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Quand le présentiel remplace graduellement le télétravail

28 septembre 2022, 19:00

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Quand le présentiel remplace graduellement le télétravail

Plus de deux ans après le Covid-19, la vie dans les entreprises se réorganise. Le télétravail, le travail hybride, la flexibilité des horaires – des concepts issus de crise pandémique – sont en phase d’être remplacés tout au moins partiellement. Aujourd’hui, le présentiel dans le monde corporate s’impose et reprend le dessus pour une transition sans anicroche entre les deux mondes.

Les spécialistes du monde du travail sont catégoriques. Le face-to-face réapparaît dans les grandes entreprises, se recoupant dans pratiquement tous les secteurs économiques, allant du tourisme aux finances en passant par les Tics, le textile, la construction, entre autres. Faut-il s’étonner de ce retour à la normale dans le paysage mauricien ? Certainement non, s’exclament certains dirigeants d’entreprises qui se réconfortent à l’idée que l’ambiance d’une maind’œuvre physiquement présente sur les lieux du travail devient aujourd’hui visible.

Manish Bundhun, Chief Human Resources Executive du groupe Rogers, privilégie le présentiel au niveau de son personnel, vu que toutes les restrictions sanitaires ont été enlevées. «Il y a définitivement depuis quelques semaines un retour à la normale au sein de nos effectifs à presque 90 %. Il y a encore 10 % en télétravail dépendant de la nature des activités où les employés ont le choix d’une certaine flexibilité.»

C’est le business model, dit-il, adopté aujourd’hui par les corporates tant à l’échelle locale qu’internationale, sachant qu’il a fait ses preuves pendant la crise sanitaire quand le monde était en confinement. «À Maurice, ce modèle hybride où les employés répartissent leurs journées de travail entre leur bureau et leur résidence gagne du terrain et on ne compte pas le changer», explique Manish Bundhun.

Il ajoute que les réunions Zoom sont nécessairement encouragées uniquement pour sa convenance, voire sa flexibilité, en évitant à certains de se déplacer physiquement pour des réunions et d’être pris dans des embouteillages, perdant ainsi du temps précieux alors qu’il existe un support technologique pour se réunir et discuter. «Ce n’est certainement pas une obligation comme c’était le cas durant la crise du Covid», insiste-t-il.

Sans doute, d’autres diront que le télétravail qui a fait une entrée fracassante avec la crise sanitaire, constitue aujourd’hui un levier essentiel du monde du travail. Et qu’on est passé de l’adaptation forcée à l’anticipation pour demain. Mais de quoi sera fait demain, s’interrogent certains en évoquant le future of work, question qui suscite la réflexion dans les entreprises.

Big brother

Oui pour le retour au bureau, mais la question primordiale demeure : pour y faire quoi et pour combien de temps. Alors que les nouvelles technologiques avec l’IA et la robotisation, qui ont pris le relais dans certains secteurs comme les banques et les grandes surfaces, posent des problématiques sur les limites du face-to-face au travail à l’avenir.

«Nous savons que le télétravail offre une certaine flexibilité qui arrange les utilisateurs. Aucune société au monde ne va se comporter comme big brother pour surveiller s’ils sont physiquement devant leur poste de travail.»

Or, tout comme Manish Bundhun, le chairman de Mauritius Finance et managing director de Vistra Ltd, engagée dans le Global Business, Shahed Hoolash observe que pour le moment dans le secteur financier, les employés retournent massivement au bureau. «Avec la levée des restrictions sanitaires, les investisseurs et les experts du Global Business voyagent pour des réunions d’affaires où les contacts physiques sont privilégiés. Ce qui impose que pour des activités spécifiques, la présence des spécialistes dans certains créneaux soit essentielle.»

Toutefois, comme au plus fort de la crise sanitaire, les sociétés ont gardé l’option du télétravail qui représente jusqu’à 50 % des effectifs de certaines sociétés. «Nous savons que le télétravail offre une certaine flexibilité qui arrange les utilisateurs. Aucune société au monde ne va se comporter comme Big Brother pour surveiller s’ils sont physiquement devant leur poste de travail. Nous avons d’autres moyens pour nous assurer qu’ils ont delivered ou pas» souligne Shahed Hoolash.

Une analyse à laquelle le CEO de la Mauritius Bankers Association, Daniel Essoo, n’est pas insensible, vu que la même posture se réplique dans le secteur bancaire. Il rappelle que depuis un certain temps, un retour progressif des employés au bureau est noté. Toutefois, il note que certains établissements ont gardé cette flexibilité permettant à certaines spécialités professionnelles du secteur, dont celles engagées dans le backoffice, de poursuivre avec le télétravail. «C’est une situation qui est gérée en interne sur la base des activités bancaires. Il est clair qu’avec la reprise dans l’hôtellerie et d’autres secteurs économiques, les banques, comme un maillon incontournable de cette chaîne de valeur, doivent être à la hauteur pour répondre aux exigences des opérateurs . Ce qui implique la présence physique d’un minimum d’effectifscar il est clair que rien ne peut remplacer le contact humain dans le monde des affaires.»

Vasish Ramkhalawon, secrétaire général de l’Insurers Association Mauritius, ajoute que dans le secteur des assurances, la même tendance a été observée avec un retour vers le travail en présentiel pour faire face aux problématiques du New Normal. Si dans le tourisme, la reprise des activités avec la levée de toutes les barrières sanitaires exige moins du télétravail mais plus de présentiel, il faudra suivre l’évolution de ce secteur à l’avenir pour voir si l’optimisme du ministre Obeegadoo pour le secteur en 2022 et 2023 sera de mise et si le modèle résistera l’épreuve du temps.

D’autant plus que les spécialistes rappellent que l’engouement des touristes européens pour voyager intervient après deux années d’interruption. Ce qui est normal. «Est-ce qu’ils auront le même engouement l’année prochaine, compte tenu de la conjoncture économique internationale. Mais aussi en raison de l’effet économique du conflit russo-ukrainien sur les ménages européens, plus particulièrement français et britanniques avec la chute de la livre sterling. Ne doit-on pas adopter une attitude plus prudente face à une industrie qui cherche un second souffle avec un manque aigu de bras pour soutenir ses opérations», se demandent des professionnels du secteur.

En l’absence d’études scientifiques sur les comportements des entreprises face aux nouvelles configurations dans le monde du travail, force est de constater toutefois qu’indépendamment des nouveaux concepts qui font surface aujourd’hui, une vérité reste immuable, celle qui fait que les ressources humaines resteront pendant longtemps le poumon de l’entreprise, peu importe où elles opèrent.