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Retour sur les lieux du… L’Amicale: le choc

28 mai 2023, 22:05

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Retour sur les lieux du… L’Amicale: le choc

Dans cette rubrique hebdomadaire, nous revenons sur des disparitions, des faits divers ou des crimes qui ont été perpétrés il y a plusieurs semaines, mois, voire des années... Des drames qui ont marqué les esprits et bouleversé des vies à jamais..

Le pays tout entier a été plongé dans l’horreur le dimanche 23 mai 1999. Tout a commencé après le match opposant la Fire Brigade au Scouts Club. Des incidents ont été signalés au stade Anjalay à Belle-Vue. De nombreuses personnes ont été blessées et plusieurs bâtiments de la capitale, ainsi que le poste de police de Pope Hennessy, ont été pris d’assaut. Selon les articles de presse, des véhicules et des champs de cannes ont également été endommagés et incendiés. Mais ce qui restera à jamais gravé dans la mémoire des Mauriciens, c’est la mort tragique de sept personnes qui se trouvaient à l’intérieur de la maison de jeu l’Amicale, située rue Royale à Port-Louis.

La Une de l’express du 24 mai 1999 glace le sang. Le pays se réveille sous le choc. «Hier soir à l’Amicale de Port-Louis – six morts dans un incendie après le match Fire-Scouts.» Six morts, c’était le dernier bilan communiqué par les autorités à 00 h 15. Ils avaient été extraits des décombres sous les regards de centaines de personnes massées autour du lieu du drame qui avait pris feu vers 19 heures. Le président de la République de l’époque, Cassam Uteem, s’était exprimé en se disant «atterré» par ces événements. Au total, sept personnes ont péri dans cet incendie. Il s’agit de Yeh Ling Lai Yau Tim (35 ans) et ses deux filles, Catherine (6 ans) et Eugénie Louise (2 ans), ainsi que Jean-Noël Law Wing (34 ans), Mohamed Fawzee Abdool Hakim (42 ans), Babooram Luckoo (69 ans) et Jeanette Ramboro (26 ans), qui était enceinte de huit mois.

La police s’est rapidement mise au travail et a conclu quelques jours plus tard que cet acte était «intentionnel et prémédité». Selon elle, la maison de jeu l’Amicale avait été attaquée par des cocktails Molotov le dimanche fatidique. Mais avant cela, les auteurs de ce crime odieux auraient alerté les personnes présentes autour de l’Amicale afin qu’elles évacuent les lieux. Au 27 mai 1999, la police avait déjà interpellé 25 personnes qui pourraient être liées à l’incendie meurtrier.

Le 28 mai 1999, le pays se mobilise pour un deuil national. Les funérailles de Yeh Ling Lai Yau Tim, ses deux filles Catherine et Eugénie Louise, et de Jean-Noël Law Wing ont lieu à Port-Louis. Le monde des affaires demande à ses employés d’observer quelques minutes de silence, et une manifestation silencieuse est organisée dans la capitale, invitant les Mauriciens à y participer. Comme le témoigne la une de l’express du 29 mai, des centaines de milliers de personnes y répondent présentes (l’express fait état de 100 000 personnes massées à Port-Louis). «Tout Port-Louis s’est éteint pour laisser passer les dépouilles des quatre victimes (...) la foule, composée de personnalités et d’anonymes venus de plusieurs régions du pays, a suivi le cortège dans un silence de mort», peut-on lire en Une. Il convient de noter que les funérailles des trois autres victimes avaient déjà eu lieu le 24 mai.

Le 20 novembre 2000, le couperet tombe : «Prison à vie pour les quatre accusés de l’affaire l’Amicale», titre l’express le lendemain (21 novembre 2000). Les frères Sheik Imran et Khaleeloodeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keramuth et Muhammad Shafeek Nawoor sont condamnés à la réclusion à perpétuité, bien qu’ils aient tous clamé leur innocence lors du procès. Les jurés les ont néanmoins reconnus coupables de crime d’incendie ayant causé la mort de sept personnes. Ces derniers avaient été arrêtés le 17 juin 1999 et étaient en détention depuis.

Les quatre condamnés continueront de clamer leur innocence depuis leur cellule et entameront plusieurs batailles judiciaires. Ils demanderont la réouverture de l’enquête et feront appel à la commission de grâce présidentielle pour réduire leur peine de prison. Trois des condamnés se tourneront également vers le Privy Council. En octobre 2015, leur peine de réclusion à perpétuité sera commuée en 18 ans de prison. Leur cauchemar prendra fin le 23 août 2018, 19 ans plus tard, lorsque les quatre condamnés recouvreront enfin leur liberté, suite au rapport de la commission de grâce présidentielle et à l’intervention du président de la République de l’époque, Barlen Vyapooree.

À noter qu’à l’origine, les frères Sheik Imran et Khaleeloodeen Sumodhee, Abdool Naseeb Keramuth et Muhammad Shafeek Nawoor devaient être libérés le 17 mars 2019, mais leur avocat, Mᵉ Rama Valayden, avait évoqué une erreur de calcul dans le nombre de jours de détention. Après leur libération, des sources aux Casernes centrales avaient indiqué que l’enquête ne serait pas rouverte et que l’affaire avait été classée. La raison : quatre personnes avaient été déjà été reconnues coupables en cour d’assises..