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70 % de la faune sauvage ont disparu: Maurice pas épargné

25 octobre 2022, 21:00

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70 % de la faune sauvage ont disparu: Maurice pas épargné

Les espèces en voie de disparition augmentent, et, en 50 ans, près de 70 % de la faune sauvage a disparu. C’est le constat du rapport bisannuel du WorldWildlife Fund (WWF), qui souligne que ce dernier est une alerte rouge, et qu’avec le réchauffement climatique, les données pourraient être revues à la hausse en peu de temps. Selon le directeur général du WWF, Marco Lambertini, si la hausse de température n’est pas maintenue au-dessous de 1,5 degré, comme le prévoit l’Accord de Paris, les conséquences risquent d’être «gravissimes» pour la faune mondiale. 

Quelque 32 000 populations d’animaux, de plus de 5 000 espèces, ont été étudiées à travers le monde par le WWF. L’étude souligne que la situation en Amérique latine est la plus préoccupante, avec 94 % des populations d’espèces sauvages en déclin. Au niveau du continent africain, la directrice Afrique, Alice Ruhweza, explique sur le site officiel du WWF, que la situation est tout aussi alarmante : «Dans le parc national de Kahuzi-Biega, en République démocratique du Congo, le nombre de gorilles des plaines orientales a, par exemple, baissé de 80 %. 50 % des coraux d’eau chaude ont déjà disparu, il s’agit là du déclin le plus rapide. En trois décennies à peine, le nombre d’éléphants de forêt africains a chuté de plus de 86 %. Les populations de requins et de raies océaniques ont, elles, diminué de 71 % au cours des 50 dernières années.» 

Face à la menace de la déforestation, la MWF continue un travail assidu pour protéger les plantes à travers ses pépinières, ici à l’île-aux-Aigrettes.

Au niveau local, la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) ne diminue pas ses efforts et essaie de trouver des solutions pour que les espèces endémiques continuent à prospérer. Son directeur, le DrVikash Tatayah, explique : «Dans les années 1970, la population des oiseaux rares était critique. Il ne restait que quatre kestrels sur l’île. Le pigeon des mares, la grosse cateau verte ou encore le mammifère qu’est la chauve-souris de Rodrigues étaient toutes des espèces rares au monde. Sans oublier le cardinal de Rodrigues. C’est avec l’aide de plusieurs instances internationales et le Forestry Service du gouvernement que nous avons pu sauver ces espèces de l’extinction.» 

Vikash Tatayah ajoute cependant une note positive : «Mais il y a une amélioration afin que ces espèces ne disparaissent pas.» En revanche, il explique qu’au niveau des reptiles, la situation était alarmante il y a 50 ans : «Nous avons même perdu des espèces, et cela est dû à la dégradation de l’habitat de l’île Ronde.» La présence de lapins et de cabris, introduits dans les années 1800, a causé beaucoup de torts à l’île car ces animaux ont détruit la végétation des lieux. «Ce n’est qu’après les avoir éradiqués que nous avons pu restaurer l’île. Entretemps, dans les années 1975, nous avons même perdu une espèce unique de boa fouisseur. Mais nous avons pu sauver les autres.» 

Pour la flore, la situation est également alarmante, pour le directeur de la MWF : «Nous avons pu sauver certaines espèces de plantes mais l’île Maurice est atteinte d’une dégradation incroyable de sa flore et cela se poursuit. Surtout avec la perte des forêts, nous perdons plantes et arbres. Et les espèces envahissantes continuent à faire des dégâts. Je peux même dire que cela s’est aggravé au cours de ces 50 dernières années.» Il mentionne le rapport du State of the World’s Trees, où Maurice arrive à la troisième place mondiale des pays dans lesquels les arbres sont les plus menacés. On peut lire sur le site : «Islands including St Helena (69 % of trees threatened), Madagascar (59 %) and Mauritius (57 %) have highest proportion of threatened trees.» 

Le Pigeon des mares, espèce menacée d’extinction, continue de survivre grâce aux efforts fournis par la MWF.

Que faire face à une telle situation ? Travailler sur le long terme, avance le Dr Tatayah. «Nous faisons des projets pour les 100 prochaines années. C’est une vision à long terme certes, car il n’est pas évident de sauver la nature dans dix, voire 15 ans. Il y a eu trop de dégradation au cours de ces 400 dernières années.» Il souligne qu’il y a même des plantes qui sont menacées car elles ne se reproduisent plus. À l’aube de ses 40 ans d’existence, la MWF continue à être au chevet des oiseaux et des reptiles. Son directeur explique : «Notre travail est technique. Nous trouvons un moyen pour conserver et restaurer les forêts et les habitats. Cela, en nous aidant des policies déjà existantes, comme le National Biodiversity Strategy and Action Plan, ou encore la Protected Area Network Exploitation Strategy.» 

Pour y arriver, une bonne communication est nécessaire avec le gouvernement et le privé : «Renforcer nos collaborations avec les instances internationales est également important.» Le directeur souligne également que la recherche et la science font aussi partie intégrales de ces projets. «Nous en avons un actuellement en voie de développement sur Saint-Brandon. Mais, cela ne peut se faire sans l’éducation du public en général, des propriétaires de terrain aux utilisateurs des forêts.»