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Analyse-réflexion: Pravind Jugnauth est un homme dangereux

29 novembre 2022, 10:19

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Analyse-réflexion: Pravind Jugnauth est un homme dangereux

L’année dernière nous écrivions «PKJ, ça suffit» sur ce mur en expliquant comment une majorité de Mauriciens considérait sa gouvernance comme criminelle, autocratique ; et nous plaidions pour qu’il fasse une introspection pour son hygiène mentale. Un an après, force est de constater avec tout ce qui se passe dans le pays et sa façon de gérer, que son cas s’est aggravé au point où il est aujourd’hui l’homme le plus dangereux du pays.

Premier ministre et ministre de l’Intérieur ayant pour mandat d’assurer la sécurité et le bien-être de tous les citoyens, garant de la Constitution et de l’État de droit – fondement d’une république démocratique –, il s’est transformé en autocrate, objectivement pyromane en soufflant sans gêne sur les flammes de la division. Il confirme qu’il est un «fake Prime Minister», prêt à mettre le pays à feu et à sang pour sauver sa peau, préserver et consolider son empire en s’appuyant sur des forces que l’on peut qualifier de mafieuses.

Rien que durant ce dernier mois, il y a eu trois événements majeurs : le rapport d’enquête judiciaire de la magistrate Mungroo Jugurnath sur le cas Kistnen, le rassemblement du 29 octobre et l’arrestation de Bruneau Laurette moins d’une semaine après. Lié à ce dernier événement se trouve tout le dossier de la drogue, dont les frasques effrayantes de la PHQ Striking Team qui se trouve face à des vidéos très troublantes sur des «planting operations» qu’elle aurait menées.

Bruneau Laurette, rassemblement et arrestation

Lors de son rassemblement du 29 octobre, Bruneau Laurette avait fait de très graves allégations concernant le trafic de drogue contre une partie de la force policière. On s’attendait à ce qu’il soit interrogé et éventuellement arrêté sur ses allégations. Rien de tel ne s’est produit mais il sera arrêté pour présomption de trafic de drogue moins d’une semaine après, à la suite d’une fouille chez lui. Toujours en détention provisoire, il clame son innocence en disant que la drogue découverte à son domicile a été plantée.

Rapport d’enquête judiciaire

Le rapport de l’enquête judiciaire sur l’affaire Kistnen, dont une partie a été rendue publique lors d’une émission de Radio Plus, constitue un dossier à charges sur plusieurs volets : la force policière ; la corruption dans l’allocation de contrats de plusieurs milliards de roupies pour l’achat de médicaments pendant l’épidémie de Covid-19, impliquant le ministre Sawmynaden ; l’emploi fictif de Simla Kistnen (la veuve de Kistnen) par le même ministre Sawmynaden, et l’organisation du vote de travailleurs étrangers qui constitue une violation de la People and Representation Act. La magistrate a recommandé d’approfondir l’enquête sur tous ces volets. On a eu droit à quelques timides initiatives de la part des institutions concernées – la police et l’ICAC. PKJ a, quant à lui, évoqué sans aucune pudeur les cas d’Azor Adelaïde et de Bassin-Blanc pour venir dire que ce n’est pas la première fois qu’un assassinat – celui de Kistnen – ne sera pas élucidé si cela arrive.

Le débat sur la drogue à l’Assemblée nationale

Au Parlement, PKJ a été odieux en voulant se présenter comme le pourfendeur de la mafia tout en affirmant que ce sont le Parti travailliste et certains des opposants au régime qui sont liés à des barons de la drogue. Sans une once de dignité et de respect, qui devrait accompagner le poste qu’il occupe, il s’est ouvertement transformé en procureur et juge en lançant son fameux «Atann taler zot pou koné», indiquant que l’exécutif se mêlerait du judiciaire. Il est dans la même imposture que la page Facebook Sun TV dont les administrateurs n’ont pas été inquiétés et continuent à sévir, incitant à la haine et la violence communales, malgré les plaintes des journalistes…

Les recommandations du rapport du juge Lam Sham Leen (2018) sur la mise en place d’une institution chapeautant l’ADSU qui aurait permis de remonter la filière des cas d’«unexplaiend wealth» de certains de la force policière, constituant un groupe de pourritures, sont restées lettre morte. Et PKJ ose se présenter comme le pourfendeur de la mafia de la drogue. Bien d’autres éléments d’une longue liste sur le trafic de drogue lui interdisent de dire qu’il va mater la mafia de la drogue.

«Opération planté»

Des images vidéo extrêmement troublantes sur des perquisitions sur la présomption de trafic de drogue chez certaines personnes ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Après celles postées par Akil Bissesur sur la fouille chez sa compagne et chez lui, et qui ont conduit à leur arrestation et emprisonnement, il y eu celles captées chez Wayne Attock sur une perquisition. Elles indiqueraient des cas d’opérations «planté». Et pour couronner le tout, il y a eu les conclusions du rapport du Forensic Science Laboratory sur le cas de Jean Racquel Jolicoeur, lui aussi arrêté et emprisonné pour trafic de drogue, qui indiquent qu’aucune trace d’ADN du prévenu n’a été retrouvée.

Sur tous ces cas, le Premier ministre et le commissaire de police restent de marbre. Ceux concernés par ces cas à la PHQ Striking Team et certains autres éléments de la police sont toujours en fonction. Planter de la drogue serait-il devenu un mode opératoire accepté, voire indiqué, par les autorités ? L’existence d’une milice policière au service du pouvoir politique en place a même été évoquée par certains.

PKJ, Nishal Joyram et le bon sens

PKJ table sur la quête de l’argent facile d’une partie de la population, l’argent diable, une opposition globalement «impotente». Tout citoyen ayant à cœur l’avenir de la société mauricienne, et doté d’un minimum de conscience humaine, doit s’engager dans un mouvement unitaire pour le faire partir.

Nishal Joyram, avec l’aide d’un comité de soutien, a initié une marche samedi le 26 novembre contre le prix des carburants. Il a lancé un ultime appel devant le bureau du PM pour dire que si le gouvernement campe sur sa position, le mouvement de protestation entrerait dans une nouvelle phase. «La rue va parler», a-t-il déclaré.

La marche de samedi dernier risque d’être une réclame. La revendication de Nishal Joyram relève du bon sens en raison de l’effet cascade d’une baisse du prix des carburants qui va alléger la souffrance de la population, et des petites et moyennes entreprises. Pourvu que le manque à gagner pour les revenus du gouvernement ne soit pas comblé par d’autres mesures qui pénaliseraient encore ceux et celles qui souffrent. Il ne faut pas oublier que l’économie mauricienne est dans un piteux état, qui va s’aggraver, avec la gestion économique et financière calamiteuse du tandem PKJ - Padayachy, qui consiste à dilapider et défoncer les caisses de l’État.

L’étau va se resserrer dans les semaines et mois à venir sur tous les fronts, y compris à l’international, avec les multiples initiatives dont celle des Avengers avec Rama Valayden comme figure de proue. Il faut impérativement amplifier la pression en criant haut et fort notre colère contre toutes les dérives actuelles du régime. Il faut faire comprendre à PKJ, ses acolytes et ses complices à tous les niveaux que la peur qu’ils veulent distiller dans la population est en train de changer de camp.

Oui, n’ayons pas peur, battons-nous tous pour leur faire peur ! 2022 tire à sa fin. Vivement que 2023 soit une année d’un mouvement unitaire autour d’une finalité commune – tout mettre en œuvre pour sauver la République mauricienne et reconstruire le pays.