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Le Japon s'apprête à réviser sa doctrine de défense face à la Chine

16 décembre 2022, 08:21

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Le Japon s'apprête à réviser sa doctrine de défense face à la Chine

Le gouvernement japonais doit approuver ce vendredi 16 décembre, une révision radicale de sa doctrine de défense pour tenter notamment de contrecarrer la puissance militaire chinoise, perçue comme un défi à la sécurité de l'archipel.

Le Japon prévoit ainsi, dans le cadre de la plus grande refonte de sa politique de défense depuis plusieurs décennies, de gonfler ses dépenses militaires, d'unifier son commandement et d'augmenter la portée de ses missiles.

Tokyo «va présenter ces changements comme nécessaires, modérés et totalement conformes à sa posture de défense précédente» mais va, dans les faits, «renforcer radicalement sa puissance militaire», a déclaré à l'AFP Chris Hughes, professeur de politique internationale à l'Université britannique de Warwick.

Bien que ces changements soient soutenus par l'opinion publique nippone, il s'agit d'un virage majeur pour ce pays dont la Constitution pacifiste adoptée au lendemain de sa défaite à la fin de la Seconde guerre mondiale lui interdit en principe de se doter d'une véritable armée.

Budget militaire doublé

La nouvelle stratégie nationale de défense devrait clairement faire référence aux menaces représentées par la Chine, la Corée du Nord et la Russie, adoptant un langage plus affirmé que lors de la première publication de la stratégie nationale de sécurité du Japon en 2013, en particulier à l'égard de Pékin.

Au centre de sa nouvelle «stratégie de sécurité nationale», le Japon prévoit de doubler son budget annuel de défense en le faisant passer d'environ 1% de son PIB à 2% d'ici 2027, ce qui provoque déjà des critiques sur la manière dont cette augmentation sera financée.

Le pays s'alignerait ainsi sur un engagement similaire déjà pris par les pays membres de l'Otan.

Le Japon entend notamment se doter d'une capacité de «contre-attaque», un concept qui jusqu'à récemment aurait été jugé incompatible avec sa Constitution. Cela lui permettrait de frapper des cibles menaçant l'archipel depuis des pays voisins.

Les médias locaux ont rapporté récemment que le Japon souhaitait en particulier acquérir jusqu'à 500 missiles de croisière américains Tomahawk, tout en augmentant les capacités de son arsenal actuel.

La présence des Forces d'autodéfense sur les îles les plus méridionales du Japon, les plus proches de Taïwan et donc de la Chine, doit en outre être augmentée, avec notamment un quasi-triplement des unités d'interception de missiles balistiques, toujours selon les médias nippons.

Les inquiétudes de longue date du Japon vis-à-vis de la Chine sont encore montées d'un cran en août dernier quand Pékin a multiplié les exercices militaires à proximité de Taïwan, lors desquels des missiles sont tombés en mer dans la zone économique exclusive (ZEE) de l'archipel nippon.

La stratégie nationale de sécurité devrait aussi faire référence aux tirs de missiles à répétition de la Corée du Nord et à la menace qu'ils représentent pour le Japon, ainsi qu'à la Russie, son voisin du nord.

La nouvelle stratégie japonaise a déjà provoqué avant son annonce officielle l'irritation de Pékin, qui fait régulièrement allusion au brutal militarisme nippon de la première moitié du XXe siècle, dont la Chine fut l'une des victimes.

La Chine est «fermement opposée» à cette politique qui «s'écarte de l'engagement du Japon en faveur de relations bilatérales et d'un consensus» avec Pékin et qui «contient des calomnies sans fondement contre la Chine», a déjà critiqué mercredi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin.