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#BLD l When Mauritius lost its bedside manners: Entre l’humour anglais et les phrases assassines

19 mars 2023, 14:00

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#BLD l When Mauritius lost its bedside manners: Entre l’humour anglais et les phrases assassines

Le livre de Touria Prayag décrit minutieusement la situation politique, sociale et économique au pays ces dernières années. Il brasse un éventail de sujets, d’événements, de tragédies différents, mais si semblables. Tout Mauricien qui a son pays à coeur devrait s’y retrouver. Le thème central du livre est un écosystème qui s’est installé et qui règne dans le pays. Une sorte de hijacking de quasiment toutes les institutions dans un pays qui s’autocratise de plus en plus. 

Le résultat, c’est une sorte de harcèlement, d’arrestations qui a priori et jusqu’à preuve du contraire, paraissent arbitraires. Cela crée un climat de peur parmi ceux qui osent critiquer le pouvoir et leur rend la vie difficile par tous les moyens. Cet ouvrage est un travail d’investigation journalistique basé sur des faits, pas des anecdotes. L’auteur parle de revenge politics et documente plusieurs instances de ce phénomène sur plusieurs individus mal vus du pouvoir. Elles vont de Soopramanien Kistnen à Bruneau Laurette, en passant par Akil Bissessur, sa compagne et nos collègues de la presse aux tortures en prison. 

Le livre ne se prononce pas sur la culpabilité ou l’innocence des protagonistes mais présente les faits connus et les décrit d’une manière remplie d’empathie, du sarcasme et de l’humour qui caractérisent les écrits de Touria Prayag, les histoires de chacun, en laissant le soin au lecteur d’en décider en attendant que les cours de justice se prononcent. Les passages les plus sombres n’y échappent pas. Touria Prayag décrit ainsi la mort de Soopramanien Kistnen. «When Soopramanien Kistnen murdered himself by first drugging himself, smashing his own skull and walking through thick sugarcane fields to finish off the job by burning himself – presumably to hide evidence of any crime against himself – many must have thought that their darkest secrets had been buried with him…» 

Les phrases assassines donnent au livre un cachet épicé qui rend les moments tristes tellement plus faciles à digérer. Toujours sur l’épisode Kistnen, Touria Prayag dira : «After a long silence, Sawmynaden stated that he had been paying Simla’s husband, Soopramanien Kistnen. The latter is no longer here to tell the tale of course, but the tale itself is a Catch-22. Since Simla had never set foot in an office, what was Sawmynaden paying her for and why was he paying the husband for work supposedly performed by the wife?» 

La beauté du livre c’est de pouvoir transmettre tellement d’informations, décrire tellement d’horreur et de tragédies, mais sans encombrer le lecteur de tristesse. Un vrai tour de force !