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Yahia Nazroo: «Les changements à la GRA Act jamais recommandés par le rapport Parry»

18 mars 2023, 22:19

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Yahia Nazroo: «Les changements à la GRA Act jamais recommandés par le rapport Parry»

Même s’il concède que certains administrateurs ont contribué, en partie, au déclin du Mauritius Turf Club (MTC) au fil des années, Yahia Nazroo attribue le sort de la MTCSL à la GRA qui, selon lui, a toujours voulu la mort du MTC et de sa subsidiaire. Il insiste également que le rapport Parry n’a jamais recommandé les amendements tels qu’apportés à la GRA Act.

Mᵉ Yahia Nazroo, vous déclariez l’année dernière, avant le début de la saison, que si courses il allait y avoir, ce ne serait qu’avec la MTCSL. Cette année, on a une première certitude : l’absence de cette même MTCSL. Voyiez-vous venir un tel drame pour le MTC ?
Effectivement, j’avais vu venir ce drame, mais pas que pour le MTC mais surtout pour le public turfiste et les passionnés de courses. Organiser les courses, c’est une chose. Mais organiser les courses avec toutes les mesures nécessaires pour s’assurer de la sécurité de tous les stakeholders et de l’intégrité des courses, c’est tout à fait autre chose.

Le MTC avait été beaucoup critiqué dans le passé, mais jamais pour l’organisation des courses. Même si pas toutes les décisions des commissaires de courses ont fait l’unanimité, les turfistes avaient confiance dans l’organisateur, le MTC, et plus tard, la MTCSL. Ils reconnaissaient les compétences et le sens de l’intégrité des personnes qui étaient en charge de l’organisation et du «policing» des courses.

Je suis certain qu’aujourd’hui, le sentiment qui les motivaient n’est plus le même. C’est dommage car les courses de chevaux étaient le sport le plus populaire chez les Mauriciens, et cela a nui à notre patrimoine et à notre réputation internationale. Certaines personnes veulent prétendre qu’une affiliation va rendre nos courses hippiques plus intègres, mais je n’en suis pas si sûr.

Qu’avez-vous fait en votre capacité de membre pour tirer la sonnette d’alarme ?
Je crois que je peux «safely» me passer de répondre à cette question, mais pour la forme, dans tous les interviews et articles que j’ai écrits sur les courses, j’ai fait plusieurs «constructive criticism» et prévenu à qui voulait l’entendre que nous allions tout droit dans un mur.

Cela dit, les récentes modifications à la Gambling Regulatory Authority Act 2007, qui ont introduit la Horse Racing Division et en même temps drastiquement modifié la manière d’opérer de l’organisateur de courses, ont aussi causé beaucoup de tort à l’industrie selon moi. Le changement aurait dû venir étape par étape.

J’insiste que, contrairement à ce que certains veulent faire croire, les changements apportés à la GRA Act n’ont pas été recommandés par le rapport Parry. Jamais ! Ce rapport a clairement recommandé une entité indépendante (une «horseracing authority») avec les ressources humaines adéquates, mais surtout pas une «division» de la GRA, sous le contrôle total du board de cette même GRA.

«The GRA mouthpiece of government»

Les prérogatives enlevées au MTC ou MTCSL ont été l’un des désaccords majeurs entre le gouvernement et le MTC. Mais en quoi la question des prérogatives est responsable de la chute financière de la MTCSL ? Le problème n’était-il pas ailleurs ?
Le MTC est un «non-profit making organisation» et tout ce que le club percevait comme revenus étaient réinjectés dans le circuit, soit comme subsides aux écuries, soit comme «stakesmoney». Mais il avait aussi besoin de payer les salaires et la pension des employés, y compris les palefreniers. Le MTC s’en sortait malgré les énormes coûts directs et indirects par journée de courses.

Avec les changements à la GRA Act en janvier 2020, pour avoir une licence de «horseracing organiser», il fallait être une compagnie publique. Qui plus est, la GRA avait insisté que tout passe sous cette compagnie publique, y compris les actifs du MTC. Or, le MTC a refusé et le club a loué à la MTCSL ses loges et a permis à la MTCSL d’utiliser gratuitement le Champ-de-Mars, dont le club était seul détenteur d’une concession pour 20 ans.

La question de prérogative inclut nécessairement l’utilisation exclusive du Champ-de-Mars et les espaces que le MTC a aménagés, y compris la zone désormais utilisée comme le quartier général de la PTP, avec «stipe room», casino, «betting area», bar et «jockeys’ room», le jour des courses.

Le MTC/MTCSL a perdu, avec l’annulation de son bail, tous les revenus locatifs qui en découlaient. Ensuite, la GRA a pris le contrôle des «Rules of Racing» et du programme des courses alors que la COIREC en a fait autant pour le Champ-de-Mars enlevant immédiatement tous les revenus perçus par le MTC/MTCSL.

Qui plus est, la MTCSL n’a opéré qu’en 2021 et 2022, donc, personne ne pouvait s’attendre à ce que la MTCSL puisse avoir des réserves pour continuer à opérer. La GRA a voulu la mort du MTC et de la MTCSL et comme un jugement de la Cour suprême l’a dit, la GRA «is the mouthpiece of government», je n’ai ni besoin de vous faire un dessin, ni de prendre une photo pour vous illustrer tout cela !

Les dirigeants du MTC/MTCSL, même dans ces moments douloureux, insistent sur un retour aux affaires en 2024. Or à la radio récemment, vous avez exprimé des réserves à ce sujet. Pourquoi ?
Il faut être réaliste et écouter ce qu’a dit la GRA à travers son porte-parole à la MBC la semaine dernière. La GRA veut tout contrôler et la PTP est the preferred organiser, qui a le droit exclusif de la COIREC sur l’utilisation du Champ-de-Mars.

Cependant, j’ai pris connaissance des stakesmoney offerts par la PTP cette année. Il me semble que c’est une indication claire que la PTP ne pourra pas tenir le même discours que l’an dernier par rapport aux stakesmoney. Il n’y aura pas de prize money pour la 4e place et rien non plus pour les chevaux non-placés. Le stakesmoney a diminué de plus de 50% par rapport à l’année dernière et quand l’on sait que le keep d’un cheval avoisine au minimum les Rs 35,000, excluant la TVA, et que dans le passé, les propriétaires touchaient environ 80% du stakesmoney après avoir enlevé le pourcentage réservé au jockey et à l’entraîneur, l’espoir des dirigeants du MTC/MTCSL est permis. Vous imaginez que les gagnants des courses «up to MR36» ne couvriront même pas les dépenses du mois ! 

Soit la PTP ira droit à la faillite, soit c’est une stratégie pour décourager les écuries, qui n’ont jusqu’ici pas voulu participer aux courses de la PTP. Cette ruse servirait éventuellement à les faire fermer boutique pour être remplacées par de nouvelles écuries, qui seront plus conciliantes avec le nouvel organisateur de courses. «Time will tell.»

«Je ne regrette absolument rien»

A partir de là, qu’est-ce que le MTC doit faire pour se repositionner sur la scène hippique ?
Ce n’est pas à moi de répondre à cette question, mais une chose est certaine : pour moi, le MTC, mon Club, ne va jamais réorganiser les courses à Maurice. Il sera toujours question d’une compagnie et non d’une association, qui organisera les courses.

Vous avez souvent réclamé un changement dans la manière dont le MTC gère les courses. Cinq personnes ne peuvent pas tout contrôler, disiez-vous. Regrettez-vous aujourd’hui que votre voix n’ait jamais été entendue ?
Je ne regrette absolument rien. Personne ne peut m’empêcher de penser que certains administrateurs qui ont fait fi de mes conseils donnés gratuitement lors des assemblées générales en tant que membre, et aussi dans mes interviews de presse, ont contribué, en partie, au déclin du MTC au fil des années.

Pourquoi un siège sur le board du MTC ne vous a jamais intéressé ?
J’avais posé ma candidature une fois en 2015, mais je n’avais pas été élu à un poste d’administrateur… «Things always happen for a good reason.»

Une dernière question. En tant que passionné des courses et de la photographie, serez-vous présent à la saison 2023 ?
Je continuerai ma passion pour la photographie, mais cette fois avec les «seahorses» entre autres !