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Agaléga: Didier désespère d’avoir un logement décent

18 septembre 2022, 21:00

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Agaléga: Didier désespère d’avoir un logement décent

Il dit avoir tout tenté pour offrir de meilleures conditions de vie à sa femme et son enfant. Mais Didier Mestor ne semble pas, malgré les mois et les années qui passent, y arriver. Son problème : l’état délabré de la maison où il vit !

Didier Mestor, 36 ans, laboureur, ne sait plus vers qui se tourner, dit-il, après avoir frappé à plusieurs reprises aux portes de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) pour trouver une solution à son problème. Habitant à Agalega depuis sa plus tendre enfance, il bénéficie depuis plusieurs années, d’une maison de l’OIDC à village 25, où il réside avec sa femme et son enfant en bas âge. Mais cette maison est en piteux état et pas adaptée à leurs besoins. Il en a fait une vidéo qu’il a envoyée à la rédaction de l’express.

Premièrement, fait ressortir le trentenaire, la maison n’a qu’une seule chambre à coucher qui ne peut pas accommoder deux lits. Difficile donc pour son enfant de dormir. «Il grandit et cela blesse de le voir grandir dans cette misère.» De plus, le plafond, dont une grande partie est en bois, est abimé et à chaque averse, la maison se transforme en vrai passoire. «Bann diboi-la inn gonflé, partou pe koulé...» Il y a aussi des fenêtres cassées et dépourvues de vitres. La maison est donc inondée en temps de pluie. «Sous la véranda de la maison, les feuilles de tôle commencent à pourrir et cela fait huit ans que nous n’avons pas d’électricité. Inn fatigé demandé mé pann tann nanié.»

Comme il est seulement locataire des lieux, il a été sommé de n’entreprendre aucun travail sur place. «À plusieurs reprises, je me suis tourné vers des représentants de l’OIDC, qui sont même venus sur les lieux pour un constat. Ils ont rédigé un rapport puis plus rien.» Selon ses dires, d’autres personnes qui étaient dans la même galère que lui ont été entendues par les autorités concernées, mais pas lui. «Pou lalimier zot finn dir ki péna sa sirplas bizin atann bato, fer huit an mo pe atann mem...», déplore Didier Mestor, qui évoque également un problème d’eaux usées qui refoulent dans la cour de la demeure. Nous avons tenté d’avoir une version de l’OIDC à plusieurs reprises, vendredi après-midi, mais sans succès.

Laissés-pour-compte...

C’est à la suite de plusieurs protestations, dont une manifestation pacifique des Agaléens, que la dépouille de Louis Aimé Edouard, décédé du Covid-19 à Maurice, a finalement été évacuée à bord du Dornier à Agalega, lundi. Dans un premier temps, l’OIDC maintenait que tel ne pourrait pas être le cas et que des démarches avaient été enclenchées pour que la dépouille du septuagénaire soit embarquée à bord du Mauritius Trochetia. Or ce n’est pas la première fois que des Agaléens font face à de tels problèmes. À de nombreuses reprises, venus à Maurice pour un accouchement, des parents ont dû attendre plusieurs mois avant de pouvoir rentrer chez eux. Les Agaléens sont-ils délaissés ?

Selon le député rouge Eshan Juman, de la circonscription n°3, dont Agalega fait partie, les Agaléens sont, valeur du jour, des laissés-pour-compte. Ils font effectivement face à plusieurs problèmes. «Par exemple, alors qu’auparavant, il y avait six enseignants pour les enfants d’Agalega, aujourd’hui, il ne sont que trois alors que dans quelques semaines, les élèves devront prendre part aux examens», explique le député qui fait ressortir qu’il est en contact régulier avec ses mandants. De plus, les enfants sont trempés lors de leur trajet à l’école en cas de marée haute. Puis, il y a l’aspect des soins. Si une femme doit accoucher, elle doit se rendre à Maurice. «Ek nou koné ki zot bloké souvan kan zot fini akoushé avan ki zot kapav retourné...»

Eshan Juman explique qu’il n’y a pas de dialogue avec le responsable de l’OIDC malgré ses multiples tentatives. «À chaque fois, le General Manager me réfère à sa secrétaire. Je n’ai jamais pu lui parler. Il faut que l’OIDC ait plus de compassion pour les Agaléens. Surtout qu’on sait que l’OIDC bénéficie d’un budget de Rs 145 millions par année financière.» Il soutient en outre qu’il trouve aberrant qu’une équipe de la Mauritius Broadcasting Corporation a pu faire le déplacement dans l’archipel pour des reportages alors que les députés de la circonscription n° 3 n’ont pas pu le faire jusqu’ici. «Eski zot per ki nou trouvé ki pe pasé laba?», se demande-t-il.