Publicité

Covid-19: trois ans après, où en est-on?

21 mars 2023, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Covid-19: trois ans après, où en est-on?

Il a complètement chamboulé la planète. L’origine de ce virus appelé Covid-19 s’écrit toujours en pointillé trois ans après. À Maurice, presque toutes les interdictions sous la Quarantine Act ont été levées, sauf l’obligation vaccinale pour certaines catégories professionnelles, et la population a repris son train-train quotidien, oubliant même l’existence du virus. Les gestes barrières sont délaissés, au grand dam de ceux qui ont été en première ligne lors de cette pandémie.

On en parle encore quelquefois dans certains milieux. Les confinements, les couvre-feux, les périodes d’auto-isolement, les zones rouges… Mais, pour beaucoup, c’est de l’histoire ancienne. Une page que l’on veut tourner pour ne jamais revivre ces histoires qui ont laissé des séquelles dans plusieurs familles. On se souvient encore du directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Ghebreyesus, qui parlait de la pandémie du Covid-19 le 11 mars 2020. Quelques jours après, soit le 19 mars, c’est Pravind Jugnauth qui venait en parler à son tour et annonçait du même coup un confinement national à partir de 6 heures du matin, le 20 mars. Le 21 mars, une mauvaise nouvelle tombait : un premier décès des suites de ce virus.

Trois ans après, la pandémie a laissé place à la banalisation. Au grand regret de ceux qui ont été aux premières lignes et qui ont vu et côtoyé les patients qui n’ont pu se relever. À l’instar du Dr Soobaraj Sok Appadu, directeur de l’hôpital ENT, à Vacoas. Il avance que les derniers rapports de l’OMS soutiennent que le Covid-19 est toujours une menace planétaire. «L’OMS Africa publie que seulement 26 % de la population africaine est vaccinée. Si on laisse le virus se propager au sein des populations non vaccinées et qui n’ont pas les anticorps pour les combattre, alors le risque de l’émergence d’un nouveau variant peut causer des dégâts. D’autant que les derniers variants ne cessent de muter et d’en former d’autres.»

Soobaraj Sok Appadu, directeur de l’hôpital ENT,Nitin Busguth, vice-président du Pharmacy Council et Shameem Jaumdally, virologue.

Cela peut se constater dans la communauté locale. Plusieurs personnes continuent à attraper le virus, à maintes reprises. «On ne peut pas la considérer comme une simple grippe. À l’ENT, nous avons encore six patients dont un sous ventilator. Il faut aussi penser au post-Covid et aux répercussions sur l’état de santé de ceux atteints», avance le Dr Soobaraj Sok Appadu.Le virus provoque toujours des problèmes systémiques et touche encore les organes. Toutefois, certains continuent de se faire dépister au sein des différents hôpitaux, même si la demande est à la baisse. «Il peut y avoir une centaine de demandes pour des tests et une trentaine s’avèrent positifs.»

Pour le virologue Shameem Jaumdally, il est sans l’ombre d’un doute que le virus est entré dans sa phase endémique actuellement. «Le virus rôde toujours mais n’affecte plus comme au début de 2020 ou encore 2021. Ce qui démontre qu’avec sa mutation, il a beaucoup évolué.» Oublier la destruction qu’a laissée sur son passage le variant Delta serait quasi impossible. «Il a été le plus mortel.» Depuis, il y a eu une diminution de la sévérité de la maladie. La circulation du variant Omicron, dans la population, fait découvrir que ceux affectés ont déjà obtenu une forme d’immunité. «Il y a eu une augmentation de la défense par rapport à l’infection. C’est cette infection qui nous permet d’entrer dans ce niveau d’endémicité dans lequel nous vivons actuellement. Toutefois, il y a encore des personnes qui en décèdent. Ces gens ont toutefois une santé précaire, et ils doivent se protéger.»

Le virologue tient à mettre en garde la population dans son ensemble. «Les infections répétées ont une mauvaise influence sur le corps. Car elles peuvent non seulement affecter les vaisseaux sanguins mais aussi les organes comme les poumons et le cœur. Des effets peuvent alors endommager nos reins, notre pancréas, et même notre cerveau. Le Covid peut laisser des séquelles sur les personnes infectées.» Raison pour laquelle il préconise que les personnes âgées, ou celles qui ont des comorbidités, prennent soin d’elles. «Le port du masque a toujours sa place au sein de la communauté.» Quid de l’émergence d’un nouveau variant mortel ? «Je ne crois pas. L’évolution du virus fait que la rapidité de la transmission va augmenter, mais la sévérité de la maladie va être réduite.»

Même chez les pharmacies, l’on constate une légère baisse de l’achat des médicaments contre le Covid-19. Nitin Busguth, le vice-président du Pharmacy Council, soutient qu’il y a un laisser-aller au sein de la population. On peut même apercevoir des gens qui portent le masque, mais s’ils ont envie d’éternuer, ils le retirent avant de le remettre. «Il y a une baisse de la vente des comprimés de Fabiflu ou du Molnupiravir. Même la vente des self-kits est en nette diminution.» Le constat est que même au sein des grosses agences de distribution, celle des kits n’a pas repris. «On a l’impression que les gens veulent reprendre au plus vite leur vie normale.»

La vente des masques est en nette régression. Sans parler des faceshields. «On sent même que les gens sur le chemin jettent un regard différent à ceux qu’ils croisent sur la rue portant le masque.» Les gestes barrières sont complètement oubliés au sein de la communauté. La distanciation physique lors des files d’attente n’existe plus. Les gens foncent les uns sur les autres, sans penser qu’il y a quelques mois seulement tous s’évitaient. «On espère juste que l’on n’aura pas l’émergence de nouveaux variants qui feront alors réaliser qu’il faut à nouveau accepter les contraintes de ces trois dernières années.» La consigne demeure simple, même trois ans après. Il faut continuer à se protéger. Personne n’est à l’abri. Les plus vulnérables doivent porter le masque.


 Linda Lam, femme au foyer: «Non vaccinée, j’ai eu le Covid et je me suis soignée avec les méthodes de grand-mère»

«La vie est retournée à la normale, trois ans après. On se souvient encore que l’on devait rester à la maison, on ne pouvait sortir ni même voir la famille, éviter au maximum les gens. Aujourd’hui, je peux sortir de chez moi et vivre ma vie tranquillement, sans le masque. Pourtant, je ne suis pas vaccinée. J’ai eu le Covid-19, et je me suis soignée avec les méthodes dites de grand-mère. Mon remède miracle, mon vaccin même, c’était l’inhalation. Trois gouttes d’huile essentielle de romarin ou d’eucalyptus dans l’eau. Sans oublier la tisane avec le brède mouroum, et de manger des fruits. J’ai guéri au bout de cinq jours. Je ne veux pas m’injecter de ce vaccin qui peut causer des effets secondaires. Samedi, nous allons encore une fois manifester dans les rues de PortLouis pour que nos amis non vaccinés, surtout les fonctionnaires, puissent mener une vie normale. Il faut se faire entendre par le gouvernement.»

Prakash Aubeeluck, chef d’entreprise:«Le port du masque reste toujours d’actualité»

«Ces dernières années restent gravées dans la tête. La peur est toujours là. Surtout quand nous devons effectuer des sorties avec les personnes du troisième âge. Nous leur demandons à longueur de temps de porter leur masque. En écoutant l’actualité internationale, l’on voit que de nouveaux sous-variants sont toujours présents. Comme je suis directeur de compagnie, je suis amené à voyager. Je ne franchis aucun aéroport sans mon masque. Il est vrai que certaines personnes nous regardent bizarrement quand aujourd’hui on porte le masque, ce qui n’était pas le cas, il y a trois ans. Mais, je pense que tous ceux qui ont perdu un proche à cause de ce virus ont une autre vision de la chose. J’ai eu des amis qui ont vu la mort de près à cause du Covid-19, je peux vous dire qu’ils prennent encore plus soin d’eux maintenant.»