Publicité

Inflation et crise économique: le segment luxe épargné

2 novembre 2022, 20:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Inflation et crise économique: le segment luxe épargné

À la une de l’actualité à Maurice comme partout dans le monde, la poussée inflationniste ne ralentit pas, affichant 11,9 % en glissement annuel chez nous, sans oublier les prévisions du Fonds monétaire international (FMI) pour le taux d’inflation mondiale qui devrait passer à 8,8 % en 2022 contre 4,7 % en 2021. Malgré la crise énergétique et la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs de la classe moyenne et ceux au bas de l’échelle, il semblerait que le marché des produits de luxe se porte cependant comme un charme. On l’a vu au niveau international avec LVMH, le plus grand groupe de luxe du monde, qui montre peu de signes d’affaiblissement de la demande pour ses sacs à main haut de gamme et son champagne, au troisième trimestre de 2022. Dans un article de Reuters publié en octobre, il ressort que le chiffre d’affaires trimestriel de LVMH se chiffre à EUR 19,8 milliards, supérieur aux attentes des analystes qui prévoyaient EUR 19,1 milliards de chiffres d’affaires.

Voyons plus proche de nous, en Afrique. Selon l’Africa Wealth Report de Henley & Partners publié en avril dernier, en 2021 le continent africain comptait 136 000  (HNWI) ayant un minimum d’actifs de USD 1 million contre 125 000 en 2020, représentant un total de USD 2,1 trillions en termes de fortune privée. À Maurice, 4 800 HNWI représentent USD 44 milliards en termes de fortune privée, soit près de quatre fois le PIB du pays. Dans ce rapport, Maurice est donc catégorisé comme le marché affichant la meilleure croissance d’Afrique avec une richesse par habitant de USD 34 500 au 31 décembre 2021. Mieux encore, ce rapport prévoit que Maurice devrait atteindre plus de 8 000 HNWI d’ici 2031, contre 4 800 actuellement, 4 400 l’année dernière et 2 700 il y a dix ans.

Le marché du luxe comprend plusieurs éléments, dont l’hôtellerie de luxe, l’immobilier de luxe, les voitures de luxe, les bijoux, habits et autres accessoires de luxe entre autres. Le rapport mentionne, à titre d’exemple, la présence de Porsche à Maurice. Justement, que peut-on dire de la performance de cette marque sur le marché mauricien? «Il y a bien évidemment une corrélation entre les HNWI et le marché du luxe. Nous notons une bonne performance pour ce qui est du marché des voitures de luxe. Celle-ci est aussi le résultat de l’excellent service que nous offrons à nos clients. Il y a aussi une bonne partie de nos clients qui sont des expa- triés venus vivre à Maurice. Ce sont généralement des connaisseurs qui apprécient la marque. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux possèdent déjà des Porsche dans leurs pays d’origine», déclare Kevin Kim Lim, Senior Manager du Centre Porsche Maurice. Outre les voitures, on retrouve aussi l’hôtellerie qui attire les HNWI dans plusieurs pays dont l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc, l’Égypte et la Tanzanie entre autres. Quid de Maurice ? «Personne ne va nier que notre consommation locale de l’hôtellerie de luxe a explosé ces dernières années, et s’est surtout amplifiée pendant la période Covid, quand nos frontières étaient fermées. Il suffit de faire un tour dans n’importe quel parking d’hôtel de luxe pour voir les grosses cylindrées. Cette clientèle ne se limite pas uniquement à des expatriés qui sont venus vivre à Maurice. L’hôtellerie de luxe sans exception est également fréquentée par nos compatriotes mauriciens. La clientèle locale est importante et mérite qu’on y apporte plus d’attention, avec une vraie stratégie et une réflexion en profondeur de comment la pérenniser. Une grosse partie de cette clientèle pourrait faire le choix de rester à Maurice le temps d’un week-end plutôt que de prendre l’avion si nous arrivons à la séduire avec une belle offre», dit Sydney Pierre, Chief Sales & Marketing Officer à JW Marriott Mauritius.

Selon lui, cette même clientèle est définitivement consommatrice de biens immobiliers. «Les différents programmes mis en place ces dernières années pour encourager les étrangers à rester à Maurice ont complètement changé la démographie de notre clientèle locale, mais notre stratégie pour les attirer n’a pas beaucoup évolué malgré les diverses plateformes existantes dédiées à cette clientèle. Il manque une petite touche de créativité, car la clientèle intérieure recherche quelque chose de différent par rapport à la clientèle étrangère.» Quelle est la différence entre hôtellerie de luxe et ultra luxe ? «Nous avons deux segments 5-étoiles dans notre catégorisation d’hôtels. Les 5-étoiles seront affectés par la crise mais les 5-étoiles luxe bien moins. Comme nous le savons, la crise ne touche pas tout le monde et cela a toujours été le cas. Notre industrie dans l’ensemble sera par contre affectée. Je redoute une guerre des prix par manque de demande, que je ne conseille cependant pas. Cela risque d’affecter de plein fouet les autres catégories 4 et 3-étoiles. Si les remplissages de cette fin d’année sont très satisfaisants, c’est sur la basse saison de 2023 qu’il nous faudra travailler car elle risque de faire mal», ajoute Sydney Pierre.

«Finalement, (...) une industrie du luxe qui marche bien est une bonne nouvelle pour la croissance du pays, de même que l’entrée de devises peut être bénéfique pour la roupie mauricienne.»

Parlant de l’industrie que représentent les produits de luxe, l’on ne peut évidemment pas négliger le segment immobilier qui s’impose en pilier comme source d’investissements directs étrangers dans le pays. Selon le rapport Henley, les appartements à Maurice sont maintenant parmi les plus chers d’Afrique, avec des prix allant jusqu’à USD 5 000 par mètre carré. Nous avons sollicité Jyoti Jeetun, Group Chief Executive à Mont-Choisy. «Nous sommes dans une situation très dynamique et nous devons être très agiles afin d’être en mesure d’examiner et de nous adapter au mieux aux évolutions mondiales. Nous avons constaté que l’intérêt des HNWI est toujours présent. Cependant, il est aujourd’hui plus difficile de convertir les leads en ventes en raison des fluctuations monétaires qui déstabilisent le marché. De ce fait, les clients se montrent plus prudents et donc moins enclins à prendre des risques. Nos marchés traditionnels, soit la France et l’Afrique du Sud, restent les plus forts, même si nous constatons que l’Afrique du Sud se porte mieux actuellement. Depuis le Covid-19, nous avons constaté que les Sud-Africains sont plus enclins à investir dans l’immobilier à Maurice. Cela pourrait aussi s’expliquer par les problématiques internes en Afrique du Sud, sans oublier les émeutes de 2021.»

Selon le constat de Jyoti Jeetun, si les budgets varient, il y a plus d’acheteurs dans la tranche de prix des USD 250 000-USD 400 000, notamment dû au fait qu’il y a plus d’offres dans cette tranche sur l’île, particulièrement pour les projets PDS et Ground +2. «C’est plus difficile pour les promoteurs comme Mont-Choisy, car nous offrons un mode de vie (lifestyle) qui nécessite des centaines de millions d’investissement dans le golf, les infrastructures, les loisirs ou encore le bien-être. Nous sommes donc positionnés sur une gamme supérieure du marché tout en ayant une part de marché limitée. Si les étrangers peuvent acquérir de l’immobilier pour y vivre ou investir, Mont-Choisy devient de plus en plus une destination tendance et les gens choisissent de s’y installer. De nombreux logements sont loués, mais nous constatons que de nombreux Mauriciens, expatriés et étrangers choisissent aussi de devenir propriétaires.»

Toutefois, il faut aussi le dire, le marché de l’immobilier reste sensible aux augmentations des taux d’intérêt partout dans le monde. «En effet, l’ère de l’argent gratuit est obsolète. Avec l’augmentation des taux d’intérêt mondialement, il est possible que les marchés immobiliers du monde entier soient affectés et qu’il y ait une baisse considérable des prix. Il reste donc à voir si les prix seront également affectés à Maurice, notamment sur le marché secondaire de la revente. Je pense que 2023 sera particulièrement difficile pour les marchés immobiliers internationaux. La hausse des coûts d’emprunt entraînera une réduction de la demande et des prix. Toute personne empruntant pour acheter à Maurice sera donc confrontée aux mêmes difficultés et le verdict concernant les HNWI qui ont un revenu disponible élevé n’est pas encore tombé. Néanmoins, Maurice attire une nouvelle catégorie d’acheteurs qui veulent changer de style de vie. Je reste donc cautiously optimistic pour le secteur immobilier de luxe à Maurice

Finalement, il faut toutefois le dire, une industrie du luxe qui marche bien est une bonne nouvelle pour la croissance du pays, de même que l’entrée de devises peut être bénéfique pour la roupie mauricienne.

L’institut escoffier fait découvrir ce monde à Maurice

<p>&nbsp;Les étudiants de la première cohorte du M.B.A Mana gement et Marketing du Luxe de MBA ESG, en collaboration avec l&rsquo;Institut Escoffier, ont organisé un atelier de travail afin de mieux faire connaître le monde du luxe à Maurice, samedi dernier. Selon Jérôme Fabre, &laquo;Managing Director&raquo; - : &laquo;<em>Le luxe est bien un segment d&rsquo;activité qui comporte plusieurs secteurs. Bien plus que l&rsquo;hôtel- lerie, le luxe s&rsquo;appuie sur du savoir-faire traditionnel dont la parfumerie, la gastronomie, l&rsquo;automobile et les bateaux de luxe, l&rsquo;immobilier et les cosmétiques. Dans le luxe, les deux questions qui reviennent sans cesse sont le taux de croissance et avons-nous les personnes com pétentes pour y travailler - ? C&rsquo;est la raison pour laquelle l&rsquo;Institut Escoffier est le seul établissement à enseigner les métiers du luxe à l&rsquo;île Maurice et dans la région, avec un Bachelor de Marketing du Luxe et un MBA en Mana gement et Marketing du Luxe.&raquo;</em></p>