Publicité

Détenu depuis 52 jours: pourquoi Franklin reste-t-il toujours en cellule policière ?

31 mars 2023, 14:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Détenu depuis 52 jours: pourquoi Franklin reste-t-il toujours en cellule policière ?

Le délai de 21 jours pour qu’un suspect soit en détention policière est dépassé depuis le 1er mars mais Franklin n’a toujours pas été transféré dans une prison.

Depuis son arrestation, Jean Hubert Celerine, alias Franklin, est détenu en cellule policière à Moka. Selon la pratique, passé le délai de 21 jours, un suspect est transféré en prison en attendant le dénouement de son affaire, sauf si la police, dans un cas exceptionnel, demande que sa détention en cellule policière soit prolongée pendant quelque temps encore pour les besoins de l’enquête. Or, Franklin aura passé 52 jours en cellule policière, les enquêteurs demandant à chaque fois à la cour une extension. Pourquoi ce traitement de deux poids deux mesures alors que l’on se souviendra que dans le cas de Bruneau Laurette, passé les 21 jours, la police avait insisté pour qu’il soit transféré en prison ? 

«Libre» 

Les raisons qui poussent les enquêteurs à demander que Franklin soit maintenu en cellule policière vontelles au-delà des besoins de l’enquête ou est-ce un privilège dont le suspect est en train de bénéficier ? En tout cas, en contraste à la façon dont les enquêteurs avait traité la détention de Bruneau Laurette, les raisons avancées ici pour justifier leurs demandes ne semblent pas être convaincantes. 

Depuis le 1er mars, le délai de 21 jours pour qu’un suspect reste en cellule policière est dépassé. À ce jour, les enquêteurs ont demandé à quatre reprises, lors de la comparution de Franklin en cour, qu’il soit maintenu en cellule policière pour les besoins de l’enquête. La magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath devait, elle, insister à chaque fois sur l’importance de boucler l’enquête dans un délai raisonnable. Pourtant, du 9 mars à ce jour, Franklin n’a pu donner une seule déposition en présence de ses hommes de loi. Bien que d’autres séances aient été prévues, les enquêteurs de l’ICAC ont plusieurs fois annulé les rendezvous. Or, garder Jean Hubert Celerine en cellule policière pour l’enquête serait-il juste un prétexte pour éviter que le suspect ne se retrouve en prison, parmi tant d’autres ? 

Il importe de souligner que le traitement dans une cellule policière et en prison n’est pas comparable. Dans le premier cas, Franklin est quand même «plus libre» en termes de choix de nourriture et de visites. Un enquêteur de l’ICAC explique, lui, que c’est tout à fait normal de demander qu’un suspect soit maintenu en cellule policière en attendant que l’enquête préliminaire soit complétée. «Il y a des suspects qui sont restés en cellule policière plus d’un an parce que l’enquête n’avait pas été bouclée. Si le suspect est transféré à la prison, c’est une toute autre procédure pour le rencontrer et prendre ses dépositions. D’où la demande pour qu’il reste sous la garde de la police afin de ne pas entraver l’enquête», explique un enquêteur de l’ICAC. 

Sécurité 

En parallèle, l’on se souviendra que quand Bruneau Laurette avait demandé qu’il soit détenu en cellule policière en attendant que la cour se prononce sur sa motion de remise en liberté conditionnelle, la police avait catégoriquement objecté. Son homme de loi, Mᵉ Shakeel Mohamed, avait aussi mis en avant le fait qu’en prison, il serait plus difficile pour lui de rencontrer son client pour préparer sa motion. Bruneau Laurette avait même évoqué ses craintes par rapport à sa sécurité et avait demandé à ce qu’il soit sous surveillance caméra 24/7 et que ses dépositions soient enregistrées à chaque fois. 

Cependant, la police avait, à chaque fois, insisté pour qu’il soit transféré à la prison, et un représentant du commissaire des prisons était même venu en cour pour dire que les avocats de Bruneau Laurette pourraient le rencontrer sur un court préavis et que des facilités seraient mises à leur disposition. Les enquêteurs étaient alors bel et bien déterminés à faire des concessions pour que Bruneau Laurette soit détenu à la prison après les 21 jours. Pourtant, tout comme dans le cas de Franklin, l’enquête était toujours en cours et ses dépositions étaient en suspens. La magistrate a ainsi accédé à la demande des enquêteurs pour que Franklin reste en cellule policière jusqu’au 4 avril. La police viendra-t-elle encore demander une prolongation ? Les débats sur sa motion de remise en liberté conditionnelle sont prévus le 13 avril.