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Affaire Boskalis : Gilbert Philippe sera entendu par le Central CID après Chady et Maunthrooa

12 juin 2012, 00:00

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Affaire Boskalis : Gilbert Philippe sera entendu par le Central CID après Chady et Maunthrooa

Quatre ans après, les autorités hollandaises ont fini par soumettre des preuves aux Casernes Centrales quant aux transferts d’argent de la firme Boskalis à des officiels du service portuaire mauricien. Après Siddick Chady et Prakash Maunthrooa, Gilbert Philippe (au centre) est dans le collimateur du Central CID.


Les Pays-Bas ont fini par donner des détails recherchés par les autorités mauriciennes dans le cadre de son enquête sur des pots-de-vin versés à des officiels du service portuaire mauricien par la firme hollandaise Boskalis. Les renseignements recherchés étant enfin parvenus aux Casernes Centrales la semaine dernière, c’est ce mardi 12 juin 2012 que le Central CID a décidé de rouvrir ce dossier resté en souffrance depuis bientôt quatre ans.

Siddick Chady, ancien président de la Mauritius Ports Authority (MPA) ainsi que l’ancien directeur de cet organisme, Prakash Maunthrooa, ont ainsi été interpellés dans la matinée. Ils ont été invités à donner leurs versions des faits face aux preuves réunies contre eux. Prakash Maunthrooa, actuel membre du Mouvement socialiste militant (MSM), est considéré comme un des cerveaux de cette affaire.

Après leur interrogatoire ce mercredi 13 juin, les deux hommes seront inculpés en cour de Port-Louis en infraction à la Prevention of Corruption Act (PoCA). Gilbert Philippe, un ancien conseiller du Bureau du Premier ministre sous le gouvernement travailliste, est la prochaine personne, parmi d’autres, à figurer sur la liste des suspects du Central CID et qui sera traduite devant la justice.

Cette affaire a pour toile de fonds une sombre histoire de corruption afin que des contrats de la MPA soient systématiquement octroyés à la société de génie civile Boskalis. L’affaire avait été révélée par notre confrère Samedi-Plus en juillet 2008. Siddick Chady aurait perçu 25 000 euros, soit près d’un million de roupies, de Boskalis, laquelle venait de décrocher un contrat de Rs 537 millions pour des travaux de dragage dans la rade de Port-Louis.

L’affaire tenait, à l’époque, à un simple fax transmis par Boskalis à Blockbuster Video Network, une entreprise familiale de Siddick Chady engagée dans le cinéma. Ce document fait état d’un transfert bancaire sur le compte de Gilbert Philippe, lui-même ancien président de la MPA. L’argent était censé servir à l’achat de films bollywoodiens qui allaient être joués dans les salles obscures de la chaîne de cinéma de Siddick Chady.

Il s’est également avéré qu’une autre somme d’argent avait été versée sur le compte de la filiale londonienne de Blockbuster Video Network par Boskalis. Gilbert Philippe s’est retrouvé dans la mêlée, indiquant avoir prêté 25 000 euros à Siddick Chady. Ce qui expliquerait la présence de cette somme sur son compte en banque après le remboursement effectué par ce dernier.

Selon ses dires, il a fait un prêt à son ami suite aux soucis qu’il rencontrait avec ses salles de cinéma. Siddick Chady, ancien ministre, s’était endetté jusqu’au cou et il avait même soumis sa démission comme député, alors dans l’opposition, avant les élections de 2005 pour pouvoir toucher sa pension de parlementaire.

Malheureusement, depuis 2008, la Commission anti-corruption n’a jamais cessé de courir après les autorités hollandaises pour mettre la main sur des documents relatifs aux transferts bancaires de Boskalis au bénéfice des suspects. Ce qui fait que le procès intenté à Siddick Chady a été rayé par le tribunal de Port-Louis en février 2011, faute de preuves provenant des Pays-Bas. 

Pour la cour, Siddick Chady ne peut attendre indéfiniment, car un délai doit être respecté entre le moment où une accusation provisoire et formelle est logée. Ce scandale avait éclaboussé le Parti Travailliste (PTr) à l’époque et Siddick Chady, ami intime du Premier ministre, avait été invité à prendre ses distances des rouges. Le ticket qu’il convoitait lui a échappé des mains.

Mais la Commission anti-corruption et les Casernes Centrales indiquaient déjà que le dossier pourrait être rouvert à tout moment et Siddick Chady inculpé de nouveau.