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Naufrage du «Yu Feng»: de fortes houles empêchent l’inspection de la coque

15 décembre 2022, 12:00

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Naufrage du «Yu Feng»: de fortes houles empêchent l’inspection de la coque

Quel  est l’état du bateau de pêche, le Yu Feng, dix jours après qu’il se soit drossé sur les récifs de l’île du Sud, à proximité de Saint-Brandon ? Y a-t-il des fissures au niveau de la coque ? Il s’avère que l’état de la mer ne permet pas une inspection sous-marine de celle-ci, indique une source proche du dossier. Toujours selon elle, des officiers du ministère des Affaires maritimes et de la National Coast Guard (NCG) se sont rendus à Saint-Brandon vendredi mais ils n’ont pas pu s’approcher de l’épave à cause de fortes houles. «Personne n’a plongé pour voir s’il y a des fissures ni voir s’il y a eu des dommages structurels là où le bateau s’est encastré dans les récifs», déplore notre interlocuteur.

En ce qui concerne les fuites de diesel, des booms semi-flottants ont été installés par la NCG autour du bateau car il est actuellement penché sur le côté. Un professionnel du secteur estime par ailleurs que ces «barrages» ne sont pas adaptés et qu’ils sont conçus pour absorber l’huile mais pas le diesel. «Cela s’appelle des booms dirigeants qui sont en fait des barrières qui devient la ‘trajectoire’ que prend le carburant.» Et de faire valoir qu’il pourrait y avoir un déversement de diesel en cas de mauvais temps. Les derniers bulletins météo concernant Saint-Brandon indiquent que des houles du sud-ouest sont attendues ce matin. La mer sera agitée avec des vagues de l’ordre de 2 mètres.

Il est, qui plus est, urgent, poursuit l’expert à qui nous avons parlé, de dépolluer le bateau car non seulement il y a du diesel et de l’huile à son bord, mais également du gaz réfrigérant dans la chambre froide. Il s’agit du fréon, «qui pourrait engendrer une pollution qui durera des années».
 

Judex Rampaul : «il sera impossible d’enlever le bateau»

<p>Le naufrage du <em>&laquo;Yu Feng&raquo;</em> à SaintBrandon a été au cœur de la conférence de presse du Syndicat des pêcheurs, hier. Selon son président, Judex Rampaul, il faut à tout prix sauver l&rsquo;environnement marin car l&rsquo;île est<em> &laquo;un lieu sacré&raquo;.</em> Il fait ressortir qu&rsquo;il sera difficile d&rsquo;enlever l&rsquo;épave des récifs car elle est très exposée aux aléas du temps.<em> &laquo;Nous suivons les données météorologiques. Aujourd&rsquo;hui (NdlR, hier), nous attendons des vagues de trois mètres. Il y a une formation cyclonique en Indonésie, dans l&rsquo;Est de Diego Garcia. Il y a également une basse pression qui se forme entre Agalega et les Seychelles.</em>&raquo; Judex Rampaul affirme que, tout comme le &laquo;<em>FV Kha Yang&raquo;</em>, palangrier malaisien qui s&rsquo;est échoué à Saint-Brandon en 2015, il sera impossible d&rsquo;enlever le &laquo;<em>Yu Feng</em>&raquo; à cause de l&rsquo;état de la mer dans cette région. Par ailleurs, il demande aux autorités de faire l&rsquo;acquisition d&rsquo;un remorqueur puissant à cause de notre Zone économique exclusive très fréquentée par de nombreuses lignes maritimes. <em>&laquo;Nous ne sommes pas à l&rsquo;abri des catastrophes maritimes.&raquo;</em> Son autre demande, c&rsquo;est de faire un stock de booms anti-pollution à Saint-Brandon comme mesure préventive. <em>&laquo;Il y a de nombreuses îles et on pourra installer environ un kilomètre de booms pour les protéger.&raquo;</em></p>

<p><strong>Délai de 15 jours pour enlever une épave selon la loi</strong></p>

<p><em>MV Angel 1, MV Benita, MV Wakashio, Lu Rong Yuan Yu, Maan Yu Feng 1, Maan Yu Feng 168</em> et <em>Wen Hung Dar No. 168</em>&hellip; Ces vraquiers, pétroliers et bateaux de pêche ont tous un point en commun. Ils étaient tous prisonniers des récifs et un plan de sauvetage a dû être mis en place pour les désencastrer. Que prévoit donc la Merchant Shipping Act en cas d&rsquo;incident en mer? Éclairage.</p>

<p>Tout d&rsquo;abord, il faut savoir que lors d&rsquo;un naufrage dans nos eaux territoriales, c&rsquo;est le directeur des Affaires maritimes (<em>Director of Shipping</em>) qui prend possession de l&rsquo;épave. Et c&rsquo;est lui qui devient la seule autorité sur l&rsquo;épave et sur les opérations de sauvetage (salvage). Lorsqu&rsquo;un navire s&rsquo;échoue ou se retrouve en détresse à proximité de la côte ou dans les eaux territoriales, il doit se rendre immédiatement sur le site et prendre contrôle du navire et des membres d&rsquo;équipage. Après cette première étape, le<em> Director of Shipping</em> doit, dans les 48 heures, rédiger un rapport décrivant l&rsquo;épave et toutes les marques par lesquelles elle se distingue. Et s&rsquo;il le juge nécessaire, il doit envoyer son rapport au secrétaire de la Lloyds (P&amp;I Club) à Londres. La loi prévoit également une vente immédiate de l&rsquo;épave. Ainsi, le <em>Director of Shipping</em> peut vendre l&rsquo;épave si elle est d&rsquo;une valeur inférieure à Rs 20 000 ou si elle est abîmée, ou d&rsquo;une nature si périssable qu&rsquo;elle ne peut être conservée sans tirer avantage. Dans le cas d&rsquo;une épave non réclamée, le <em>Director of Shipping</em> peut vendre l&rsquo;épave et verser le montant obtenu dans le <em>Consolidated Fund</em>, après déduction des dépenses, coûts et frais de sauvetage. Lorsqu&rsquo;un navire sombre, s&rsquo;échoue ou dérive dans les eaux territoriales et s&rsquo;il constitue une obstruction ou un danger pour la navigation, le capitaine, le propriétaire ou l&rsquo;agent dispose de 15 jours pour enlever l&rsquo;épave. Après ce délai, si ni le capitaine, ni le propriétaire ou encore ni l&rsquo;agent n&rsquo;a agi, le <em>Director of shipping</em> peut faire enlever l&rsquo;épave et la détruire.</p>