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Anse-Jonchée: la désolation et le traumatisme hantent la famille Clarisse

16 mai 2023, 18:00

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Anse-Jonchée: la désolation et le traumatisme hantent la famille Clarisse

Scène de consternation dans le petit village d’Anse-Jonchée, dans le sud-est de l’île. Des pans de béton jonchent le sol. La boue s’est encastrée dans les maisons, abîmant meubles et appareils électroménagers. Un chien est mort. Cela, après l’effondrement d’un mur qui a secoué la famille Clarisse. Ses membres, vingt-quatre heures après, sont toujours en état de choc.

Le sol est couvert de boue et de débris de béton. Plusieurs personnes s’activent, profitant du soleil, pour enlever le maximum de meubles et d’appareils électroménagers de la maison de la famille Clarisse. Un prélart a même été dressé devant la porte afin d’y entasser ces objets. Deux petits chiens, assis sagement devant l’entrée, observent le va-et-vient. L’un d’eux a été sauvé, le matin même, par les autorités. L’ambiance est morose. En regardant ce qui reste du mur du voisin, Cevrrio Clarisse secoue la tête. Il revient de loin. «C’est la deuxième fois que nous voyons autant d’eau, mais c’est la première fois qu’elle a tout détruit sur son passage. Nous sommes encore en état de choc.»

Le jeune homme s’inquiète pour ses parents. «Avec la pluie qui tombait abondamment, ma maman a libéré les chiens. Si elle avait tardé quelques minutes, le mur aurait pu lui tomber dessus. Ma nièce de huit ans aurait pu se noyer à l’intérieur de la maison. Elle a appelé à l’aide et c’est à ce moment que mon père a foncé dans la maison pour la secourir.» Ces tristes événements passent en boucle dans sa tête. «Il n’a fallu qu’une trentaine de minutes pour que le mur cède. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à zéro.» La cause de leur malheur : le mur construit par le voisin du haut. «Ce mur a été mal placé et aurait pu nous coûter la vie. À plusieurs reprises, nous nous sommes entretenus avec ce voisin, sans succès. Il est établi en France, et ne sera à Maurice qu’à partir de vendredi.»

Un grand nettoyage s’impose même si le cœur n’y est pas.

Notre interlocuteur ajoute que hormis l’installation du mur, il y a aussi un drain qui a été obstrué par un grillage. «Avec la puissance de cette eau boueuse et des roches qui ont dévalé la montagne, ce drain a été obstrué, déviant l’eau davantage vers ce mur.» Le jeune homme lance un message aux autorités. «Qu’elles surveillent ceux qui construisent des murs afin que ces derniers soient aux normes. Nous ne voulons pas que d’autres personnes subissent ce traumatisme.» D’autant que dimanche, aucun communiqué de fortes pluies n’avait été émis. «Mes parents se sont accordés une semaine de repos pour essayer de tout remettre en ordre. Mais la crainte est toujours présente dans nos esprits.»

Cevrrio Clarisse n’est pas le seul à ne pas avoir fermé l’œil dimanche. C’est aussi le cas de son cousin Wayne Clarisse, qui habite une dizaine de mètres plus loin. Il est tout aussi perturbé par tout ce qui s’est produit. «Quand la pluie a commencé à tomber, ma mère nous a dit de ramasser nos vélos qui se trouvaient à l’arrière de la maison. Mon grand frère et moi, nous avons juste entendu un grand bruit et nous avons vu l’eau boueuse, accompagnée des morceaux du mur et des grosses roches, s’engouffrer dans notre cour. Mon frère a été emporté jusqu’au seuil de la porte d’entrée, alors que moi, j’ai sauté par-dessus le mur à l’entrée.» Il se demande encore où il a trouvé la force de le faire. «Notre chien a été soulevé et emporté par les eaux. Mon frère a tout fait pour le secourir, en vain.»

Wayne Clarisse est encore sous le choc, 24 heures après.

Wayne Clarisse ajoute que tout cela s’est produit en l’espace de quelques minutes. «Ma maman et ma sœur se trouvaient dans la cuisine. L’eau est montée et a recouvert la fenêtre et, d’un coup, elle a brisé la vitre avant de pénétrer dans la pièce, transportant ma mère et ma sœur dans une autre pièce. Elles ont dû lutter pour sortir de la maison.» Le jeune homme est encore tout retourné par ce qui est arrivé à sa famille. «Aujourd’hui, les autorités nous disent que c’est à nous d’enlever les roches et le béton qui jonchent le sol de notre maison…»

Heureusement, ils peuvent tous compter sur Ravin Teeluck, membre du conseil de district. «Nous sommes encore choqués par ce qui s’est passé. D’habitude, la pluie n’affecte personne, mais hier (NdlR, dimanche), c’était une catastrophe.» Il espère que le projet que les autorités comptent mettre en place permettra d’éviter ce genre de situation. «Il y a un projet de drains qui sera fait sur la montagne. Nous avons eu plusieurs rencontres pour en parler avec les députés et PPS.» En attendant, la famille Clarisse souhaite pouvoir surmonter ce traumatisme.