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Le tourisme mauricien à l’épreuve de ses concurrents régionaux

14 décembre 2022, 18:00

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Le tourisme mauricien à l’épreuve de ses concurrents régionaux

Un million, c’est l’objectif que se sont fixé les autorités locales en termes d’arrivées touristiques pour l’année calendaire 2022. En effet, affichant un rebond considérable par rapport à 2020 et 2021, deux années de pandémie, Maurice a accueilli de janvier à septembre 2022, 638 332 touristes contre 308 980 touristes en 2020 et 179 780 en 2021. Si d’aucuns pourraient être d’avis que des destinations voisines sont peu comparables, il serait opportun de jauger la performance touristique des Maldives et des Seychelles comparée à la nôtre. Aussi, à quoi nous attendre pour 2023 face au ralentissement économique en Europe ? Tour de table…

Intéressons-nous d’abord à la performance mondiale du tourisme en 2022. Il est estimé que 700 millions de touristes ont voyagé à travers le monde entre janvier et septembre 2022, une reprise certes, mais ne représentant que 63 % du volume mondial de touristes en 2019. Optimiste, la World Tourism Organization (WTO) des Nations unies, prévoit que le volume total de voyageurs en 2022 devrait atteindre 65 % du volume de 2019. Compte tenu de cette reprise, que peut-on dire de la performance des pays de notre région ? En 2019, les Maldives ont accueilli 1,7 million de touristes représentant des revenus de USD 3,2 milliards selon les chiffres de la Maldives Monetary Authority, ce qui nous amène à des dépenses de USD 1 854 par touriste. Les Seychelles ont quant à eux accueilli 428 000 touristes en 2019 pour des revenus de USD 618 millions, ce qui représente des dépenses de USD 1 443 par touriste. Revenons aux côtes mauriciennes. En 2019, 1 383 488 touristes ont foulé le sol mauricien selon les chiffres de la banque centrale pour des revenus de Rs 63,1 milliards. Si nous prenons une moyenne de Rs 36,035 pour le dollar en 2019, cela nous amène à un revenu de USD 1 266 par touriste. L’on convient donc qu’en 2019 déjà, Maurice affichait un revenu par touriste moins conséquent que ses compétiteurs. 

En 2022, l’année de la reprise, nous avons accueilli de janvier à septembre, 638 332 touristes pour des revenus de Rs 41,6 milliards. Si nous prenons une moyenne de Rs 44,55 le dollar sur cette période, nous arrivons donc à des revenus de USD 933,9 millions. Affinons encore plus la démarche et cela nous conduit à un revenu de USD 1 463 par touriste. En effet, en 2022, à ce jour, notre performance en dollars des dépenses par touriste s’est améliorée, passant de USD 1 266 en 2019 à USD 1 463 en 2022. 

Voyons les Maldives. Avec 1,2 million de touristes de janvier à septembre 2022, ils ont généré des revenus de USD 2,98 milliards, ce qui nous ramène à des dépenses de USD 2 498 par touriste, soit 70 % de plus que Maurice. Par ailleurs, les Seychelles ont de janvier à novembre accueilli 303 262 touristes pour des revenus de USD 823,96 millions, soit USD 2 716 par touriste. Cela dit, il serait intéressant de voir leurs principaux marchés. Aux Maldives, l’Inde se place en première position, suivi de la Russie, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de l’Italie. Aux Seychelles, ce sont la France, l’Allemagne, la Russie et le Royaume- Uni. Chez nous, les marchés principaux sont : la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Afrique du Sud. 

Au chapitre des revenus en devises, on se souviendra des prévisions du président de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Île Maurice (AHRIM), Désiré Elliah. Il disait le 23 novembre dernier dans les colonnes de l’express qu’il faut s’attendre à une croissance du volume de devises étrangères sur le marché. «Ces revenus constituent environ 65 % des revenus totaux des opérateurs hôteliers, le reste étant en roupies mauriciennes. De ces revenus en devises, tout hôtelier convertit en roupies au moins 60 % pour la rémunération de ses opérations et autres engagements envers ses fournisseurs et employés, ainsi que pour le remboursement des dettes en roupies.» 

Autre élément à considérer, les perspectives 2023 avec le ralentissement économique en Europe et l’inflation qui devrait être de l’ordre de 8,5 % dans la zone euro l’année prochaine. Les risques pour le segment hôtelier, les opérateurs en sont conscients à l’instar de Jean-Michel Pitot, CEO du groupe Attitude, qui indiquait dans les colonnes de l’express la semaine dernière que Maurice reste une destination attractive pour les Européens. «Évidemment, Maurice doit diversifier ses marchés émetteurs, mais factuellement aujourd’hui le marché indien a du mal à décoller, l’Afrique du Sud a décollé et amène du volume. Par rapport à la problématique économique, c’est une question complexe. Nous assistons à une reprise du tourisme plus forte que ce à quoi nous nous attendions. Le nombre de réservations augmente chaque semaine et il s’agit de réservation pour janvier, février prochains et jusqu’à juin et juillet ; donc on constate le succès de la reprise. Pour ce qui est de la crise en Europe, on sait que le problème est là, mais nous n’avons pour le moment pas de visibilité sur comment, quand et où la crise frappera en premier. Quand on commencera à voir les effets sur le nombre de réservations en provenance d’Europe, c’est clair que la cause sera la crise économique.» 

Donc finalement, si le secteur affiche de l’optimisme pour la suite, la prudence reste de mise, mais il nous faut aussi pouvoir augmenter nos revenus par touriste, comme le font nos compétiteurs, surtout dans un marché où la banque centrale livre un combat sans merci pour maintenir la valeur de la roupie face au manque de devises.

Chiffres 2019

Pays Arrivées touristiques Revenu par touriste (USD)
Maurice 1 383 488 1266
Maldives 1 703 000 1854
Seychelles 428 000 1443

 

Chiffres 2022

Pays Arrivées touristiques Revenu par touriste (USD) Période
Maurice 638 332 1463 Jan-Sep
Maldives 1 1 92 000 2498 Jan-Sep
Seychelles 303 262 2716 Jan-Nov