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Traditions et croyances | Zako: notre double malin, malin et demi
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Traditions et croyances | Zako: notre double malin, malin et demi
«Li fini dan karay.» Dans les contes et autres zistwar, le singe, c’est le bouc émissaire, la proie facile des combines. «Sé touzour yev ki anbet zako.» Traiter quelqu’un de «zako» signifie qu’il est bête. Explications d’Alain Muneean, membre fondateur du groupe ABAIM qui œuvre depuis 40 ans à la collecte du patrimoine oral. À grands traits, il dessine un «zako» à effet miroir.
Dans les expressions, le «zako» est ce personnage qui nous ressemble, notre ancêtre. Selon Alain Muneean, la tradition de domestiquer un macaque est liée à une pratique sociale appelée «zako dansé». L’animal tellement proche de l’homme, que «non selman dimounn ti gard li lakaz mé ti saryé li partou».
Pour des raisons de sécurité, le singe portait une chaîne autour de la taille. «Kot éna dimounn pé kas enn poz, fer zako dansé.» Des échanges avec Marclaine Antoine, griot et musicien, aujourd’hui disparu, montrent que la pratique du «zako dansé» était assez répandue dans les années 1940-1950 et encore visible dans les années 1970. Était-ce une attraction payante ? Non, explique Alain Muneean. «Dimounn ki ti pé fer sa, ti inpé apar mem. Éna dimounn ti pé tras enn ti lavi kouma nou dir.»
Moins joyeuse, l’expression «to kouma enn zako sagrin». C’est une manière de se représenter à travers autre chose, explique Alain Muneean. «Kan nou get bien, nou tou résanblé zako. Regardez l’expression des singes en cage, ils expriment une grande tristesse. Cela nous ressemble dans les moments difficiles.» Ce défenseur du patrimoine oral n’oublie pas la dimension «mystique, religieuse» attachée au singe, «qui se retrouve jusque dans des livres sacrés». Cela donne à l’animal une aura qui dépasse les pratiques du quotidien, une dimension universelle au-delà du respect, pour atteindre la vénération.
Le «gajack niméro enn»
<p>D’une perspective historique, au temps de l’esclavage, <em>«manger du singe est une pratique culinaire de survie»,</em> explique Alain Muneean. Dans la culture intangible, le singe est un <em>«plat rare. Ce n’est pas tout le monde qui sait accommoder le singe». </em>Un menu que l’on ne trouve pas au restaurant, mais dans certains <em>«fancy fairs»</em>. Dans le langage imagé des chiffres, le singe est le «gajack niméro enn. Li fer tap lalang. Li kouma tang». Le tenrec est d’ailleurs <em>«niméro dé».</em> Le nom du cuisinier Guy Felix, celui qui a donné ses lettres de noblesse à <em>«La vraie cuisine mauricienne» </em>– titre de son livre de recettes – est associé à ce mets.</p>
Dent de singe en porte-bonheur
<p>Si certains préfèrent la patte de lapin, la dent de singe est aussi considérée comme un porte-bonheur. Alain Muneean ajoute que <em>«des psychanalystes comme Winnicott (NdlR, Donald Winnicott – 1896-1971 –, pédiatre et psychanalyste britannique) parlent d’objets transitionnels, ayant la même fonction que le doudou d’un enfant». </em>Si l’objet devient un fétiche, <em>«ou devlop enn dépandans mem dan ou gran laz».</em> Quelqu’un qui perd son fétiche, <em>«li vinn anbalao net».</em></p>
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