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Écologie: Sheran Jaddoo se recycle

23 mai 2023, 21:30

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Écologie: Sheran Jaddoo se recycle

Son initiative est originale. Ce quadragénaire souhaite développer un projet écologique afin d’aider les autres. Ancien toxicomane, Sheran Jaddoo, qui occupe actuellement le poste d’«Associate Systems Administrator», s’est investi en tant que bénévole pour les Nations unies et l’association SOS Papa. Au fil du temps, il a développé une passion grandissante : le recyclage des déchets.

«Tout a commencé lorsque j’ai quitté le centre d’accueil de Terre-Rouge en 2019. J’étais plongé dans la toxicomanie depuis l’âge de 17 ans. Avec l’aide de mes parents et de mon petit frère, j’ai réussi à m’en sortir. Je suis sobre depuis quatre ans et j’ai dû recommencer ma carrière», déclare Sheran Jaddoo, âgé de 42 ans. Alors qu’il aidait son père dans la cour de leur maison, l’idée lui est venue d’acheter un broyeur pour les déchets verts. Il s’est ensuite dit qu’il pourrait en faire de même pour ses voisins. C’est ainsi que sa passion pour l’écologie a germé.

Sheran fait le tri dans sa vie, mais tout n’est pas rose. Divorcé, il rencontre des difficultés pour voir sa fille. Développeur web et graphiste, il a travaillé en tant que Software Engineer et occupe actuellement le poste d’Associate Systems Administrator. Il partage son projet et ses problèmes avec le responsable de SOS Papa, l’association avec laquelle il collabore bénévolement. Au fil du temps, il s’implique également auprès des Nations unies. «Cela m’a motivé à créer une entreprise spécialisée dans le social. L’objectif est de réinvestir les bénéfices dans d’autres ONG que je souhaite soutenir, notamment celles dédiées aux enfants abandonnés, aux autistes et aux droits des pères.»

Ritesh Roopnauth, Mujahid Emambokus et Sheran Jaddoo lors du concours LaunchPad en 2022.

Depuis avril 2022, Sheran a participé à plusieurs initiatives telles que Climate Launch Pad, Tech4Good et StartUp Week End Global. Au cours des onze dernières semaines, il a travaillé en collaboration avec Trampoline. «Jean Deodat, un ami de mon père basé à La Réunion, a décidé de me soutenir. L’entreprise sociale, qui sera baptisée Biocash ou Second life, se concentre sur un défi majeur pour Maurice : le traitement des déchets volumineux. La moitié de ceux-là peut être compostée, mais personne ne semble motivé à le faire. Nous cherchons à comprendre pourquoi», explique Sheran. Selon lui, les Mauriciens devraient pouvoir trier les déchets dès leur source. Le projet inclut également le contact avec des agriculteurs qui utilisent des engrais importés.

De son côté, Jean Deodat indique avoir rencontré Sheran Jaddoo en août 2022. Membre de l’Association de conservation et du vivant à La Réunion, il affirme que, à partir de 2024, il sera obligatoire de composter les déchets biodégradables. C’est pourquoi il s’intéresse au projet mauricien. «À l’origine, Sheran Jaddoo voulait démarrer cette initiative de tri et de compostage avec les particuliers. Cependant, cela nécessitera une éducation complète, en commençant par les élèves, les universitaires, ainsi que toutes les familles mauriciennes», déclare Jean Deodat, son partenaire pour cette initiative. Ils ont également décidé de cibler les hôtels et les touristes.

En effet, selon Sheran Jaddoo, certains acteurs du secteur hôtelier et du tourisme contribuent à la surcharge de notre décharge au lieu d’enrichir la terre pour la culture de légumes et de fruits. Par conséquent, le renforcement du tri des biodéchets dans ces établissements sera mis en place en intégrant différents éléments. «Nous les récupérerons afin de les valoriser en les recyclant, par exemple, en compost. De plus, nous encouragerons nos agriculteurs à réduire leur utilisation excessive d’engrais chimiques importés.»

Selon Jean Deodat, à l’île sœur, le traitement des déchets se fait principalement par incinération ou enfouissement. «C’est justement une opportunité pour l’île. À Maurice, certaines idées progressent. Si les gens prennent davantage conscience des effets du changement climatique, cela créera un mouvement», souligne-t-il. D’ailleurs, à La Réunion, la stratégie écologique est solidement ancrée, avec notamment des jardins communautaires.

En tout cas, Sheran Jaddoo est déterminé à agir. Outre le secteur hôtelier, il a identifié les problèmes auxquels sont confrontées les municipalités. Nos villes, en particulier Curepipe, sont infestées de rats et de cafards. Il y a aussi l’odeur nauséabonde des déchets d’animaux. «Je suis aligné sur les objectifs de développement durable des Nations unies (UNSDG) 11 et 13 (villes et communautés durables / impact climatique). La finalisation de mon stage d’incubation auprès de Trampoline donnera plus de crédibilité à l’Organisation des Nations unies pour obtenir des financements afin de concrétiser le modèle économique de l’entreprise sociale», affirme-t-il.

Le projet repose sur deux solutions : réduire le nombre de biodéchets et orienter les agriculteurs vers une culture organique. Une initiative qu’a acceptée Trampoline. «Je soumets ces projets de recherche sur ces problématiques sur le portail unv.org et j’essaie d’obtenir des fonds pour les ONG. J’expose ces préoccupations à ceux qui sont impliqués dans les OSDN et l’égalité des genres, entre autres», déclare-t-il. La promotion de l’économie circulaire, la récupération et la proposition d’alternatives aux agriculteurs qui recherchent une culture écologique raisonnée sont également des points majeurs de son engagement. Ainsi, ils pourront enrichir leurs terres agricoles et offrir davantage de légumes biologiques sur le marché local, conclut Sheran.