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Affaire DIP: Retour sur le détournement de 2008

11 janvier 2023, 17:00

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Affaire DIP: Retour sur le détournement de 2008

Chandra Prakashing Dip et ses deux acolytes, Chitranjun Hauroo et Mahmad Razik Aumeerally, étaient poursuivis en cour intermédiaire pour complot sous l’article 109 (1) du Code pénal. Ils étaient accusés de s’être entendus, en juin 2008, pour détourner Rs 3 millions du compte de la compagnie Diadeis à la Barclays Bank, maintenant ABSA Bank.

C’est un employé de la banque de l’époque, Avinash Kona Yernkinnowdu, qui fut le témoin à charge contre les trois accusés. Il avait relaté en cour comment son ancien collègue et ami, Chandra Prakashing Dip, l’avait approché en juin 2008 pour lui demander une copie des signatures autorisées de la compagnie Diadeis, de même qu’un relevé du compte bancaire. Dip, qui travaillait alors à la firme d’expert-comptable DCDM, lui aurait fait croire qu’il avait urgemment besoin de ces docu- ments pour un audit, et qu’il ne pouvait attendre la procédure habituelle. Avinash Kona Yernkinnowdu les lui avait remis lors d’une rencontre à Trianon. Il avait ajouté que Dip, qui était accompagné de Chitranjun Hauroo, l’avait alors informé que ces documents seraient utilisés pour une transaction illégale. Toujours selon Yernkinnowdu, lorsqu’il avait pris connaissance des mauvaises intentions de Dip, il lui aurait demandé de lui rendre ces documents confidentiels. Ce qu’avait refusé Dip qui l’avait menacé de l’impliquer dans ce complot s’il le dénonçait.

Les 10 et 17 juillet suivant, Rs 3 millions de roupies furent retirées frauduleusement du compte de Diadeis à la Barclays. Comment ? Les signatures avaient été utilisées pour envoyer un fax à cette banque, autorisant le débit et créditant le compte de Chitranjun Hauroo et Mahmad Razik Aumeerally. Dip est allé plus loin en demandant, plus tard, à Yernkinnowdu de lui confirmer si le transfert frauduleux avait bien été effectué !

La défense des trois accusés, à l’effet qu’ils avaient fait une de- mande d’emprunt auprès de la Barclays pour justifier la réception de ces Rs 3 millions, n’avait pas tenu la route car la police n’avait découvert aucune trace d’une telle demande.

Pas de remboursement, pas de prison

Il faut savoir que la Barclays a accepté de rembourser le mon- tant détourné à Diadeis. Mais, on ne sait pas si la banque a demandé, et obtenu, le remboursement de son assureur. Ce qui est probable, c’est que les trois accusés et condamnés n’ont pas eu à rembourser les sommes détournées à la banque. Ce qui fait dire à un avocat : «Si c’est vrai qu’il n’y a pas eu de remboursement à la victime, la grâce présidentielle est encore plus incroyable.» Et concernant les Rs 100 000 d’amende payées par Dip ? «La sanction pour un tel délit est la prison pour une période maximale de dix ans, plus une amende maximale de Rs 100 000. Dip s’en sort plutôt bien, en plus de ne pas aller en prison.» Selon nos informations, Chandra Prakashsingh Dip aurait acheté au moins une luxueuse villa et des voitures, tout aussi luxueuses. Notre interlocuteur questionne également les raisons pour lesquelles les trois compères n’ont pas été poursuivis pour fraude, vol ou détournement. «Les éléments étaient pourtant présents.» Tout en rappelant que c’était à la police d’inclure ces chefs d’accusation dans l’acte d’accusation. Un autre avocat nous explique qu’il était, peut-être, plus facile pour la police de poursuivre Dip pour complot que pour vol, détournement ou fraude.

Avant Diadeis…

<p>Chandra Prakashsingh Dip aurait fait au moins une tentative de détournement des comptes de plusieurs autres clients alors qu&rsquo;il était à la Barclays Bank. L&rsquo;affaire a été promptement rapportée par un des clients, et la fraude évitée. Cependant, Dip n&rsquo;aurait pas été inquiété, ni par la police ni par la direction de la banque. Il a quand même démissionné peu après, mais cela en raison d&rsquo;un autre délit : il aurait utilisé la carte bancaire de son père. C&rsquo;est vrai, nous dit un employé de cette banque, &laquo;qu&rsquo;il a beaucoup de chance&raquo;.</p>

 

«Fax indemnity» et «call back»

<p>Ce serait après cette affaire de détournement, aux dépens de Diadeis, que des procédures plus contraignantes aient été introduites concernant les demandes de transfert par fax ou autre message. Ainsi, il est demandé aux banquiers de faire un <em>&laquo;call back&raquo;</em> au client pour confirmer l&rsquo;ordre de transfert. Merci à Chandra Dip !</p>

 

Décédé parce qu’il a été gracié

<p>Un condamné pour trafic de drogue, qui avait été gracié dans le passé, est décédé, peu après, dans un accident. Il était sous l&rsquo;influence de stupéfiants. Un de ses proches est d&rsquo;avis que si ce jeune avait été envoyé en prison pour deux ou trois ans, il serait probablement toujours en vie. Le sevrage y aurait commencé&hellip;</p>

 

Voulait-on noyer le poisson?

<p>Thierry Henry avait soumis sa demande à la commission de pourvoi en grâce en mai de l&rsquo;année dernière, nous a-t-il dit, pour que les délits pour lesquels il a été condamné soient enlevés de son casier judiciaire (certificat de moralité). Il a été condamné pour refus de se soumettre à un test sanguin et conduite en état d&rsquo;ébriété, en 2016, après avoir été impliqué dans un accident mortel à Terre-Rouge.</p>

<p>Cependant, il a bien reçu l&rsquo;approbation de la commission en décembre. Avec d&rsquo;autres veinards comme Chandra Dip. Une question qui turlupine beaucoup : la commission a-t-elle joué au père Noël en accordant la grâce à 25 personnes d&rsquo;un seul coup ? Ou y a-t-il eu une manœuvre pour tenter de noyer la grâce accordée au fils du commissaire parmi les 24 autres ? Seule la publication de la liste des graciés pourrait nous renseigner. Mais la commission ne semble pas vouloir le faire, même si ce n&rsquo;est que pour rassurer la population qu&rsquo;il n&rsquo;y ait pas de &laquo;complot&raquo;.</p>