La Commission anti-corruption s’apprêterait à interroger le No. 2 du gouvernement « under warning ». De même que l’ancien ministre de la Santé, Rajesh Jeetah, quant à son rôle dans l’achat de la clinique du clan Jugnauth par l’Etat

La saga MedPoint est loin d’être terminée. Le No.2 du gouvernement mauricien, Rashid Beebeejaun, ainsi que le ministre Rajesh Jeetah devraient être interrogés par l’Independent Commission Against Corruption (Icac) la semaine prochaine, dans le cadre de l’enquête sur le rachat par l’Etat de la clinique ayant appartenu au clan Jugnauth, au prix surévalué de Rs 144,7 millions.

Le vice-Premier ministre serait interrogé « under warning » vu qu’il était également actionnaire de l’établissement de Phoenix et qu’il était présent aux délibérations sur cette acquisition sans déclarer son intérêt.

Dans son entourage, on souligne qu’il détenait moins de 10 % dans l’actionnariat de la clinique, ce qui le mettrait à l’abri de toute poursuite en vertu de la Prevention of Corruption Act (POCA). Toutefois, certains juristes sont d’avis qu’il doit être poursuivi sous l’article 7 de cette loi qui condamne tout officiel utilisant sa position en vue d’obtenir une gratification.

La situation préoccupe déjà le Parti Travailliste (PTr) car, d’autre part, il y a aussi le cas de l’ancien ministre de la Santé, Rajesh Jeetah. Lui a discuté du projet de l’Etat d’acquérir un bâtiment pour le convertir en hôpital gériatrique avec l’ex-propriétaire de la clinique, le Dr Krishan Malhotra, beau-frère de Pravind Jugnauth, avant que l’appel d’offres ne soit lancé.

Arrêté et inculpé pour conflit d’intérêts en infraction de l’article 13(2) et (3) du POCA ce jeudi 22 septembre par la Commission anti-corruption, l’ex-ministre des Finances, Pravind Jugnauth, s’indigne. Il n’a jamais cessé de demander pourquoi, dans le cours logique des choses, l’institution n’a pas procédé à l’interrogatoire, voire l’arrestation, de Rashid Beebeejaun et de Rajesh Jeetah avant de s’intéresser à sa cousine, l’ex-ministre de la Santé, Maya Hanoomanjee et à lui-même.

Comme lui, Maya Hanoomanjee a été interrogée « under warning » avant d’être mise en état d''''arrestation. L’ex-ministre, elle, a été inculpée deux mois plus tôt, soit le 22 juillet pour entente délictueuse. Cette situation avait poussé Pravind Jugnauth à démissionner et à demander à quatre autres ministres du Mouvement socialiste militant (MSM) à en faire de même en signe de solidarité envers sa cousine.

Jusqu’ici, Pravind Jugnauth joue sur les mots : il déclare détenir moins d’actions que Rashid Beebeejaun au sein de la clinique MedPoint et se demande, devant ses partisans, pourquoi celui-ci n’a pas été interrogé ou arrêté avant lui. Cependant, aux yeux de l’Icac, sa sœur, Shalini, épouse du Dr Krishan Malhotra, avait plus à gagner dans cette transaction. Etant actionnaire au sein de l’établissement à hauteur de 23,59 %, cet achat lui a rapporté un peu plus de Rs 30 millions.

Dans cette affaire, la Commission anti-corruption joue sa réputation. Déjà qu’elle a été mise à l’index dans une note de l’ambassade américaine qui signale qu’elle n’est indépendante que de nom et que Pravind Jugnauth l’accuse d’être un outil à la solde du pouvoir, l’institution dirigée par Anil Kumar Ujoodha, doit montrer qu’elle ne fait pas dans la publicité mensongère avec son slogan « l’Icac na pa guet figir ».

À l’hôtel du gouvernement, l’on est conscient de la donne et Navin Ramgoolam aurait déjà transmis le mot d’ordre avant son départ pour New York dimanche dernier : « Partez avant que les choses ne s’aggravent... ». Chez les rouges, on fait aussi ressortir que le procès-verbal de la réunion du Conseil des ministres du 18 juin 2010, que Pravind Jugnauth réclame pour sa défense, pourrait éventuellement causer des dommages collatéraux à Maya Hanoomanjee : elle est proche du clan Jugnauth  et a donc pris une décision qui allait l’aider à s’enrichir.