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Ukraine: Macron appelle Xi à «ramener la Russie à la raison»

6 avril 2023, 16:59

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Ukraine: Macron appelle Xi à «ramener la Russie à la raison»

Emmanuel Macron a déclaré jeudi à son homologue chinois Xi Jinping qu'il comptait sur lui pour «ramener la Russie à la raison» vis-à-vis de l'Ukraine, les deux dirigeants appelant à des pourparlers de paix.

«Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations», a affirmé le chef de l'Etat français à M. Xi lors d'une rencontre bilatérale à Pékin.

Les deux dirigeants ont appelé à des pourparlers de paix et rejeté tout recours à l'arme nucléaire.

Il faut «une reprise des discussions au plus vite pour bâtir une paix durable», a affirmé M. Macron, Xi Jinping plaidant pour «une reprise des discussions de paix le plus tôt possible».

Le chef d'Etat chinois a estimé que «les armes nucléaires ne peuvent pas être utilisées» et a condamné toute «attaque contre des civils» ainsi que tout «usage d'armes biologiques et chimiques, sous aucune circonstance».

Même tonalité chez le président Macron. Il a rappelé qu'il fallait «qu'évidemment le nucléaire soit exclu totalement de ce conflit».

«A cet égard, chacun doit être rappelé à ses devoirs, en particulier la Russie qui a annoncé l'autre jour vouloir déployer en Biélorussie de telles armes, ce qui est non conforme aux engagements pris à vos égards, à nos égards et au droit international», a-t-il ajouté, dans des déclarations devant la presse, à l'issue de leur entretien.

D'une durée d'une heure et demie, ce dernier a été qualifié de «franc et constructif» par la présidence française.

«Temps troublés»

Par la suite, une réunion trilatérale a débuté en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, également à Pékin, qui donnera une conférence de presse dans la soirée.

Au centre des discussions, encore une fois: la guerre en Ukraine.

Reçu dans la matinée par le Premier ministre Li Qiang, M. Macron «a évoqué le conflit en Ukraine», selon la présidence française. «Dans ces temps troublés que nous traversons», il a souligné «l'importance» du «dialogue entre la Chine et la France».

Ces dernières semaines, la pression internationale est montée d'un cran sur la Chine pour l'inciter à s'impliquer pour la paix en Ukraine.

Jeudi toutefois, le Kremlin a exclu la possibilité d'une médiation chinoise pour stopper les combats en Ukraine, car «la situation avec l'Ukraine est complexe, il n'y a pas de perspective de règlement politique».

Si Pékin se dit officiellement neutre, Xi Jinping n'a jamais condamné l'invasion russe ni même parlé au téléphone avec son homologue ukrainien Volodomyr Zelensky.

A l'inverse, il s'est rendu il y a peu à Moscou pour y réaffirmer son partenariat avec le président russe Vladimir Poutine, aux allures de front anti-occidental.

Différence de ton

«Pour l'instant, on est, du côté chinois, dans des déclarations extrêmement classiques», a réagi jeudi auprès de l'AFP Antoine Bondaz, chercheur au sein du groupe de réflexion français Fondation pour la recherche stratégique.

«La Chine n'a clairement pas bougé. L'objectif, c'est que la Chine fasse ce qu'elle dit, ce qui n'est pas le cas pour l'instant», juge-t-il.

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a l'ambition d' «être une voix qui unit l'Europe», raison pour laquelle il dit avoir convié la présidente de la Commission européenne à l'accompagner.

Mais les deux vont-ils adopter le même ton?

Au premier jour de sa visite d'Etat de trois jours, le président français a estimé mercredi que Pékin pouvait jouer un «rôle majeur» pour «trouver un chemin de paix» en Ukraine.

Ursula von der Leyen a elle lancé une mise en garde nettement plus sévère la semaine dernière à Bruxelles: «La manière dont la Chine continuera de réagir face à la guerre de Poutine sera un facteur déterminant de l'avenir des relations entre l'UE et la Chine».

Cette visite survient à un nouveau moment de tension autour de la question de Taïwan, juste après la rencontre, aux Etats-Unis, entre la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen et le président de la Chambre américaine des représentants, le républicain Kevin McCarthy.

«Mesures fermes»

Jeudi, Pékin a promis des «mesures fermes et énergiques» et les autorités de l'île ont aussitôt annoncé avoir détecté trois navires de guerre et un hélicoptère anti-sous-marin chinois à proximité.

La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle entend ramener à terme dans son giron.

Le déplacement du président Macron, qui vise à renouer le dialogue en face-à-face après trois ans à distance en raison de la crise sanitaire, aura un important volet économique: il est venu avec plus de 50 chefs d'entreprises françaises, dont ceux d'Airbus, EDF et Veolia.

Jeudi après-midi, des accords franco-chinois dans la recherche, la coopération culturelle, l'agriculture et l'éducation ont été conclus. Et Airbus va doubler sa capacité de production d'avions en Chine, à partir de 2025, en installant une seconde ligne d'assemblage d'avions à Tianjin (nord).

Un accord avec la Cité interdite a aussi été annoncé par le château de Versailles pour une exposition en 2024 en Chine sur les échanges entre les deux pays au XVIIIe siècle.

De son côté, Ursula von der Leyen a rappelé via Twitter que «le déficit commercial de l'UE (vis-à-vis de la Chine) augmente en raison de pratiques discriminatoires» et dit avoir discuté avec le Premier ministre chinois de «comment rééquilibrer notre commerce».