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Santé: les hommes vivent moins longtemps…

31 janvier 2023, 19:00

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Santé: les hommes vivent moins longtemps…

L’espérance de vie des hommes a chuté depuis 2017, indiquent les Health Statistics de 2021. Alors qu’en 2016, l’âge moyen des décès était de 71,2 ans, il est maintenant passé à 70,3 ans. Parallèlement, les femmes vivent en moyenne jusqu’à 77 ans. Qu’est-ce qui explique ces chiffres ? Quel est le poids de la drogue et d’autres fléaux dans cette régression ?

De l’an 2000 à 2016, l’espérance de vie a pris de l’âge. Ainsi, les hommes ont gagné 3,1 années supplémentaires, passant de 68.1 ans en l’an 2000 à 71,2 ans en 2016. Chez les femmes, la hausse était de 2,6 ans, soit de 75.3 ans en l’an 2000, contre 77,9 ans en 2016. Mais depuis 2017, la tendance s’est inversée. Comme démontré par les Health Statistics de 2021, ce seuil a diminué et atteint les 70,3 ans en 2021 chez les hommes. On note un léger fléchissement de 77,7 ans en 2017 à 77,3 en 2021. Pourquoi alors la longévité est-elle moins élevée chez les hommes mauriciens ? 

Vidya Charan, directrice exécutive de la Mauritius Family Planning and Welfare Association, affirme que ceci est dû à plusieurs facteurs comme les habitudes alimentaires et l’emploi, entre autres. «Il y a aussi d’autres aspects comme le tabac, l’alcool, le style de vie, le stress et l’exécution des tâches professionnelles nécessitant une grande force physique.» À cela s’ajoutent des comorbidités comme le diabète, l’hypertension, le cholestérol et d’autres maladies affectant davantage les hommes alors que les femmes semblent être plus résilientes sur le plan de la santé, poursuit-elle. 

Pour sa part, Trisha Gukhool, Gender Consultant, impute cette baisse de l’espérance de vie constatée à partir de 2017 à de principales causes médicales dont les maladies cardiovasculaires, les maladies cérébrovasculaires, le diabète, les maladies du foie liées à l’alcool et de manière frappante : les accidents de la route (75 hommes contre 13 femmes) et le suicide (114 hommes contre 18 femmes). «Du point de vue du genre, divers de ces facteurs peuvent être atténués en augmentant la parité entre les sexes aux niveaux transversaux. Par exemple, beaucoup ne savent même pas que plus d’hommes que de femmes se suicident. En raison de l’inégalité entre les sexes, par exemple sous la forme de préjugés et de stéréotypes sexistes, les hommes sont moins susceptibles de demander de l’aide», déclare-t-elle. D’ajouter que plus nous augmentons l’égalité des sexes, plus nous démantelons les stéréotypes et les stigmates de genre, permettant de faire la lumière sur les maux liés à l’homme tant pour les problèmes de santé physique que mentale comme le stress, la dépression, la toxicomanie dont beaucoup dérivent de la masculinité toxique (les règles non explicites que devraient suivre les garçons pour «être des hommes» selon les critères sociétaux comme ne pas montrer ses émotions, de ne pas demander d’aide, notamment. 

Le Dr Isshaq Jowahir, vice-président de l’Association des médecins privés, rebondit justement sur la progression de certaines maladies dont le diabète qui est passé de 15-20 % à 50 % de la population ainsi que les troubles cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux (AVC), entre autres. Et ce, en dépit de la progression de la médecine, souligne-t-il. D’autant qu’il observe un rajeunissement de l’âge de contraction de ces pathologies. À ce titre, il cite le décès d’un Mauricien de 41 ans suivant une maladie cardiovasculaire. Une mauvaise hygiène de vie avec une forte consommation de la restauration rapide est aussi mentionnée. Quid de la différence de longévité hommes-femmes ? Ces dernières sont plus résistantes aux maladies cardiovasculaires notamment, étant protégées avant la ménopause, indique le médecin. 

Comment la drogue synthétique, qui on le sait, touche beaucoup d’hommes, impacte-t-elle sur la longévité masculine ? «On ne peut généraliser mais effectivement, la drogue a des effets néfastes sur la santé de l’homme surtout en cas d’utilisation de la force physique dans ses activités», constate Vidya Charan. Définitivement, rétorque le médecin, la drogue en général va peser dans la balance en ce qu’il s’agit de l’espérance de vie masculine. Dany Philippe, coordinateur de prévention de Développement rassemblement prévention information, renchérit : «La baisse de la longévité n’est pas vraiment attribuable à la drogue synthétique mais à diverses dépendances. Les diverses drogues provoquent 500 000 décès au niveau mondial annuellement, en majorité chez les jeunes. L’alcool tue 3,5 millions de personnes et la cigarette, 8 millions. À Maurice, ces deux facteurs influent sur les mortalités», confie-t-il. 

Vivek Pursun, président de la Pensionners’ Grievance Movement, concède que la consommation d’alcool et de tabac chez la gent masculine est plus élevée alors que les femmes sont «plus réservées socialement». Parallèlement, les hommes ont des responsabilités considérables comme chefs de la maison et de famille. «Les Mauriciens étouffent, stressent et n’ont pas le droit de s’exprimer. Ces aspects négatifs pèsent énormément sur eux…»

 

Le nombre de centenaires grimpe
Si l’espérance de vie chute chez les hommes, en décembre 2022, Maurice comptait 157 centenaires touchant la pension de retraite, indiquent les données de la Sécurité sociale. Et en y ajoutant les 12 de Rodrigues, cela totalise 169 pour la République. Comparativement, en décembre 2021, le nombre de centenaires était de 151 à Maurice et de 13 à Rodrigues, portant le total à 164.