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Politique monétaire: statu quo ou hausse du taux repo

28 septembre 2022, 10:06

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Politique monétaire: statu quo ou hausse du taux repo

Le Monetary Policy Committee, qui décide du taux directeur de la Banque de Maurice, se réunit en ce mercredi 28 septembre, à cet effet. Va-t-il réhausser le taux repo pour combattre l’inflation comme le font ses homologues à l’étranger ? Avis divisés des spécialistes…

Les regards sont braqués ce matin sur la BoM Tower. Pour cause, la réunion du Monetary Policy Committee (MPC), qui doit décider du taux directeur de la Banque de Maurice. À quelques heures du communiqué final, toutes les spéculations sont permises. Ses membres vont-ils emboîter le pas à leurs homologues étrangers en révisant à la hausse le taux repo pour juguler l’inflation ou vont-ils adopter une posture privilégiant le statu quo en maintenant le taux à 2,25 % après deux timides hausses totalisant 40 points de base. 

Comme on peut s’y attendre, cette décision du MPC divise analystes financiers et économistes. Si Pierre Dinan estimait la semaine dernière dans les colonnes de l’express qu’une nouvelle hausse du taux d’intérêt n’aurait aucun effet sur la tendance haussière de l’inflation, vu qu’elle n’est pas le résultat de ce qu’on apprend à l’université, soit le phénomène de «too much money chasing too few goods», et qu’elle est importée, l’économiste Swadicq Nuthay a une tout autre lecture. 

Selon lui, la BoM doit agir pour défendre la roupie et ainsi freiner les «built-in expectations» qui forcent sa dépréciation. «Le faible taux d’intérêt encourage la spéculation contre la roupie. Sans une normalisation de la politique monétaire qui passe par une hausse du taux directeur au plus vite, la politique monétaire de la Banque centrale va souffrir d’avantage d’une faible efficacité, au regard de l’absence de liens entre l’objectif de lutte contre l’inflation et les instruments dont elle dispose, dont le taux directeur.» 

D’autres spécialistes estiment pour leur part que s’il est vrai que la composante de l’inflation est importée, il y a urgence, disent-ils, à faire baisser les anticipations d’inflation. «L’inflation en glissement annuel a atteint 11,5 % en août dernier et tout laisse croire que le pic n’est pas encore atteint, ce qui présage des lendemains difficiles pour les ménages mauriciens.» 

Pour le moment, les principales banques centrales comme la Banque centrale européenne (BCE) et la Fed américaine ont multiplié la hausse de leur taux d’intérêt. La BCE a, en juillet, relevé ses taux d’intérêt pour la première fois en 11 ans. La hausse des taux décidée en septembre de 75 points de base a été la plus forte de toute l’histoire de cette banque et il est probable que de nouvelles hausses suivent dans les prochains mois. Quant à la Fed, elle a déjà augmenté de 300 points de base depuis le début de l’année et tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elle achèvera l’année 2022 avec un taux avoisinant de 4 % à 4,5 %. Ce qui implique de nouvelles hausses lors des deux prochaines réunions de son comité de politique monétaire. 

Aujourd’hui, le différentiel entre les rendements des Bons du Trésor libellés en dollars et en roupies mauriciennes est parlant. (Voir tableau ci-dessous). 

Par ailleurs, la réunion du MPC intervient au moment où la livre sterling est tombée à son niveau le plus bas de son histoire, à savoir à 1,08 pour un dollar, selon l’agence Bloomberg alors que face à l’euro, qui déjà très bas, elle est de 0,89. À Maurice, la livre s’échangeait hier à Rs 47,93 contre Rs 46,73 le jour fatidique du 26 septembre. Au début du mois, la monnaie britannique valait Rs 51,72. Autant de facteurs susceptibles d’influencer la décision du MPC. Les membres mesurent bien la responsabilité qui repose sur leurs épaules.

Tenor US T-Bill MUR T-Bill Differential
3 months 3.12% 1.00% 2.12%
6 months 3.83% 1.12% 2.71%
12 months 4.04% 1.28% 2.76%