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Me Rashid Ahmine: «Le DPP doit faire preuve d’une indépendance absolue»

22 décembre 2022, 13:00

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Me Rashid Ahmine: «Le DPP doit faire preuve d’une indépendance absolue»

Il prend ses nouvelles fonctions dès ce matin. Et succède officiellement à Me Boolell, qu’il remplaçait depuis le 1er décembre. Dans la mallette du nouveau DPP : une envie de changer le système, afin que les enquêtes policières prennent moins de temps mais aussi l’ambition de s’attaquer à l’épineux dossier des charges provisoires.

Il succède à Me Satyajit Boolell au poste de Directeur des poursuites publiques (DPP), suivant sa nomination par la Judicial and Legal Service Commission (JLSC), hier. Me Rashid Ahmine prend ses fonctions officielles aujourd’hui, bien que sa nomination soit effective depuis le 1er décembre, suite au départ à la retraite de son prédécesseur, la veille. L’homme de loi, qui compte une riche carrière au sein de la profession, réitère son engagement pour veiller à ce que les droits des victimes soient respectés à la lettre, comme le veut la Constitution. «Je continuerai à exercer mes fonctions sans crainte ni faveur», affirme ainsi le nouveau DPP, que nous avons rencontré à son bureau hier.

Un peu plus tôt, Me Ahmine prenait connaissance de la décision de la JLSC, par le biais d’une correspondance. Cette instance, qui s’est réunie lundi, est composée de la cheffe juge Rehana Mungly-Gulbul, de la Senior Puisne Judge Nirmala Devat, du juge David Chan et d’un membre de la Public Service Commission. Le nouveau DPP se dit honoré par cette marque de reconnaissance. «J’ai toujours fait confiance à la JLSC et aujourd’hui sa décision me donne raison. C’est un honneurde servir à ce poste et de diriger une équipe composée de 70 légistes. Le poste de DPP est un des postes constitutionnels les plus importants à Maurice. On doit faire montre d’une indépendance absolue. Je me laisserai guider dans mes décisions, comme je l’ai toujours fait, seulement par le droit et l’intérêt public. J’ai toujours exercé ma fonction avec intégrité, humilité et passion et je continuerai dans la même direction.»

Parmi ses priorités, le nouveau DPP souhaite apporter des changements dans le système de justice pénale afin de réduire le temps que prennent les enquêtes ainsi que les procès en cours. «Je compte rencontrer les parties prenantes et voir comment le bureau du DPP peut aider et apporter sa contribution afin de faire avancer le processus plus rapidement», assure Me Ahmine. Comment ? En émettant notamment des lignes directrices pour guider la police en ce qui concerne les charges et la détention provisoires ainsi que les prohibition orders. «Le système comprend des lacunes. On peut trouver des solutions en identifiant les problèmes. Il faut accélérer les dossiers de l’enquête pénale et voir dans d’autres juridictions comment cela se fait.» Le nouveau DPP compte également, après consultation avec son équipe, apporter des changements au niveau de l’organisation au sein de son bureau.

45 fois…

S’il endosse cette fois officiellement cette veste, ou plutôt cette robe, depuis 2016, Me Rashid Ahmine a assuré la suppléance au poste de DPP à… 45 reprises. Bien qu’on lui ait offert plusieurs postes au sein de la magistrature durant sa carrière, l’homme, de par sa passion pour la plaidoirie, a choisi de la poursuivre au bureau du DPP. Spécialiste des affaires liées à la finance et aux fraudes, Me Rashid Ahmine a forgé sa réputation en traitant des cas complexes, dont Boskalis, Gorah Issac ou encore celui du NPF contre la Mauritius Commercial Bank.

Il a étudié le droit au Royaume-Uni, à l’université de Liverpool plus précisément, où il a obtenu son LLB en 1992, avant d’être admis au Barreau à Maurice en décembre 1994. Il a rejoint le bureau de l’Attorney General en février 1995 en tant que State Counsel. Au cours de son mandat, il a occupé les postes de Senior State Counsel, Principal State Counsel et Assistant Parliamentary Counsel respectivement. En 2004, il a reçu la bourse britannique Chevening pour étudier en vue d’obtenir un LLM. Il détient en outre un Mastère en droit bancaire et financier du King’s College de Londres.

Me Ahmine a, qui plus est, reçu le Prosecutor Award of the Year en 2012 – prix décerné par l’Association internationale des procureurs – pour sa performance exceptionnelle dans la lutte contre les crimes à la fois sur le plan national et international et pour avoir réussi à promouvoir les droits humains, ici comme à l’étranger. Il occupait depuis 2016 le poste de Deputy Director of Public Prosecution et était responsable, entre autres, des dossiers liés à la lutte contre le blanchiment d’argent et la corruption. Il porte un intérêt particulier aux affaires liées aux fraudes commerciales et la confiscation des avoirs.

Les principales qualités du nouveau DPP ? La rigueur et l’impartialité, dira-t-il.