Publicité

Municipales dans le coaltar : à part l’asphaltage des rues, à quoi donc servent les élus ?

28 mai 2023, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Municipales dans le coaltar : à part l’asphaltage des rues, à quoi donc servent les élus ?
  • Découvrez le montant de leurs salaires

L’annonce a provoqué un tollé. Les municipales ont été renvoyées à 2025. Au milieu de la controverse, des questions : à quoi servent ces personnes qui régissent nos mairies ? Combien d’argent touchent-ils ? Qui finance les projets ?

Le renvoi des élections municipales et les débats entourant la réforme de la Local Government Act de 2011 ont suscité des débats houleux ces derniers jours. Cela soulève la question du rôle des maires, adjoints au maire, conseillers municipaux et autres acteurs impliqués. Que font-ils réellement ? Comment sont-ils rémunérés et comment financent-ils leurs projets ?

«Administrativement, nous sommes responsables de la gestion de la ville. La municipalité est chargée de son fonctionnement quotidien. Lors des conseils, nous votons sur des projets présentés par les citoyens aux élus. Par exemple, si un équipement sportif manque ou s’il y a un problème d’éclairage ou d’asphaltage, l’élu présente ce projet au conseil. Il agit en tant que porte-parole du quartier pour lequel il a été élu, mais aussi pour la ville», explique Hans Margueritte, qui était maire de Curepipe jusqu’à sa démission hier. De l’aube jusqu’au crépuscule, la mairie assure la collecte des déchets, l’éclairage, l’asphaltage des rues et l’embellissement du quartier, contribuant ainsi au bienêtre des citoyens.

Le conseiller municipal intervient également en cas de dysfonctionnement des services. Outre le maire et son adjoint, la municipalité de la ville lumière compte 18 autres conseillers. Il en va de même pour Quatre-Bornes, qui dispose de cinq «wards». À la municipalité de Port-Louis, on dénombre 32 membres du conseil, y compris le Lord-maire et son adjoint. «Dans l’ensemble, nous sommes là pour la ville. Nous travaillons à travers différents comités. C’est du boulot», assure Ramluckhun, qui était adjoint au maire de la ville des fleurs jusqu’à sa démission hier. Selon un ancien maire, les élus municipaux veillent au bon déroulement des projets en cours dans la ville et en proposent de nouveaux. Dans le rapport annuel de la mairie de Beau-Bassin/RoseHill de 2018/2019, on recensait 24 conseillers au total. Un nombre similaire a été rapporté pour la municipalité de Vacoas/Phoenix dans son rapport annuel de 2019/2020.

S’agit-il d’une fonction à temps plein ? Les élus municipaux peuvent-ils exercer une autre activité professionnelle en parallèle ? Selon Hans Margueritte, ils en ont le droit, conformément aux «standing orders». Cependant, occuper le poste de maire nécessite une disponibilité à temps plein, comme le confirme Dooshiant Ramluckhun. «Chacun a son métier à côté, mais cette fonction est exigeante. Depuis notre arrivée en 2015, nous y consacrons tout notre temps», soutient-il.

De plus, précise Hans Margueritte, les élus municipaux ne perçoivent pas de salaire, mais plutôt une allocation. «Nous devons prendre des décisions avec un Chief Executive. Dès mon arrivée le matin, je suis confronté à toute la paperasse, les décisions de la ville, les demandes, les documents nécessitant des signatures. Chaque semaine, nous avons une dizaine de comités présidés par des conseillers. Ces unités s’occupent de la construction, des infrastructures, notamment l’asphaltage, les drains, etc., ainsi que des services de santé, dont l’entretien des voies publiques et des marchés, entre autres. Chaque conseiller se voit attribuer des tâches pour accélérer le travail.»

Les projets municipaux doiventils nécessairement obtenir l’aval des autorités ? Selon le maire de Curepipe, l’État intervient pour le financement. «Nous avons le droit de prendre des décisions. Ensuite, nous sollicitons des financements auprès des autorités et obtenons leur approbation, car pour les gros projets, nous ne pouvons pas être certains que la mairie seule pourra les financer», ajoute Hans Margueritte. Les deux entités – la municipalité et le gouvernement central – doivent collaborer. Le ministère de tutelle doit également être informé des projets concernés.

Dooshiant Ramluckhun explique qu’une synergie entre les mairies et l’État est essentielle. «La motion pour tout projet est soumise au conseil municipal, puis les choses progressent au Local Government pour approbation», affirme-t-il. Pour les projets d’envergure, la National Development Unit apporte son soutien. Selon un ancien maire, le financement provient principalement de l’État, d’autant que la taxe municipale a été réduite. «La taxe appliquée aux commerces est insuffisante. Les grandes entreprises paient un peu plus», confie-t-il.

Le portefeuille 

<p>Le budget est élaboré par le département des finances de la mairie. Il est basé sur les dépenses telles que les salaires des employés, la sécurité, l&rsquo;entretien des centres, les infrastructures, etc., ainsi que sur les recettes telles que la taxe municipale, les loyers des terrains loués et les éventuelles subventions. En ce qui concerne l&rsquo;abolition de la taxe municipale, quelles activités sont toujours assujetties à cette taxe ? En réalité, selon Hans Marguerite, la première maison d&rsquo;un citadin est exemptée de la taxe. En revanche, s&rsquo;il possède une deuxième résidence, celle-ci sera soumise à une taxe qui peut aller jusqu&rsquo;à Rs 1 200. Parallèlement, les bâtiments commerciaux sont assujettis à cette taxe, qui commence à partir de Rs 5 000 en fonction de la superficie. Le budget annuel de la mairie de Curepipe s&rsquo;élève à 280 millions de roupies. Pour Port-Louis, les recettes étaient supérieures à Rs 1 046 822 268 et les dépenses opérationnelles s&rsquo;élevaient à Rs 1 544 263 115 en 2021/2022, selon le rapport annuel de la mairie.</p>

<p><strong>Parlons sous</strong></p>

<p>Selon un ancien maire, les conseillers municipaux n&rsquo;étaient pas rémunérés pour leur poste au sein du conseil. Après 2008, une demande en ce sens a été formulée. L&rsquo;Association of Urban Authorities avait travaillé sur le projet. Par conséquent, ils ont commencé à percevoir une rémunération. Combien touchent-ils ? Selon Hans Margueritte, maire de Curepipe, l&rsquo;allocation d&rsquo;un conseiller s&rsquo;élève à environ Rs 11 000 mensuellement. L&rsquo;adjoint au maire perçoit environ Rs 22 000 et le maire, environ Rs 39 500 par mois. Selon le rapport de la mairie de Port-Louis pour l&rsquo;exercice financier 2021/2022, l&rsquo;allocation annuelle du Lord-maire s&rsquo;élevait à Rs 537 155, tandis que celle pour le téléphone était de Rs 24 000.</p>

<p>L&rsquo;allocation de déplacement était de Rs 143 124 par an. Les frais du Permits Business and Monitoring Committee (PBMC) se chiffraient à Rs 124 740 pour 2022. Quant à l&rsquo;allocation de l&rsquo;adjoint au Lordmaire, elle était de Rs 321 235. Pour les autres conseillers, la rémunération annuelle variait entre un peu plus de Rs 100 000 et Rs 200 000. À Quatre-Bornes, le rapport annuel 2019/2020 concorde avec les montants mentionnés par Hans Margueritte, soit Rs 39 575 par mois pour le maire, une allocation téléphonique mensuelle basée sur des cartes prépayées d&rsquo;une valeur de Rs 2 000 et une allocation essence de Rs 13 000 par mois. Pour les conseillers membres de l&rsquo;Executive Committee, le montant était de Rs 14 050, et pour les conseillers en général, de Rs 11 970. Quant aux conseillers membres du PBMC, leur rémunération était de Rs 890 par séance, indique le rapport de la ville des fleurs.</p>