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Billet: le silence des leaders

10 octobre 2022, 09:40

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Billet: le silence des leaders

Beaucoup se demandent pourquoi Navin Ramgoolam ne se prononce pas avec précision sur ses intentions premier ministérielles. On attend aussi une déclaration nette et précise de la part de Paul Bérenger. C’est surtout concernant l’alliance du PTr et du MMM, que ce soit pour les municipales ou les législatives, que l’on attend des affirmations. 

Cependant, il faut les comprendre, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Ils marchent sur la corde raide. Ce n’est certainement pas par négligence qu’ils ne se prononcent pas. En sus des problèmes internes à chaque parti que ces éventuelles déclarations pourraient causer, c’est surtout parmi les partisans de chacun que l’effet pourrait être le plus ressenti. 

L’ajout des voix des deux partis PTr et MMM pourrait certes augmenter leur chance de faire partir le MSM et ses alliés. Ce serait, selon beaucoup, la seule façon de le faire. Mais en politique, 1+1 n’équivaut pas nécessairement à 2, comme on l’a vu en 2014. Les réalités étant ce qu’elles sont – malgré un récent sondage démontrant que la majorité des citoyens se disent avant tout Mauriciens –, l’électorat du PTr se méfie de Paul Bérenger et celui du MMM, de Ramgoolam. Ces leaders savent que s’ils déclarent leur alliance, une bonne partie des partisans de chacun risque de reporter ses voix sur d’autres partis et même le MSM, surtout ceux venant du PTr. 

Il suffirait pourtant a priori de savoir combien de voix s’ajouteraient grâce à une éventuelle alliance PTr/MMM et combien de partisans travaillistes et de militants ne choisiraient pas cette alliance. Si le premier nombre est supérieur, l’alliance sera profitable. Si c’est le second, non. 

Le problème, c’est qu’il est difficile de prédire ces chiffres. Même si un sondage est fait dans ce sens, il faudra attendre les élections et, surtout, la campagne électorale au cours de laquelle cette alliance sera la plus attaquée. L’on peut compter sur le gouvernement pour mener une telle campagne, bien sûr, avec des arguments communaux, subtils ou ouverts. Ainsi, le MSM dira aux ruraux que choisir Ramgoolam c’est choisir un peu Bérenger. En ville, le MSM ou ses autres alliés diront que voter Bérenger c’est désigner Navin Ramgoolam comme Premier ministre. Une véritable campagne communale pourrait être déclenchée, qui menacerait le tissu social, au-delà de la politique. Comme on l’a vu dernièrement, certains porte-flingue du MSM n’hésitent pas à le faire pour conserver le pouvoir. 

Cependant, Pravind Jugnauth, lui aussi, devra calculer combien de votes il perdra et combien il en récoltera de plus en menant une campagne communale qui ne dit pas son nom. Sur ce terrain, il pourrait en prendre le risque, le système de scrutin existant favorisant les ruraux. D’ailleurs, il est clair qu’il veut s’attirer la sympathie d’une communauté pour se renforcer en maintenant quand même une campagne communale. 

Et le PMSD et le Rassemblement Mauricien ? Ce dernier a montré clairement qu’il marchera avec le MMM. Le PMSD, lui, on ne sait pas… 

En attendant que les leaders du MMM et du PTr se prononcent clairement, les coups fourrés et attaques se multiplient entre certains de chacun de ces partis contre le parti adverse. Ces attaques, intensifiées durant les «négociations» pour le nombre de tickets à allouer à chaque parti, sont devenues telles que l’on en oublie le gouvernement et les scandales. Les cibles des attaques commencent à en avoir marre et, par conséquent, à devenir des alliés objectifs du gouvernement, avant que certains en deviennent des alliés, tout court. Les débaucheurs du MSM aidant, ils cèdent parfois au chant des sirènes…