Publicité

Manish Beerjoo: «Roches-Noires a besoin de développement, mais pas au détriment de l’environnement, il faut trouver une solution»

4 juin 2023, 18:18

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Manish Beerjoo: «Roches-Noires a besoin de développement, mais pas au détriment de l’environnement, il faut trouver une solution»

Lors de la rencontre avec les habitants de RochesNoires, les esprits se sont échauffés. Vous étiez parmi ceux à exprimer leur colère. Pourquoi ?
Il faut savoir que Roches-Noires est divisé en trois parties. Il y a les propriétaires de campements, les villageois de toutes communautés confondues et la gated community. À chaque fois qu’il y a un projet de développement, l’environnement est mis en avant. Le prétexte d’alors était un sanctuaire d’oiseaux ; aujourd’hui, ce sont les wetlands. Je comprends. Déjà à la première réunion, j’avais dit qu’il faut faire un développement en harmonie avec l’environnement. Voilà qu’à la seconde réunion, la même équipe débarque. On en a eu ras-le-bol. Il y a un problème et on ne pourra pas faire de développement. Trouvez une autre solution. Depuis 1980, Roches-Noires essaie de se développer. Des écologistes arrivent et le projet ne se réalise pas. Je suis né et j’ai grandi ici. Cet endroit a besoin de développement, mais pas au détriment de l’environnement. Il faut trouver un consensus. Nous ne sommes pas aussi naïfs. C’est possible que le promoteur soit en train de nous embêter. Peut-être qu’une partie ne se réalisera pas. Mais quand on annonce un développement, il faut l’accueillir.

Pourquoi êtes-vous en faveur du projet ?
Depuis mon enfance, beaucoup de personnes d’autres régions rabaissent Roches-Noires à chaque fois. «Wé to res Roches-Noires twa?». Lors d’un développement, notre niveau de vie sera rehaussé. Nous aurons un certain statut. Les propriétaires de campement sont-ils les seuls habitants de Roches-Noires ? Les habitants de Roches-Noires n’ont pas accès aux informations techniques. Ceux qui sont contre le projet étaient nombreux. Ce n’est que lorsqu’on a commencé à nous exprimer que les autres ont commencé à élever la voix. Je suis enseignant. Ils parlent d’écologie, de la nature. Enfant, j’ai joué dans cette forêt. Je la connais du bout des doigts. Combien d’environnementalistes et d’écologistes sont venus la nettoyer ? Ont-ils pris la peine de venir collecter les déchets ? Saviez-vous que les gens d’autres régions viennent se débarrasser de leurs déchets ici ? Quelque part il y aura un contrôle avec ce projet de développement.

S’il n’y a pas eu de développement à Roches-Noires, ne pensez-vous pas que c’est parce que c’est un site naturel magnifique qu’il faut préserver ?
Comparé à avant, le taux d’alphabétisation à Roches-Noires a augmenté. Le nombre de ceux qui ne sont jamais allés à l’école est bien minime. Il y a d’autres façons de développer ce lieu. Si j’étais conseiller du village, j’aurais proposé que cette région soit développée comme village touristique. Les propriétaires de campement disent qu’ils sont des habitants. Combien de fois sont-ils venus dans le village pour aider les habitants ? Leur donner un coup de main ? Nous aider socialement ? On ne les voit jamais.

Avec ce projet, ils n’auront pas de tranquillité. Ils parlent des bassins. Vont-ils les nettoyer ? Savez-vous que des gens viennent écraser des bouteilles et se débarrassent de leurs détritus dans ces bassins ? Il faut préserver l’état naturel de ce lieu. C’est ce qu’a dit le promoteur. Il n’y aura aucune construction dans la zone tampon qui fait au minimum 30 mètres. Mais il y a une superficie de 859 arpents. Ce sont tous des wetlands ? Sur la route B15, celle de Bras-d’Eau, il y a une usine fermée. S’il y a un projet de centre commercial, les habitants vont bénéficier et le promoteur pourra réaliser son projet. Depuis 1980, il y a eu des promoteurs chinois, sud-africains et français. Il n’y aura jamais de développement dans la région ? Les habitants ne resteront que des pêcheurs ? Grand-Baie a été construit sur des marécages. Pourquoi à cette époque les écologistes n’ont pas protesté ? Nous sommes conscients que cette zone (NdlR: Roches-Noires) est sensible. Tou zafer ena enn solisyon.

Quelle alternative proposez-vous ?
Comme je l’ai dit, le promoteur, les habitants et les écologistes doivent s’asseoir autour d’une table et examiner le projet. Les opposants disent qu’il ne faut pas bétonner. Trouvez un autre endroit sur ce terrain de 859 arpents ? Bras-d’Eau a été décrété parc national. Isi osi pu vinn park nasyonal ? Il faut trouver le juste milieu.

Pensez-vous que les écologistes ont tort de vouloir faire barrage à tout développement dans cette région ?
Comme je l’ai dit, les habitants iront à la pêche toute leur vie ? Leurs enfants aussi deviendront des pêcheurs ? Sur la plage, les propriétaires de campement sont en train de détruire leur ancien campement pour construire de grands bâtiments. Pendant la haute saison, ils sont absents. Il existe trois passages pour se rendre à la plage qui sont tous obstrués. Certains y jettent leurs détritus pour bloquer l’accès. Ils parlent de wetlands. Elles ne sont pas partout. Dans ce cas, il faut bouger tous les habitants de Roches-Noires parce que le village se trouve sur des wetlands. Chez moi, il y a des caves tout autour. Mo pa pé viv ? Kot mo voizin éna lakav avek délo.

Comment voyez-vous votre village dans 40-50 ans ?
J’aimerais qu’on ait des facilités sportives, pour nos enfants. Cet espace en face de l’usine abandonnée peut accueillir un hôpital, un centre commercial dont les habitants profiteront. Pourquoi sommes-nous des citoyens de seconde catégorie ? Les régions urbaines ont toutes les facilités.