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Drug Users Administrative Panel: quel modèle pour constituer le comité ?

8 novembre 2022, 20:00

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Drug Users Administrative Panel: quel modèle pour constituer le comité ?

Le Drug Users Administrative Panel (DUAP) fait débat. Ce comité qui évaluera la réhabilitation des consommateurs de drogue sera constitué sous le «Dangerous Drugs Amendment Bill», actuellement présenté au Parlement. Si ce nouveau panel prévoit des légistes, médecins et travailleurs sociaux comme membres, d’autres impératifs doivent être considérés, indiquent des acteurs engagés dans cette cause. Lesquels ? Et pourquoi ? Doit-il fonctionner indépendamment des autorités ?

«Le fléau n°1 à Maurice est l’abus et le trafic de drogue. On ne doit plus continuer avec la politique ‘apré lamor latizann’. Cela empire depuis plus de 40 ans. C’est une mode locale que de nommer les petits copains au sein des comités nationaux. Il ne faut pas que cela continue avec le DUAP», déclare Ally Lazer, travailleur social. Face aux ravages de la drogue, les «cadavres des jeunes» affluent au cimetière, estime-t-il. Il cite notamment les multiples décès par overdose depuis les dernières semaines. À cela s’ajoute le cas d’un enfant de quatre ans qui a perdu la vie en ingurgitant la méthadone de son grand-père. Ce produit devait être consommé au centre de distribution et non rapporté à la maison. 

Aussi, il incombe, pour le DUAP, d’y nommer les personnes appropriées. Le travailleur social va plus loin, soutenant que ce comité doit fonctionner indépendamment du ministère de la Santé. «C’est bien qu’il y ait un juge, des professionnels médicaux et travailleurs sociaux au sein du DUAP. À mon avis, il faut également inclure un psychologue et un ancien toxicomane qui ne consomme plus de drogue. L’indépendance de cette unité serait plus efficace pour contrer la progression de ce fléau», explique-t-il. 

Ally Lazer affirme qu’il faudrait instituer une politique nationale de prévention et réinventer le modèle de la NATRESA. À qui profite sa fermeture ? Au contraire, poursuit-il, il aurait fallu des antennes régionales pour assurer la prévention. «Pour toutes ces raisons, il faut des personnes compétentes pour siéger sur le DUAP.» 

Depuis ces derniers jours, Kunal Naïk, psychologueaddictologue et Advisory Council Member de l’International Drug Policy Consortium, fait circuler un document focalisé sur les amendements légaux aux parlementaires. Il désigne plusieurs raisons associées à la mise en place de ce modèle inspiré du système portugais. Par exemple, quand l’usage de drogues (simple possession ou consommation) est décriminalisé, davantage de personnes se sentiront à l’aise pour aller vers le traitement sans craindre d’être arrêtées ou prises en amende. «En leur évitant d’être exposés aux sanctions légales, en leur donnant accès au traitement et en facilitant leur insertion sociale, ce système diminuera le nombre d’incarcérations liées à la récidive dans les affaires de consommation de drogues. Une baisse dans le nombre de transmissions au VIH et à l’hépatite C dans le milieu carcéral sera aussi observée», précise-t-il. 

Toutefois, il existe également des points faibles, constate Kunal Naïk. Lesquels ? Pour lui, le présent panel proposé pour le DUAP souffre d’un manque de professionnels formés en addiction. «La moindre des choses serait que les membres aient une formation adéquate leur permettant de comprendre les causes profondes de l’addiction. L’équipe technique devant conduire l’enquête sociale pour établir les profils des personnes se présentant en face du panel devra être en mesure d’adopter une approche multidisciplinaire. À cet effet, d’autres ministères dont l’Intégration sociale, la Jeunesse et les Sports et l’Éducation devront être impliqués», suggère-t-il. 

Il ajoute que le projet de loi ne considère pas les personnes consommant des drogues de manière récréative. Parallèlement, il élabore des recommandations comme la démarcation entre les personnes souffrant d’addiction et celles consommant des drogues sur une base récréative et la provision de mesures volontaires de dissuasion comme des amendes et des travaux d’intérêt général. Il évoque des mesures de santé et sociales en soutien au DUAP, la formation du panel et de l’équipe technique sur l’addiction et la standardisation internationale des programmes de réhabilitation entre autres. 

De son côté, Imran Dhanoo, directeur du centre Idrice Goomany, fait ressortir que les six personnes appelées à siéger sur le DUAP doivent impérativement comprendre la problématique de la drogue ainsi que les meilleures pratiques applicables mondialement en matière de réhabilitation. «Si ces dernières sont inappropriées ou biaisées, ce ne sera pas une bonne chose. Avoir des représentants juridiques, médicaux et des travailleurs sociaux sur le comité me semble correct mais c’est leur profil qui demeure déterminant. Ceux-ci auront à référer les firsttime offenders vers les centres de soins.» Leur expérience dans la dépendance aux stupéfiants et la prise en charge est vitale. 

Au sujet de l’indépendance du DUAP, il soutient que tout dépendra du profil des nominés. Néanmoins, Imran Dhanoo attire l’attention sur d’autres aspects. À titre d’exemple, il se demande si le passage en réhabilitation des consommateurs de drogue sera exclu du certificat de caractère. «Il ne faut pas que cela soit mentionné. La loi fait provision pour le traitement et la réhabilitation des toxicomanes. Les centres Goomany, Solidarité pour une nouvelle vie et d’Accueil de Terre-Rouge sont inscrits légalement. Cet ordre de traitement figurera dans le certificat de caractère. Or, fondamentalement, ce nouveau projet vise à ce que les gens ne passent pas par un système de justice criminelle», poursuit-il. Puisque le consommateur de drogue n’aura pas à comparaître en cour, il estime que le certificat de caractère exclura la période de réhabilitation. 

Sollicité à ce sujet, le Police Press Office évoque cette possibilité en l’absence de poursuite des first time offenders. Mais il faudra voir en cas de récidive, poursuit notre interlocuteur.