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Décès de Houston Sophie | Chasse et sécurité: faut-il changer de fusil d’épaule ?

11 septembre 2022, 18:00

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Décès de Houston Sophie | Chasse et sécurité: faut-il changer de fusil d’épaule ?

Il n’avait que 24 ans et a perdu la vie lors d’un accident de chasse. Le décès, accidentel ou pas, du jeune homme, soulève bien des questions par rapport à ce sport qu’est la chasse. Faut-il revoir les paramètres de sécurité ? Mieux réguler cette activité ?

L’incident du coup de feu mortel, survenu le 4 septembre au Domaine des Cacaoyers à Sébastopol, a coûté la vie à Houston Sophie, âgé de 24 ans. Le tir provenait du fusil de chasse de son oncle Jimmy Sophie, 47 ans. Un habitué de ce sport, qui possède un permis en bonne et due forme, selon les policiers. Dans sa version des faits, Jimmy Sophie a affirmé qu’il avait aperçu un gibier, mais aurait glissé en lui courant après ; le tir serait parti tout seul, atteignant son neveu à la hanche. Celui-ci a succombé à ses blessures alors que l’oncle a depuis été provisoirement inculpé pour meurtre. Cette affaire remet en cause la sécurité pendant les parties de chasse.

Zoom sur le cadre juridique

Conformément à la Firearms Act 2006, dans la partie relative à la chasse, un firearm licence et un game licence sont requis pour pratiquer ce sport. Celles-ci peuvent être obtenues auprès de la police dans la mesure où un individu est âgé de 18 ans ou plus, est en bonne santé physique et a une vue normale, et n’est pas impliqué dans des violences domestiques ou des activités criminelles. Ladite personne doit également avoir un casier judiciaire vierge. Il est aussi primordial, selon la loi, de posséder deux coffresforts : l’un pour conserver le fusil et l’autre pour les munitions. À noter qu’avant de faire une demande de permis, il faut déjà avoir réservé le fusil en question. L’individu souhaitant obtenir les documents requis doit aussi être en possession d’une lettre d’autorisation du propriétaire d’une chasse ou en être officiellement propriétaire.

Il faut en outre un competency certificate, délivré par le commissaire de police. Ce, pour s’assurer du respect de diverses exigences quant aux normes de sécurité, afin d’éviter tout accident, justement. Ce certificat est remis notamment aux personnes qui ont suivi les formalités requises et passé les tests effectués par la police en ce qui concerne le maniement efficace d’une arme à feu. Les personnes doivent être en bonne santé physique donc, être stables mentalement, ne pas être enclines à la violence ou encore dépendantes des substances ayant un effet intoxicant, entre autres critères.

«(…) nous avons eu, dans le passé, des cas de blessures, même si ce n’est pas très fréquent. Il est de la responsabilité des chasseurs ou des propriétaires de terrains de chasse de se conformer à la loi.»

Comment déterminer la compétence ?

Bien que ce certificat de compétence soit valable pendant cinq ans, que les critères sont claire- ment définis dans un cadre juridique théorique, comment la police évalue-t-elle la santé mentale d’un postulant en pratique ? «En premier lieu, nous nous basons sur la bonne foi du demandeur. Par ailleurs, lors de nos interactions avec ces personnes pendant et après leurs tests de compétence, nous constatons, par exemple, s’ils sont cohérents dans leurs réponses, afin de déterminer leur état mental», explique l’inspecteur Shiva Coothen, responsable de la cellule de communication de la police. S’il y a des doutes quant au contraire, les personnes concernées sont appelées à passer un test d’évaluation plus approfondi, précise Shiva Coothen. «Nous effectuons également une contre vérification pour savoir si elles possèdent une carte de santé mentale d’un établissement psychiatrique aussi. Au-delà de cela, si un candidat écarte délibérément des faits et informations jugés essentiels à son évaluation, il s’exclut déjà lui-même du test de compétence.»

Néanmoins, des problématiques de sécurité dans des chasses ne sont pas à écarter. «L’incident qui s’est produit aux Domaines des Cacaoyers à Sébastopol n’est pas un cas isolé. Nous avons eu, dans le passé, des cas de blessures, même si ce n’est pas très fréquent. Il est de la responsabilité des chasseurs ou des propriétaires de terrains de chasse de se conformer à la loi. Par exemple, un propriétaire ne peut en aucun cas autoriser une personne sans permis de port d’arme à participer à une partie de chasse. Le non-respect de la loi constitue une infraction et entraîne des sanctions, incluant l’emprisonnement», fait valoir Shiva Coothen.

Combien d’accidents par arme à feu dans le cadre de la chasse ont été enregistrés et ont fait l’objet d’une enquête de police, et combien de ces enquêtes ont abouti à des condamnations ? Un courriel a été envoyé à ce sujet mais à hier, nous n’avions reçu aucune réponse.

«Avek fizi, zamé fer konfians»

Rajen Chakowa, Managing Director de Jet Ranch Ltd, au domaine de Mare-Longue, assure que depuis la création de cette chasse en 1991, aucun incident grave ne s’y est produit. N’em- pêche, cette activité requiert un niveau de vigilance accrue de la part des chasseurs. «On s’assure que nos membres respectent des règles strictes pendant une partie de chasse et, à chaque fois, ils sont sensibilisés durant une réunion qui a lieu le matin, sur l’importance de la sécurité et les dangers potentiels à éviter.» Il cite notamment l’interdiction de tirer dans la chute de son voisin, l’interdiction d’utiliser des munitions de calibre .22 et des cartouches à chevrotine et à plomb, le respect du quota de chasse au cerf, interdiction de tirer sur les tourneurs et sur les chiens de chasse, sans oublier le respect des lignes de démarcation. Le maintien d’une atmosphère paisible et l’interdiction de se livrer à des conversations controversées ou provocantes, et le port obligatoire du gilet de sécurité sont tout aussi importants.

Sans doute l’une des précautions les plus cruciales à prendre, est de s’assurer que le fusil n’est armé que lorsque le chasseur est sur le mirador, et que les cartouches sont enlevées en descendant de celui-ci, lorsqu’il se trouve ailleurs, explique Rajen Chakowa, «C’est la règle d’or et cela permet d’éviter tout déclenchement accidentel du fusil. De même, lorsque vous êtes sur le mirador, le fusil est orienté vers le bas, vers votre cible spécifique.»

Quels sont les autres dangers auxquels les chasseurs sont confrontés en temps réel ? «Manier une arme comporte toujours un risque et un dysfonctionnement à un moment inopportun peut vous coûter votre vie. Avek fizi, zamé fer konfians. Même avant et après l’avoir utilisé pendant une partie de chasse, et avant et après l’avoir rangé dans votre coffre, vérifiez plusieurs fois qu’il n’est pas chargé. Cela semble banal mais c’est très important. Puis, tenez toujours votre arme face au sol ou au ciel, et ne tirez jamais en direction de l’horizon.»

Comment analyse-t-il l’incident qui a coûté la vie à Houston Sophie ? «Il se peut qu’étant donné que l’arme était chargée alors que la personne courait et ne se trouvait pas sur le mirador, d’après ce que j’ai compris, cela peut avoir conduit à l’accident. Néanmoins, une enquête est en cours. Il faut rappeler que les lois sont aussi strictes les unes que les autres. Bref, les dangers existent mais la responsabilité quant à la sécurité repose sur le chasseur et le propriétaire du domaine ou du terrain où l’on chasse», conclut Rajen Chakowa.