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Santé publique: le mal de crâne des pharmacies

9 octobre 2022, 20:00

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Santé publique: le mal de crâne des pharmacies

Fermetures à la chaîne. Manque de pharmaciens, pénurie de médicaments et au milieu de tout cela, les autorités qui restent inflexibles. Ce sont là autant de problèmes auxquels fait face le secteur pharmaceutique à Maurice. Qu’est-ce qui pose problème ? Certains, au cœur de la tempête, témoignent.

Tout d’abord, il y a trop de pharmacies, avance le vice-président du Pharmacy Council, Nitin Busguth. L’origine du problème se trouve dans les règlements du ministère de la Santé datant de 2017. Il avait été alors décidé que, contrairement aux recommandations de l’OMS d’une pharmacie pour 5 000 habitants, il en faudrait une pour 2 000 à Maurice. De plus, une nouvelle pharmacie ne pouvait pas être à moins de 200 mètres d’une autre, sauf dans les centres commerciaux et les smart cities.

Peu après, le pays a connu la pandémie et les pharmacies ont tourné à plein régime. «Beaucoup de personnes ont eu l’idée d’ouvrir des pharmacies. Mais pour cela, il faut une lettre d’autorisation d’un pharmacien», dit-il. Ce qui fait que des personnes ont sollicité ceux exerçant déjà pour accomplir les procédures administratives, mais une fois la licence obtenue, s’est posé le problème du respect de la loi exigeant la présence d’un pharmacien dans l’établissement. De nouvelles pharmacies ont dû fermer ou, si des professionnels quittent leur emploi pour un nouveau, l’ancienne met la clé sous le paillasson.

Toujours est-il que cette réglementation a ouvert la voie à l’apparition de nouvelles pharmacies et il est évident que toutes ne tiendront pas. «Par exemple, une pharmacie dans un village de 2 000 habitants ne travaillera pas comme une pharmacie de la capitale.» Les nouvelles exigences n’arrangent pas les choses. «Avec la chute de la roupie», explique le pharmacien, «il arrive qu’un produit qui est vendu par exemple à Rs 120 coûte Rs 140 à la prochaine commande. Donc, il faut puiser de ses fonds personnels. Le regressive mark-up n’aide pas. Lorsqu’on enlève les frais bancaires et autres, il ne reste plus grand-chose.»

Les conditions de travail sont aussi décriées. Nitin Busguth affirme qu’à ses débuts, en 2004, le salaire moyen d’un pharmacien était de Rs 30 000 . 18 ans après, il se situe entre Rs 25 000 et Rs 35 000. «Ajoutons à cela le stress que représente ce travail et la gestion compliquée des psychotropes, beaucoup deviennent des représentants médicaux attachés à des laboratoires. Cela leur offre bien plus de possibilités en termes de carrière et beaucoup moins de stress.» N’y a-t-il donc pas de solution ? Si, avance-t-il, mais ce n’est pas l’appel à des étrangers. De toute façon, si des pharmaciens étrangers sont recrutés, leur salaire devra être bien plus élevé que la fourchette actuelle en sus des avantages comme le logement et autres. «Si les employeurs offrent le même salaire, des pharmaciens reviendront dans le secteur.»
 

 

Médicaments manquants

<p>Panadol pour bébés et enfants ; Doliprane (sirop et suppositoires) ; Instadol (enfant et nourisson) Piriton, Strepsils ; Memogen ; Ventolin (sirop et comprimés) ; Microlax</p>