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Michael Veeraragoo: «Le contrat renouvelable tous les mois était une excuse pour me demander de partir»

21 novembre 2022, 22:00

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Michael Veeraragoo: «Le contrat renouvelable tous les mois était une excuse pour me demander de partir»

Bye-bye MASA. Le vendredi 18 novembre, Michael Veeraragoo, directeur par intérim de la Mauritius Society of Authors (MASA) depuis un an, a passé le témoin à un officer-in-charge.

Président de la MASA pendant trois ans (2017-2020), un an comme directeur. Où est l’erreur ? 
Ce sont eux qui sont dans l’erreur. À mon arrivée comme directeur en septembre 2021, la situation était telle que la MASA ti dwa CEB. 

Le ministère des Arts et du patrimoine culturel est intervenu en triplant la subvention de la MASA pour qu’elle continue ses activités. 
Qui était à la tête de la MASA à l’époque ? L’un des employés agissait comme officer-in-charge. La MASA ne pouvait pas payer le téléphone, les salaires. Par exemple, une fiche de paie montrait bien toutes les déductions sur le salaire, sauf que la MASA n’avait pas payé la Sicom. 

C’est très grave. 
C’est de l’incompétence. J’ai dû gérer le passé et le présent. Vous rendez-vous compte de la responsabilité que j’avais ? Depuis la suspension du directeur… 

Celle de Gérard Louise en 2011… 
Depuis 2011, qui a assuré la gestion comme officer-in-charge ? C’étaient des gens de l’intérieur, des employés de la MASA. Tou inn fail. 

Votre départ après un an, c’est aussi un «fail» ? 
Non.

Quel est votre bilan ? 
Depuis cinq ans la MASA n’avait pas soumis ses comptes. J’ai complété le rapport annuel pour cinq années financières. C’est en cours d’audit. Il restait une année financière, 2020-2021. 

En 2014, la MASA change de nom, devient la Rights Management Society (RMS). Elle perd son statut de full fledged member de la Confédération Internationale des Sociétés d’Auteurs et Compositeurs (CISAC). En 2017, la RMS redevient la MASA. La CISAC nous donne un statut de membre provisoire. Ce statut devait être réévalué en 2019. À cause de la pandémie, l’évaluation est repoussée pour 2021. Nous avons eu encore deux ans pour redresser la barre. En 2023, soit la MASA adopte les recommandations de la CISAC et se remet en règle. Soit elle perdra son statut de membre provisoire. Si cela arrive, la MASA n’a plus de raison d’être. 

Vous me demandez ce que j’ai fait. Administrativement, on a mis en place un système où chacun sait ce qu’il doit faire.

Vous décrivez une véritable pagaille. 
Un bateau sans capitaine, ki pou arivé? On a cru que j’allais exercer un management de répression, c’est tout le contraire. Ti éna enn lord dan travay. 

La MASA utilise le système CoSis, qui est payant. Alors que la CISAC propose le World Intellectual Property Organisation (WIPO) Connect, qui est gratuit. J’ai initié la migration vers le système gratuit. 

Autre projet engagé, la reprographie (NdlR, la reproduction d’ouvrages dans les bibliothèques, archives, universités, etc.). L’année prochaine, la MASA aura le soutien de la Fédération internationale des organismes gérant les droits de reproduction (IFRRO) pour mettre en place ce département. Tout cela, vous ne pouvez pas le faire si vous avez un contrat renouvelable tous les mois. Le month to month était une excuse pour me demander de partir. Parce que pour vous demander de partir, il faut qu’il y ait un blâme contre vous. Si ou pé fer ou travay bien, péna okenn blam, kouma pou dir ou alé? 

On est dans la période cruciale menant au paiement de la tranche de royalties de décembre. Cela se prépare deux, trois mois avant. Un directeur avec un contrat mensuel se sent-il en sécurité ? Le month to month basis, je l’ai fait à la fin de mon contrat en septembre dernier. C’était le temps que le board décide de la marche à suivre. La moindre des choses c’est qu’avant la fin de mon contrat, le board aurait dû me dire ce qu’il comptait faire.

Il se dit que vos relations avec le conseil d’administration étaient tendues. 
Je n’ai assisté qu’à une seule réunion du board actuel. 

Qu’en est-il de l’état de vos relations avec le président en exercice de la MASA ? 
Tout le monde dit que j’ai un problème avec lui. Vous lui avez demandé s’il y a un problème ? 

Je vous le demande. 
Personnellement, je n’ai aucun problème avec lui. Mo éna enn prinsip travay. Kitfwa li ousi li éna enn prinsip travay. À chacun son rôle. 

Vous étiez président de la MASA juste avant l’actuel président. Est-ce qu’il y avait deux présidents en même temps à la MASA ? 
Je n’ai jamais empiété sur ses prérogatives de président. 

En dehors de la MASA, vous aviez d’autres activités… 
Non… 

Vous n’êtes pas un producteur, avec un studio d’enregistrement et de doublage ? 
Toutes mes activités liées à la musique sont en pause depuis que j’avais accepté la présidence de la MASA en 2017. Justement pour ne pas interférer dans le travail à la MASA. Je ne suis pas comme ces présidents qui continuent de faire tourner leur propre business dans la musique, alors que cela concerne la MASA. 

Je perçois des royalties, j’ai un gros catalogue. Je déclare mes intérêts, mais ces royalties concernent des productions d’avant 2017. 

Et la société de doublage ? 
J’ai une société de doublage mais c’est mon épouse qui est directrice de la compagnie. 

Vous êtes aussi actif au ministère du Tourisme.
Là où on a besoin de moi, je donne un coup de main. 

Parmi les questions soulevées : est-ce qu’un directeur de la MASA peut être un membre de la MASA, alors que ses fonctions lui donnent accès aux dossiers de ses concurrents dans le monde artistique ? 
Est-ce qu’un membre du board peut être un membre de la MASA ? 

Si vous n’êtes pas membre, vous ne pouvez pas participer aux élections pour siéger sur le «board». 
Est-ce que c’est éthique ? 

Dans le cas du directeur c’est de l’opérationnel avec un accès aux dossiers. 
Le directeur applique les décisions du board. Où se trouve la différence ? Quand certains arrivent en poste, ils font tout pour promouvoir leurs intérêts. Comme directeur, j’ai acheté ma chaise de bureau ar mo prop kas. La chaise était cassée, elle n’avait pas été remplacée. Kan bizin manz diri sek, bwar bouyon, nou fer li. 

Vous avez fait don de la chaise à la MASA ? 
Je l’ai reprise. 

Autre point controversé : vos qualifications. Pour être directeur de la MASA il faut une licence, un mastère et sept ans d’expérience dans l’administration. Les avez-vous ? 
Parmi tous ceux qui ont été officer-in-charge depuis la suspension de Gérard Louise, certains avaient de grands diplômes. Éna ti dokter tou. Quels résultats ont-ils apportés ? Où aurez-vous sept ans d’expérience à Maurice pour devenir directeur de la MASA ? MASA ti dan problem. On m’a proposé de donner un coup de main, j’ai dit OK. J’ai trois licences : en finance, en comptabilité, en loi commerciale. 

Donc, pas toutes les qualifications requises pour le poste de directeur de la MASA. 
Kan ou papa enn santer, savédir ousi ti bizin met kalson trwa-kar, bat ravann, zwé triyang? 

Vous réduisez les chanteurs et leurs enfants à ça ? 
Pas du tout. C’est avec ce travaillà que mon père a financé mes études universitaires. J’ai passé six ans en Australie, à la Deakin University. 

Vos trois diplômes sont de cette université ? 
Oui. Je les ai obtenus entre 1994 et 2000. 

Avez-vous un mastère ? Non. 
En 2021, j’ai entamé un mastère en Business administration, à l’Open University. J’ai mis mes études en pause quand on a fait appel à moi comme directeur de la MASA. Avant que je n’arrive comme directeur, la fonction publique a fait des vérifications. Pa zis met intel laba parski sé nou dimounn sa.

 

«Pension» d’artiste, le cas Ras Natty Baby

<p>L&rsquo;artiste Ras Natty Baby menace d&rsquo;entamer une grève de la faim. Il a eu 60 ans en 2014, mais neuf ans plus tard, ne perçoit pas de<em> &laquo;pension&raquo;</em> de la MASA. En tant que directeur sortant, Michael Veeraragoo affirme qu&rsquo;un rapport sur la liste d&rsquo;attente de 30 artistes qui attendent la pension a été soumis au &laquo;board&raquo; en mars de cette année. <em>&laquo;Il ne lui restait qu&rsquo;à décider de payer tous ceux qui sont sur la liste d&rsquo;attente ou pas. Soit au barème existant ou un autre barème. Le board avait peur de prendre cette décision. On a préféré attendre qu&rsquo;il y ait à nouveau des artistes élus qui siègent au conseil d&rsquo;administration. Mais à la première réunion du nouveau board, cet item a été repoussé à la prochaine réunion.&raquo;</em></p>