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Arrêté pour avoir insulté le DPM - Jean Marc Franchin: «Aucune liberté d’expression!»

7 juin 2023, 18:00

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Arrêté pour avoir insulté le DPM - Jean Marc Franchin: «Aucune liberté d’expression!»

Jean Marc Franchin a été arrêté, hier, par des «Field Intelligence Officers» pour vagabondage, suivant des injures proférées à l’encontre du Premier ministre adjoint Steven Obeegadoo et du «Deputy Chief Government Whip» Kenny Dhunoo lors d’un tournoi de football, dimanche à Résidence Malherbes.

Ce soudeur de Résidence Malherbes qui est défendu par Me Adrien Duval, a comparu devant la cour de Curepipe. La police n’a pas objecté à sa libération conditionnelle. Il a été libéré sous une caution de Rs 5 000 et a dû fournir une reconnaissance de dette de Rs 20 000.

Interrogé à sa sortie du tribunal, Jean Marc Franchin dit avoir laissé éclater sa colère face aux problèmes rencontrés par les habitants de ce quartier.

Il poursuit avoir élevé la voix afin de signaler l’absence d’éclairage adéquat lors des fonctions et ce jour-là même, les députés ont remis des trophées dans le noir.

«Je pense qu’il n’y a pas de liberté d’expression. Nous ne parvenons même pas à rencontrer le ministre. Des habitants de Résidence Malherbes ont aussi exprimé leur colère. Tout le monde était tendu. Au point où le DPM est vite reparti après avoir remis les prix. C’est un policier qui n’a pas été content que nous nous sommes exprimés», soutient-il. Jean Marc Franchin maintient qu’il ne les a pas insultés.

C’est un sergent de police présent sur les lieux, dimanche, qui a déposé plainte pour vagabondage le même soir vers 19 h 39 au poste de police d’Eau-Coulée.

Il a rapporté que lors de la remise des prix, alors que les invités étaient toujours présents, un homme identifié comme Jean Marc Franchin a proféré les propos suivants: «K…l… to pa finn fer nanie pou site, asterla to pe vinn la. To finn kraz lakaz malere lor Crownland. Bez l…k… ale».

Selon la police, elle n’a pas pu agir le jour même car le suspect s’était enfui et comme il y avait environ deux cents personnes du public présentes sur le terrain de football, ce dernier n’a pas pu être poursuivi et arrêté.

De son côté, Me Adrien Duval explique que c’est suite à ce qui s’est produit à la Résidence Malherbes dimanche après-midi que la police a appelé son client afin qu’il donne sa version des faits. «Il est catégorique qu’il n’a pas insulté ces personnes mais n’a fait qu’exercer son droit démocratique en exprimant ses critiques envers ses députés. Des habitants ont exprimé leur mécontentement quant à la situation actuelle dans leur région, notamment le report des élections municipales. Ce que je déplore, c’est le manque d’écoute des critiques alors que c’est un élément essentiel de notre démocratie que de pouvoir accepter les critiques de nos citoyens et de nos électeurs», a ajouté Adrien Duval.

Le cas Jean Marc Franchin n’est pas isolé. Il n’a pas été le seul à avoir été arrêté pour avoir exprimé haut et fort ce qu’il pense de son député.

Dans les deux cas, c’est la police qui a porté plainte contre des individus ayant exprimé leur mécontentement envers leur député.

Les infrastructures au jardin d’enfants méritent un «lifting» de même que le bâtiment qui accueille la maternelle municipale.

Dans un précédent cas, c’est le garde du corps du ministre Joe Lesjongard qui a porté plainte contre Dewraz Hurryman, un habitant de Montagne-Longue. Ce dernier a passé la nuit en cellule policière et a été accusé de vagabondage. Lors d’une cérémonie en présence du ministre des Services publics, le samedi 27 mai à Montagne-Longue, il a demandé à Joe Lesjongard : «Pourquoi parlez-vous anglais ici alors que nous sommes dans la cité ?»

Le policier l’a arrêté plus tard et l’a conduit au poste de police. Il est représenté par Me Neelkanth Dulloo et a comparu devant la cour de Pamplemousses le mardi 30 mai. Il a dû fournir une caution de Rs 3000 pour retrouver la liberté.

Résidence malherbes : Les deux visages d’une région ouvrière

Située à seulement dix minutes en voiture du centre-ville de Curepipe, la Résidence Malherbes est une région divisée. D’un côté, certains défendent l’idée qu’elle devrait offrir des perspectives d’avenir à la jeune génération, tandis que de l’autre, les habitants sont exaspérés par les promesses non tenues. Et dimanche dernier, cette colère longtemps contenue a éclaté au grand jour…

Sous le soleil curieusement éclatant à Curepipe, hier, la fraîcheur hivernale peine à se frayer un chemin à travers les rayons lumineux. À l’angle d’une rue, un vendeur sourit derrière son étal de plats cuisinés. Il propose une variété de fritures, allant des chana puri aux samoussas, en passant par les gato pima. Un peu plus loin, sous une boutique du quartier, discussions très animées, allant de la politique, au récent Budget, en passant par les prochains transferts dans les équipes de football étrangères, entre trois personnes âgées. Pourtant, ce quotidien anodin couve un conflit latent, selon un travailleur social.

Pour ce dernier, la Résidence Malherbes est décrite comme une cité ouvrière. «La plupart des habitants, artisans pour la plupart, quittent leur domicile tôt le matin et rentrent en fin d’après-midi. Beaucoup auraient aimé se défouler en pratiquant une activité sportive, mais le problème d’éclairage sur les terrains de football est omni- présent.» Malgré de nombreuses demandes pour remédier à ce problème, aucune solution concrète n’a été trouvée. «Nous disposons d’un centre pour les jeunes, mais il est fermé en soirée. Les habitants se sentent oisifs, ce qui engendre une frustration au sein de la communauté.» Et dire que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint, y a habité.

Le travailleur social révèle que, comme dans d’autres endroits du pays, cette région est confrontée à plusieurs fléaux. «La délinquance y est présente. De petits groupes se retrouvent souvent sous les boutiques ou aux intersections des chemins. Parfois, ces échanges se transforment en véritables altercations, avec des voisins se plaignant d’avoir trouvé des bouteilles écrasées devant leur porte, ou accusant ces personnes de faire trop de bruit.» Il ajoute qu’une demande a été faite en 2014 auprès du ministère des Sports pour la création d’une crèche destinée aux mères célibataires de la région. «Ce sujet a été évoqué lors du Budget 2015/2016, mais en 2023, sa construction est toujours en attente.»

L’école pré-primaire du quartier, tout comme le jardin d’enfants, sont pour leur part dans un sale état. Ensuite, que dire des promesses de construction de nouvelles maisons dans la région par le ministre du Logement et des terres ? «Il y a déjà un surplus de résidents et aucune solution n’est trouvée pour eux. Maintenant, on veut construire 200 nouvelles unités, ce qui ne fera qu’aggraver les problèmes.» Il se demande pourquoi le gouvernement ne fournit pas à la place des logements décents aux habitants de CHA post-Gervaise et post-Carol, de la Résidence Malherbes.

Seul moyen d’être entendu

«Sans parler de l’ouverture tant attendue du centre MUGA, dont la construction a débuté en 2017. Un terrain de volley et de basket a également été aménagé, mais tout est en piteux état. On nous dit que le Premier ministre n’a toujours pas fixé de date pour l’inauguration de ces infrastructures. Depuis quelques jours, on s’affaire à repeindre les installations et à désherber la zone. Peut-être qu’après toutes ces années, un créneau a enfin été trouvé !»

Selon lui, les voix des habitants se perdent dans la circonscription numéro 17. «Les élus viennent frapper aux portes les jours où personne n’est là. Pourquoi ne viennent-ils pas le weekend ou en soirée, quand les gens sont présents ?» Quant à l’incident survenu dimanche, notre interlocuteur est loin de condamner les actes. «Certes, le langage employé était inapproprié, mais quand on se sent ignoré, c’est peut-être le seul moyen d’être entendu.»

De son côté, Julio Mannoo, l’organisateur de l’événement sportif de dimanche dernier, déplore cet épisode. «Malherbes a beaucoup évolué, il règne une véritable joie de vivre dans la cité.»

Selon lui, cette région a souvent été stigmatisée. Face à cela, les jeunes ont décidé de prendre les choses en main. «Nous avons organisé la Curepipe Challenge Cup. La première édition, qui s’est tenue l’année dernière, a été un succès. C’est pourquoi nous avons décidé de renouveler l’expérience. L’objectif est de collecter des fonds pour acheter des chaussures pour l’équipe de football féminine.» Il a sollicité l’aide du Premier ministre adjoint, pour pouvoir obtenir des médailles, d’où la présence de Steven Obeegadoo sur le terrain dimanche.

«Il ne s’agissait en aucun cas de politique. Malheureusement, deux personnes ont quelque peu gâché la fête en proférant des insultes à l’encontre du ministre. Surtout devant les enfants, car cet événement leur était dédié.» Il espère que de tels comportements ne se reproduiront pas.