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Bruneau Laurette : «Mo finn touzour amenn enn konba kont ladrog»

4 février 2023, 17:00

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Bruneau Laurette : «Mo finn touzour amenn enn konba kont ladrog»

C’est un Bruneau Laurette serein et souriant, qui s’est adressé au tribunal de Moka, hier, dans le cadre de sa motion de remise en liberté conditionnelle. Appelé à la barre des témoins, l’activiste est revenu sur le jour de son arrestation, ainsi que sur les évènements qui ont précédé la fouille de son domicile, le 4 novembre dernier. Bruneau Laurette maintient qu’il est innocent et que la drogue a été «plantée» chez lui par des éléments de la «Special Striking Team (SST)» qu’il avait dénoncés quelques jours auparavant. «Mo finn touzour amenn enn konba kont ladrog. Le 29 octobre, dan Port-Louis, moi ki ti dir ki ti ena ladrog lor MV Wakashio», a-t-il déclaré en cour. Son interrogatoire reprendra lundi.

À la barre des témoins, hier, Bruneau Laurette paraissait un homme posé et prêt à répondre aux questions des avocats. Il a même fait des clins d’œil, de temps à autre, à ses sympathisants, présents en grand nombre, dans la salle d’audience. Autrefois coach, il se présente aujourd’hui comme un activiste politique à plein temps. Lors de son contre-interrogatoire, son avocat, Me Shakeel Mohamed, a fait un retour en arrière, jusqu’au jour de son arrestation.

Me Mohamed : «Vous vous souvenez quand la police vous a arrêté ?»

Bruneau Laurette : «Oui, c’était le 4 novembre.»  

Me Mohamed : «Où étiez-vous quand la police vous a arrêté ?»  

Bruneau Laurette : «J’étais dans mon salon, dans ma maison à Petit-Verger, St-Pierre.»

Une photo de la maison est montrée à l’activiste pour qu’il confirme qu’il s’agit bien de son domicile. C’est le cas. Il a expliqué qu’il vit à l’étage alors que son garage se trouve au rez-de-chaussée et est facilement accessible de la route.

Me Mohamed : «Y a-t-il eu des évènements en relation avec cette affaire avant votre arrestation ?»

À ce stade, le représentant de la poursuite, Me Roshan Santokee, Principal State Counsel, soulève une objection, arguant que cette question n’est pas pertinente à la bail motion et demande quelle est l’importance de savoir ce qui s’est passé avant son arrestation. «The rule of evidence does not allow irrelevant questions to be put even in examination in chief», souligne-t-il. Me Mohamed insiste sur le fait que cette question pourrait aider la cour à comprendre ce qui a mené à l’arrestation de l’activiste. Agacé, l’avocat de Bruneau Laurette hausse le ton et fait ressortir que l’accusé n’a même pas eu le temps de répondre que la poursuite soulève une objection.

Ridiculous

«Enough is enough. This is ridiculous.Lindependans pena…», dit-il, avant que la magistrate ne suspende l’audience pour une quinzaine de minutes afin de permettre aux avocats de se calmer. Par la suite, l’avocat de la défense fait savoir qu’il ne va pas insister sur cette question et qu’il va poursuivre son interrogatoire sur un autre volet.

Me Mohamed : «La police dit qu’elle a trouvé de la drogue dans votre voiture.»

Bruneau Laurette : «Cette drogue ne m’appartient pas. Zot finn planté dan mo loto. Deux jours avant mon arrestation, un clip Tiktok circulait sur les réseaux sociaux et dans lequel on mentionnait que je suis un trafiquant de haschisch. Dans cette vidéo, on voyait ma voiture avec de la drogue dans le coffre. C’est exactement comme dans cette vidéo que la drogue a été placée dans le coffre de ma voiture. Apres mon arrestation, j’avais demandé à ce que les téléphones portables des membres de la SST soient examinés car j’avais fait des dénonciations contre eux. C’est quasiment impossible que le 4 novembre ce fût une intervention de la SST.»

Me Mohamed : «Vous parlez bien d’un clip Tiktok ?»

Bruneau Laurette : «Oui, le 15 septembre, il y avait un autre post sur Facebook, qui prédisait mon arrestation, après celle d’Armada 666, de Darren Activiste et de Me Akil Bissessur. Bruneau Laurette était le prochain.»

Me Mohamed a remis à la cour des copies de captures d’écran du clip Tiktok et du post sur Facebook.

Me Mohamed : «Vous venez de dire que vous étiez chez vous quand la police vous a arrêté ?»

Bruneau Laurette : «J’ai mené un combat contre la drogue durant toute ma vie. D’ailleurs, lors du rassemblement du 29 octobre à Port-Louis, c’est moi qui ai dit qu’il y avait de la drogue sur le MV Wakashio et j’avais même montré une vidéo d’un garde du corps, proche du pouvoir, qui supervisait les opérations sur le MV Wakashio.»

Me Mohamed : «Avez-vous fait une quelconque plainte à l’effet que la drogue a été plantée chez vous ?»

Bruneau Laurette : «Oui, j’ai fait une déposition auprès de l’Independant Police Complaints Commission, qui m’a recommandé de donner une nouvelle déposition à la police en présence de mes avocats.»

Me Mohamed : «Où se trouvait votre voiture au moment des arrestations ?»

Bruneau Laurette : «Dans le garage. J’étais à l’étage. Zot ti deza dan mo lakaz. Ena ti pe pas par lafenet.»

Me Mohamed : «Que s’est-il passé quand les membres de la SST sont entrés chez vous ?»

Bruneau Laurette : «Avant de procéder à la fouille, ils m’ont menotté. Ils m’ont dit qu’ils soupçonnent qu’il y a de la drogue chez moi. Il y avait déjà deux policiers dans ma chambre alors que je n’y étais pas. Quand les policiers fouillaient ma chambre, un de leurs supérieurs est venu et m’a montré le mandat de perquisition signé par un assistant surintendant de police.»

Me Mohamed : «Que s’est-t-il passé par la suite ?»

Bruneau Laurette : «Un policier m’a remis les clés de ma voiture pour aller fouiller le véhicule. Je leur avais déjà dit que mes clés avaient été déplacées car elles se trouvaient près de mon portemonnaie, qui est introuvable jusqu’ici. Quand nous sommes descendus, avant d’arriver à ma voiture, j’ai remarqué qu’elle n’était pas verrouillée. Pa kapav tir lock san lakle. Ti ena mo passport ek mo permis me zot pa finn pran nanyen. Moi kin remet zot sa le lendemain.»

Poursuivant son interrogatoire, Bruneau Laurette a expliqué que la police a pris sa déposition dix jours après son arrestation et cela, après qu’il a insisté pour que cela soit fait. De même, dit-il, jusqu’à présent, il n’a toujours pas visionné la vidéo complète de son arrestation. Bruneau Laurette maintient qu’il ne possède aucun bateau et encore moins de permis de conduire pour bateau. Il affirme qu’il n’a aucun contact avec des personnes dans le domaine maritime et qu’il n’a pas utilisé son téléphone satellitaire depuis sept ans. Son interrogatoire reprendra lundi.

Marie Joëlle d’Autriche, ex-épouse de l’activiste : «Il a toujours été présent pour ses enfants»

La défense a aussi fait appel à l’ex épouse de l’activiste, Marie Joëlle D’Autriche, institutrice, avec qui il a une fillette de dix ans. L’ex-épouse de Bruneau Laurette a confirmé en cour qu’après leur divorce à l’amiable, Bruneau Laurette a continué à assumer pleinement ses responsabilités de père. Il contribue financièrement aux dépenses de l’enfant pour une somme de Rs 6 700 par mois et rend régulièrement visite sa fille. «Bruneau Laurette a toujours été un père présent pour ses enfants. Il donne plus que ce que la cour a ordonné en pension alimentaire. D’ailleurs après notre séparation, il a tenu à garder la maison de St-Pierre pour être près de sa fille. Ses visites sont régulières et il y a une très bonne relation entre père et fille. Depuis qu’il est en prison, ils s’écrivent souvent pour partager leur quotidien. Le premier jour de la comparution de Bruneau Laurette, la petite a tenu à venir voir son père, même si c’était de loin», a ajouté Marie Joëlle D’Autriche.