois autres enregistrements. Parmi, une conversation téléphonique qui aurait eu lieu entre la mère de la présumée victime et elle-même en novembre 2011. Dans les échanges entre les deux voix féminines qui figurent sur la bande sonore, il est question d’une réunion au Head Office du MITD. La mère de la présumée victime y exprime ses réticences à s’y présenter en compagnie de son époux pour discuter d’une question qui semblait l’embarrasser.

 

Dans un deuxième enregistrement, ce sont les voix de Sudha Singh et d’une jeune fille, supposément celle qui se trouve au centre de toute la controverse, que l’on entendrait. La jeune fille y donne des détails de sa relation avec son enseignant, y compris le nombre de fois où ils auraient visité un pensionnat à Bonne-Terre. Cette conversation aurait eu lieu dans l’enceinte du MITD à Ébène.

 

«Non me, eski tonn geyn relasyon avek li ?» peut-on entendre une voix féminine demander après environ sept minutes et demie. «Monn geynie» répond une deuxième voix. «Komye fwa ?» «Ayo miss !» proteste alors la jeune fille.

 

L’enseignant mis en cause est nommé au cours de la conversation à plusieurs reprises. Après trois minutes, on peut notamment entendre Sudha Singh demander à la jeune fille si «to pe per R. a koz sa ?». Et, au beau milieu de l’enregistrement, l’enseignante demande des précisions : «Sa ve dir R. inn vini sa zour la pou amenn twa ?»

 

Les échanges entre les deux voix laissent comprendre que la jeune fille aurait rencontré son enseignant la veille. «Mo ti al get li yer», avoue-t-elle. «Be kifer tonn fer sa ?» lui demande Sudha Singh. «Wi, be linn telefonn mwa», explique la jeune fille. Toutefois, les explications sur les détails et le lieu de la rencontre sont noyés dans un bruit de fond.

 

Certains passages de l’enregistrement laissent également comprendre qu’il y aurait eu une rupture entre la jeune fille et le R. mentionné. «Ayo miss, linn vinn koz enn ta koze ar mwa», se plaint-elle, «Li dir mwa kumsa, weh, kifer tonn kit mwa aster». Plus loin, elle ajoute que R. lui reproche le fait qu’elle l’évite.

 

Sudha Singh semble exaspérée à plusieurs reprises par les hésitations et réticences de la jeune fille. «Si to pou koz ar mwa, to dir mwa full, to pa deside pou rakont mwa la mwatye», lance-t-elle. Vers la fin de la conversation, elle va même jusqu’à dire que «enn kout to dir pena nanye, lot kout tonn al zwenn li samdi…».

 

Pressée de questions par Sudha Singh, la jeune fille finit par expliquer ses changements de versions par le fait qu’elle a peur. «Mo geyn per miss !» déclare-t-elle à plusieurs reprises.

 

Et dans le dernier enregistrement soumis au Fact-Finding Committee, on retrouve à nouveau les voix des deux femmes, mais également celui d’un cadre du MITD. La jeune fille y relaterait de nouveau ses aventures avec l’ex-instructeur en question.

 

Echange de SMS

 

Outre ces enregistrements, Sudha Singh avait également lu des SMS envoyés de trois numéros différents, qui appartiendraient tous à la jeune fille. L’express a pu confirmer qu’au moins un des trois lui appartient effectivement. Parmi ces SMS, figure un datant du 23 novembre 2011 où la jeune fille confie : «J’ai parlé avec mum, ok… Li pe fer enn ta palab ar mwa. Mo pann dir li tou. Am afraid…».

 

Une série de SMS a également été échangée le 20 mai 2012. La jeune fille demande notamment des nouvelles de l’enseignant, expliquant à Sudha Singh que «pa tann li di tou», ou lui demandant plus tard : «Est-ce que la vengeance, c’est la meilleure solution ?». «Si comme si vous étiez blessé par quelqu’un, même si avant, vous avez eu tort, mais li kinn pli bless ou pou komense, ki ou ti pou rod fer ? S’il vous plaît, j’ai besoin de savoir», supplie la jeune fille à la même date.

 

Mais la jeune fille impliquée dans l’histoire insiste qu’il ne s’agit pas de sa voix. «L’enseignante ment. Et nous avons des preuves. Comme l’examen médical aux Casernes centrales, qui a conclu que ma fille n’a jamais eue de relation sexuelle et ce fameux pensionnat mentionné dans cette affaire, qui est fermé», avait indiqué le père, dans une précédente déclaration à l’express.

 

Qui dit vrai ? En tout cas, cette affaire a fait tomber beaucoup de têtes. D’abord, il y a eu le licenciement et l’arrestation de Sudha Singh ainsi que celle de la psychologue Pascale Bodet. Puis, la suspension du syndicaliste Hemandar Madhow qui d’ailleurs a annoncé son intention de porter plainte contre le MITD ce vendredi 24 mai. En même temps, une grande manifestation est également prévue d’ici un mois. Manifestation à laquelle devraient participer des parents, élèves et enseignants qui comptent réclamer la démission du ministre Bunwaree.