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Pianiste, compositeur et accordeur de piano: Sébastien Domingue, au bout du rêve de «classéga»

26 avril 2023, 16:00

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Pianiste, compositeur et accordeur de piano: Sébastien Domingue, au bout du rêve de «classéga»

Le piano à queue sur lequel Anna Krempp – une des quatre artistes du spectacle vivant Equinoxes – jouera demain, jeudi et vendredi soir au Château Labourdonnais, de même que dimanche après-midi, appartient au pianiste, compositeur et accordeur de piano Sébastien Domingue. Ce jeune Mauricien, à la tête de son entreprise Philharmonia, est aussi compositeur. Entre musiques de films et «classéga», contraction entre musique classique et séga, son cœur balance.

Sans vous en rendre compte, vous avez certainement dû entendre une des compositions de «classéga» de Sébastien Domingue. En effet, la première composition de ce trentenaire, diplômé en accordage de piano, intitulée Warriors, a été jouée lors de la célébration de l’Indépendance en 2007 au Champ-de-Mars. L’arrangement musical de La Rivière Tanier pour ensemble de musique en chambre, joué à l’occasion du 25e anniversaire d’Emtel au Swami Vivekananda, c’était aussi lui. Arrangement musical qui a été subséquemment repris au cours d’un des dîners annuels de la Banque de Maurice, d’une Journée de la musique et lors d’une cérémonie marquant l’anniversaire de l’abolition de l’esclavage. Au cours de la première édition de Port-Louis by Light, en décembre 2015, la mélodie jouée au jardin de la Compagnie était de son cru. On lui doit aussi l’hymne de la Mauritius Revenue Authority.

La musique chez Sébastien Domingue est de famille. Son arrière grand-mère maternelle jouait de l’orgue et sa grand-mère paternelle du piano. Son père lui a offert un clavier et, à quatre ans, il a commencé à en jouer à l’oreille. Il a ensuite pris des cours de piano avec Clément Cangy et a intégré le conservatoire François Mitterrand vers l’âge de 11 ans. Le piano étant en grande demande dans cet établissement, pour avoir la chance d’intégrer le conservatoire, il a donné comme options préférentielles le violon, le piano et les percussions. Il s’est retrouvé dans le cours de percussions.

Loin d’en être contrarié, Sébastien Domingue s’est appliqué et les percussions qu’il a apprises pendant quatre ans, de même que le solfège, lui ont permis de comprendre le rythme pour composer la musique. À partir de là, il s’est mis à faire des recherches personnelles sur le net sur la façon dont les illustres musiciens de musique classique composaient. Il a embrayé avec quatre ans de piano, d’abord enseigné par Claudie Ricaud, la directrice de l’établissement, puis par Guy-Noël Clarisse, violoniste de l’Ensemble 415.

S’il fréquentait régulièrement le conservatoire lorsqu’il faisait sa Form VI au collège Saint-Andrews, quand il a complété sa scolarité secondaire, il y allait tous les jours, jouant du piano chaque jour pendant six heures. En 2004, il a commencé à composer des mélodies. À partir de là, il a pris le pli. Ses recherches en vue de composer du «classéga» ont commencé à l’issue d’une conversation avec son oncle, le photographe de renom Pierre Argo. «Il m’a suggéré de faire une symphonie de séga. Si au départ je trouvais l’idée farfelue, quand Emtel m’a approché pour composer son hymne, j’y ai pensé sérieusement et je me suis mis au travail.» Le «classéga», explique-t-il, c’est du séga symphonique, soit une structure de musique classique intégrant une sonorité de séga moderne.

Mais, de tous les genres musicaux existants, ce sont les musiques de films qu’il apprécie le plus, sa préférence allant pour celles composées par John Williams, notamment pour les films Indiana Jones, Jurassic Park, Star Wars et Harry Potter. «J’aime John Williams pour sa complexité et sa richesse harmoniques, et sa palette de couleurs orchestrales qui sont incroyables.»

Depuis maintenant sept ans, Sébastien Domingue, qui est diplômé en accordage de piano à l’issue d’un cours de trois ans financé par le conservatoire et l’Unesco et sanctionné par un examen final, a ouvert son entreprise qu’il a baptisée Philharmonia. Les services qu’il propose sont l’accordage, la réparation et la restauration de pianos, de même que des cours de piano à domicile.

En début d’année, Véronique Fanchette l’a contacté et lui a parlé de son projet de spectacle Equinoxes en hommage à son père disparu, le poète Jean Fanchette. Elle avait besoin d’un piano à queue et des services d’accordage. C’est donc l’instrument de Sébastien Domingue qui a été acheminé par camion sur la pelouse du Château Labourdonnais lundi après-midi et que le trentenaire a accordé hier matin en vue des représentations. Il se charge aussi des services annexes.

Sébastien Domingue rêve de composer une musique de film. Il précise d’ailleurs que William Ross, celui qui a composé la musique du film mauricien The Blue Penny du réalisateur Jon Rabaud, était dans sa classe au conservatoire.

Sébastien Domingue a actuellement dans sa besace un morceau de «classéga» de 22 minutes intitulé Nu Zistwar qu’il espère bientôt enregistrer. Cela demandera un soliste au piano et l’accompagnement d’un orchestre complet, qui n’est pas toujours facile à trouver à Maurice car «les musiciens ne sont pas habitués à lire le séga». «Mais cela viendra. Je suis quelqu’un de très optimiste.» En attendant, son producteur Kenny Léonore prend des contacts pour voir comment ce morceau peut être enregistré à l’étranger.

Sébastien Domingue voit grand. Il rêve les yeux ouverts de composer un ballet en «classéga». Pour cela, il devra s’équiper en conséquence, ses deux ordinateurs Mac ayant fait leur temps. «Pour composer pour un ensemble orchestral, il faut un ordinateur très puissant, du genre Mac Studio. Mais cet ordinateur ne coûte pas un sou.» Il ne fait pas l’ombre d’un doute qu’il saura trouver les moyens pour s’en équiper. Car ce que l’homme veut, Dieu le veut…